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Emploi: l’échec Sarkozy

par Bernard Zimmern
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Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, l’emploi en France a régressé, tombant de 64,3% de la population en âge de travailler à 63,8 en 2011. L’emploi marchand, celui du secteur privé hors public, s’est encore davantage détérioré puisque le total de l’emploi public a légèrement progressé, les embauches dans les collectivités locales dépassant les non-remplacements dans les services d’État.

Certes, la chute est moins grande qu’en Grande-Bretagne où l’emploi a chuté de 71,5 à 69,5. Mais cependant, le Royaume-Uni reste avec un taux d’emploi largement supérieur à celui de la France et, malgré ses difficultés, compte environ 25 millions d’emplois privés contre environ 20 en France, pour une population totale comparable.

Ne parlons pas de l’Allemagne dont le taux d’emploi a progressé depuis 2007 de 69,0 à 72,5 en 2011.

Les années Sarkozy n’ont donc pas marqué d’inflexion marquante par rapport à la stagnation de l’emploi observée depuis 1974, date de l’apparition du chômage.

Pas plus que ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy n’a su comment s’y prendre pour créer davantage d’emplois et nous restons toujours avec un déficit moyen de création d’emplois marchands d’environ 200.000 par an par rapport aux Allemands ou aux Britanniques.

Est-ce une malédiction congénitale ? Pourquoi la France ne serait-elle pas capable de créer autant d’emplois que ses voisins nordiques ?

C’est la question qu’il faut se poser au début d’un quinquennat, car il faut bien 5 ans pour que les mesures prises au début commencent à porter leurs fruits.

D’autant que depuis 1974, apparition du chômage, en 1981, 1986, 1988, 1993, 1995, 2002 et avec la seule exception de 2007, les Français ont renvoyé chez eux ceux qui n’avaient pas su répondre à leur préoccupation principale : leur assurer un emploi ou leur donner plus d’espoir de garder le leur.

Rétroactivement, on peut s’étonner de ce que les mesures prises pour l’emploi par Nicolas Sarkozy n’aient pas été plus vigoureuses.

Pas de remise en cause de l’interdiction de licencier qui nous coûte environ 2 millions d’emplois non créés par les firmes qui gardent un matelas de sécurité en cas de retournement de conjoncture.

Pas de dispositif qui accélère fortement les créations d’entreprises et d’emplois.

Certes, il fut créé le dispositif ISF-PME, encourageant les individus payant l’ISF à investir dans des PME. Mais l’on peut s’interroger sur les véritables motivations de ce dispositif, car le premier projet proposé par l’Élysée prévoyait une détaxation à 100% alors que le même Nicolas Sarkozy avait soutenu en 2004 ce même dispositif, qu’avait fait passer le Sénateur Philippe Marini en Commission des finances du Sénat avec une détaxation à 25%. Le100% a été rejeté comme non constitutionnel par le Conseil d’État et est devenu 75%. Mais avoir imaginé 100% laisse des doutes sur les réelles intentions : s’agissait-il de créer des entreprises ou de faire un autre trou dans l’ISF que le nouveau pouvoir n’osait pas supprimer malgré ses conséquences économiques et sociales ?

Les autres circonstances de cette disposition, son plafond à 50.000 €, son attribution à l’ensemble des PME et pas seulement aux PEC (entreprises de moins de 50 salariés) comme le recommandait Bruxelles et qui a infligé un retard de plus de 6 mois à l’application de la mesure, font se demander si l’emploi était vraiment la préoccupation de l’Élysée et des inspecteurs des finances assistant le Président.

Le déluge de mesures anti-emploi qui ont accompagné la fin du quinquennat depuis la taxe sur les transactions bancaires dont tous les experts connaissent l’inefficacité, en continuant par la TVA sociale pourtant rejetée en début de quinquennat, la création d’une nième banque des PME alors que les dispositifs déjà en place sont incapables de faire face aux dépôts de bilan des très petites entreprises qu’entraîne l’application de Bâle III par les banques, etc., font se demander si dans la période 2007-2012, les préoccupations politiques ne l’ont pas largement emporté sur celles de l’emploi, avec les conséquences électorales que l’on sait.

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