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Faut-il espérer un retour de Nicolas Sarkozy ?

par Bernard Zimmern
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Le Figaro du 21 septembre laisse planer l’idée que Sarkozy pourrait revenir en 2017. Est-ce une bonne idée ?
On a beaucoup caricaturé Sarkozy pour avoir été sur tous les fronts et tous les sujets, s’être beaucoup agité – ce qui n’était pas le cas de son prédécesseur – mais la façon dont il a raté l’un des plus importants enjeux de son quinquennat, l’emploi, est éclairante.
Nous avons absolument besoin des riches pour créer des emplois : Steve Jobs d’Apple a créé des centaines de milliers d’emplois. Bolloré en France – peut-être plus que Bernard Arnault – représente ce que l’argent est capable de faire avec Autolib.

L’enjeu de l’emploi c’est de garder nos riches et simultanément de les inciter à créer des entreprises, pas à s’investir dans des collections d’art comme l’y pousse l’ISF.

Dans tous les pays, on fait investir les riches dans les entreprises en utilisant l’incitation fiscale : si vous investissez et que vous perdez -ce qui est hautement probable – moi, l’Etat je prendrai une partie des pertes à ma charge puisque je vous prélève une partie des gains si vous réussissez. C’est le contrat qui aux USA a été passé entre les Américains et leurs riches à travers la Subchapter S. C’est ce qu’a fait réaliser le Président Obama en exemptant d’impôt sur les plus-values les investissements dans des entreprises de moins de 50 millions de dollars de capital. C’est ce que le gouvernement Sarkozy a essayé de faire passer en France en 2008 dans la loi de modernisation de l’économie mais qui a été torpillé par la Direction de la Législation Fiscale dans des circonstances que nous relaterons car nous étions aux premières loges.

C’est aussi le gouvernement Sarkozy qui a mis en place ce qui avait failli être voté en 2004, l’ISF-PME appelée aussi ISF-TEPA. Mais l’affaire a été si mal conduite par l’Elysée et Bercy, avec des plafonds ridicules, que nous avons abouti à ce que le budget de l’Etat débourse en 2008 le milliard pour des résultats à peu près nuls comme le montre l’évolution du chômage ou le nombre de gazelles, les entreprises à forte croissance ; et pour un coût budgétaire quatre fois plus élevé que son pendant britannique, l’EIS, qui, lui réussit et vient de se voir étendre.

Il est certain que Nicolas Sarkozy n’est pas un économiste et qu’il s’est beaucoup appuyé sur ceux censés lui apporter la lumière, notamment les inspecteurs des finances. Comment sinon expliquer que le projet de détaxation ISF, au départ, en mai 2007, comportait une détaxation à 100% de l’ISF à payer, d’un investissement dans une PME ? Ce qui voulait dire que les contribuables ISF ne prenaient aucun risque. C’est seulement par une intervention du Conseil d’Etat que ce taux jugé inconstitutionnel a été ramené à 75%. Une interprétation possible est que Nicolas Sarkozy ne se préoccupait pas de la création d’entreprises et que n’ayant pas pour des raisons politiques le courage de supprimer l’ISF, il s’est donné bonne contenance en y faisant un trou de plus.

Mais avec 50.000 euros de déduction de plafond là où les Anglais étaient déjà à 500.000 £, l’Elysée était sûr de ne pas réussir et de faire une fois de plus de la «défisc », un effet d’aubaine, et pas de la création d’entreprises. Lorsque nous avons essayé de convaincre le directeur adjoint de l’Elysée, François Pérol et l’adjoint de celui-ci, Bernard Delpit, que cette mesure de ce fait allait à l’échec, nous nous y sommes certainement mal pris car eux savaient mieux.

De même, lorsque pour arrêter l’exode de nos riches vers la Suisse, Nicolas Sarkozy a fait voter le bouclier fiscal, il avait demandé un dispositif déclaratif, où le contribuable calcule lui-même son plafond et paie en conséquence, au lieu du dispositif qui a été mis en place dans lequel c’est le Trésor qui rembourse l’impôt payé en trop. Il est vraisemblable que Nicolas Sarkozy avait parfaitement anticipé que ces remboursements de gros chèques allaient être diffusés par les syndicats des impôts et alimenter la campagne contre les riches. Ce qui s’est produit et a conduit au suicide de l’UMP qui s’est lui-même sabordé à l’automne 2011 en supprimant le bouclier fiscal.

Il est clair à travers ces divers exemples que derrière l’échec de la création d’emplois sous Nicolas Sarkozy, se cachent deux obstacles énormes.

