Les entreprises françaises ont payé en 2021, 67 milliards de cotisations patronales de plus que sur la base de la moyenne de la zone euro.
Le calcul est facile à faire.
En 2021, les entreprises françaises (sociétés financières, sociétés non financières et entreprises individuelles) ont payé 212 milliards d’euros de cotisations patronales1.
L’INSEE nous indique par ailleurs que pour la même année le coût horaire de ces cotisations a été de 11,7 euros, tandis que ce coût a été de 8 euros en moyenne dans la zone euro2.
Une simple règle de trois, nous permet de conclure que le total des cotisations patronales françaises aurait été de 145 milliards, donc 67 milliards de moins sur la base de la moyenne de la zone euro.
Sur les 31 pays étudiés par l’INSEE, la France est seconde derrière la Suède pour le coût le plus élevé des cotisations patronales. Parmi les pays qui nous entourent, la Belgique est à 11,2 euros, l’Italie à 10,1 euros et tous les autres pays à moins de 8 euros, dont l’ Allemagne à 7,9 euros. La moyenne des pays de l’UE à 27 est à 6,9 euros.
Quelles conclusions en tirer ?
1.Tout d’abord, les entreprises françaises sont durement pénalisées par rapport au reste de l’Europe.
Ce minimum de 67 milliards s’ajoute évidemment à tous les désavantages de nature fiscale ( CVAE, surtaxes de l’IS etc.) dont souffrent nos entreprises.
Il y a lieu de dénoncer la désinformation complète qui est le fait des partis de gauche et des syndicats comme la CGT qui accusent stupidement les entreprises de « pleurnicher ».
Sur le sujet qui nous occupe ici, on accuse ainsi les entreprises de bénéficier d’un montant de 211 milliards d’aides comprenant notamment 70 milliards de réductions de cotisations sur les bas salaires. Or ces réductions sont compensées par une augmentation considérable des cotisations sur les salaires plus élevés, jusqu’à 47% des salaires bruts, un quasi record mondial qui se reflète dans le chiffre de 11,7 euros que nous venons d’indiquer !
C’est un fait que se gardent bien d’évoquer la gauche et les syndicats et dont nous avons maintes fois souligné la perversité dans ces colonnes, en raison de la pénalité imposée aux salariés les plus qualifiés, cause de leur fréquent exil et de la faiblesse de notre industrie dans le haut de gamme.
Autrement dit, la prétendue aide n’est au contraire qu’une pénalisation, dont la cause finale est à rechercher dans le chiffre de plus de 32% du PIB représenté par le coût exorbitant de la protection sociale en France .
2.Du point de vue des salariés, hormis le désavantage que nous venons de souligner pour les salariés qualifiés, il y a lieu de noter que la conséquence de la forte part du coût des cotisations patronales dans le coût du travail a pour corollaire la faiblesse de la part des salaires bruts dans ce coût du travail.
La France garde ainsi l’avant dernière place des 31 pays analysés par l’INSEE, derrière la Suède, dans cette part, avec un pourcentage de 69,3, contre 75,4 dans la zone euro, 76 dans l’UE à 27, et par exemple 78,6 en Allemagne.
Ce dont se plaignent les salariés, qui doivent acquitter en plus, individuellement, environ 21% de cotisations salariales, chiffre cette fois cohérent avec celui des pays de la zone euro.
Mais ce constat est à relativiser, car les cotisations patronales sont en réalité un complément de salaire qui leur permet de profiter de la générosité particulière de la protection sociale française : ainsi la branche assurance maladie de la Sécurité sociale est intégralement prise en charge par les employeurs, ce qui n’est pas le cas dans les autres pays.
De même les cotisations retraites, qui sont largement prises en charge par les employeurs, doivent aussi être considérées comme un salaire différé. Avantages que les salariés ne mesurent certainement pas à leur juste valeur, selon le principe bien connu, selon lequel tout ce qui semble gratuit n’est pas pris en compte par les bénéficiaires…
Au total,
Beaucoup des difficultés de la France sont donc à attribuer à la part excessive de la protection sociale dans son PIB.
Avec plus de 32%, la France se situe au moins trois points au-dessus de ses voisins, soit pour environ 90 milliards annuels.
C’est en partie parce que la France est trop généreuse. Mais, en fait, pas seulement, dans la mesure où la générosité observée dans les autres pays n’est pas fondamentalement inférieure : la part trop forte dans le PIB est à attribuer au dénominateur du rapport, à savoir l’insuffisance de ce PIB.
Cela étant, la France pénalise particulièrement ses entreprises, et les cotisations patronales en sont un des témoins.
On peut se demander pourquoi la France doit recourir à des réductions de cotisations presque totales sur les bas salaires à la différence des autres pays, et ce avec un succès qui n’est pas au rendez-vous, à voir un taux de chômage toujours élevé.
Et surtout avec le corollaire que ces réductions nécessitent une compensation très forte au détriment des salaires des personnes qualifiées.
Mais nous n’avons pas la réponse à la question, et une fois de plus, le gouvernement ne s’est pas saisi du problème, malgré les études et propositions émanant de beaucoup de chercheurs.
- Source : comptabilité nationale, tableau économique d’ensemble 2021 ↩︎
- Source : INSEE, Etude Salaires et coût du travail en Europe, 30 juin 2022 ↩︎
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