Un gouvernement de droite est très impuissant en France, car le seul relai qu’il ait pour faire exécuter ses idées, en définir les détails où se cache le diable, sont les fonctionnaires qui sont pour plus d’état, pas moins, et qu’à la différence des anglo-saxons, il n’y a pas de réserve de représentants de la société civile, entraînés aux problèmes de l’Etat, pour seconder le ministre et faire réussir les détails.

Le second handicap est que les parlementaires depuis l’échec de Chirac en 1988, attribué par ce dernier à sa suppression de l’IGF, sont littéralement asphyxiés à l’idée d’apparaître comme voulant aider les riches alors que c’est précisément sur ce thème qu’il faudrait gagner. Car sans les riches pas d’espoir de créer de grandes entreprises, des emplois et de l’export. La droite asphyxiée n’a jamais été capable que d’imaginer des petits boulots avec les services à la personne de Borloo ou les auto-entrepreneurs d’Hervé Novelli.

Et si elle est asphyxiée, c’est parce qu’il n’existe pas dans la société les chiens de garde que sont les think tanks ou en trop petit nombre car la bureaucratie les a coupées du nerf de la guerre, recevoir assez d’argent pour enquêter sur les arnaques des étatistes et les faire connaître.

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3 commentaires

JEAN PAUL MEYER septembre 20, 2012 - 10:19 pm

Faut-il espérer un retour de Nicolas Sarkozy ?
L’ensemble de vos éditos démontre que l’état français quels que soient ses dirigeants ne comprendra jamais rien à l’économie. Aujourd’hui comme hier l’argent privé a toujours été globalement mieux utilisé que l’argent public. L’histoire de l’ère industrielle démontre qu’il n’a pas été à l’origine de ce que les historiens appellent l’ère des usines. Cette tare originelle (à l’époque la banque de France ne disposait même pas du maillage territorial suffisant!) perdure encore aujourd’hui. Les états qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont compris qu’il fallait soutenir le secteur privé et partager avec lui pertes et bénéfices. Par exemple la cour de Karlsruhe de notre voisin allemand a décrété que la fiscalité sur les revenus ne pouvait être supérieure à 50% obligeant le gouvernement à appliquer cette règle (Inutile de dire que l’on se gausse outre Rhin des palinodies françaises).

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JEAN PAUL MEYER septembre 21, 2012 - 11:09 am

Faut-il espérer un retour de Nicolas Sarkozy ?
Tous vos éditos démontrent que l’état français quels que soient les pouvoirs et administations en place ne comprend rien à l’économie. Déjà à l’origine lors de l’industrialisation et de l’ère des usines, comme l’appellent certains historiens, il était singulièrement absent (la banque de France en particulier n’était même pas présente dans de nombre de régions). Le bon sens oblige à consater que seul l’argent privé créa en son temps l’industrie française. Depuis il s’avère globalement exact que l’argent privé a toujours été mieux utilisé que l’argent public, à fortiori de nos jours. La France porte ce péché originel de l’industrialisation depuis toujours, en dépit de ce que veulent nous faire croire ceux qui sortent de l’ENA (devenue l’école nationale des ânes). Les pays qui réussissent sont sont ceux qui soutiennent le secteur privé en partageant pertes et bénéfices. Nos voisins allemands l’ont bien compris, la cour de Karlsruhe ayant décrété que la fiscalité des revenus ne pouvait pas dépassé 50% , ce qui est devenu une une règle fiscale chez eux. Inutile de dire qu’on se gausse outre Rhin de palinodies et contorsions des Français dans ces domaines …

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Gerard Dosogne octobre 10, 2012 - 5:41 pm

Faut-il espérer un retour de Nicolas Sarkozy ?
Je réagis avec retard car je viens de lire cette chronique, suite à l’envoi de Jean Michel Yolin.
Je partage à 100% votre analyse et je pense aussi qu’il faut que des Think Tank constitués d’acteurs du privé (la société civile) puissent apporter à nos décideurs des éclairages différents ainsi qu’une meilleure approche dans « l’exécution » de bonnes idées qui finissent , comme vous le démontrez , par être dévoyées par des autocrates assez limités. Que penseriez vous de lancer et d’animer un think tank dont l’objet ne serait PAS de lancer de nouvelles idées, mais de réfléchir à la mise en place des bonnes idées ( il y en a parfois) évoquées, ou rêvées par nos hommes politiques. En tout cas , je me tiens à votre disposition pour y participer, si utile.

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