Une des informations récentes du Wall Street Journal est que George Soros serait devenu un acheteur « bearish », un « ours » dans le langage boursier.
Un autre signe inquiétant est que malgré l’ouverture des vannes du crédit, pas plus la Federal Réserve Bank que la Banque du Japon ou la Banque Centrale Européenne, ne parviennent à relancer l’inflation, alors que le credo des économistes est depuis longtemps qu’un taux d’inflation de l’ordre de 2% est nécessaire pour dynamiser l’économie et la croissance.
Certes le nombre de chômeurs aux États-Unis a baissé et maintenant il y a seulement 1,4 travailleur sans emploi pour chaque emploi offert alors qu’il y en avait 6,7 au pire de la récession.
Il semble également que le nombre d’emplois offerts augmente plus vite que le nombre d’emplois remplis. Mais la chute du chômage est moins liée à l’apparition de nouveaux emplois qu’au retrait des travailleurs du marché du travail ; le taux de participation, le ratio entre les Américains employés ou à la recherche d’un emploi avec les Américains en âge de travailler (15-65 ans) est tombé à 62,6% alors qu’il dépassait les 70% avant la crise, et il semble continuer de chuter lentement.
Alimentant l’inquiétude, la création d’emplois supplémentaires a chuté brutalement en mai.
Il faut prendre ces chiffres toutefois avec prudence car ils sont la somme des emplois mesurés dans les firmes existantes et ne prennent pas en compte les emplois dans les nouvelles entreprises et les très petites qui viennent de naître. Dans le passé, il y a déjà eu des surprises, les chiffres réels de création d’emplois s’avérant beaucoup plus importants que ceux annoncés dans l’enquête du département du Travail, à cause d’une explosion de créations de nouvelles entreprises, non prises en compte dans cette enquête.
Mais les créations d’entreprises nouvelles semblent avoir chuté et cette chute se serait déclarée dès 2000, avant la crise de 2008 si l’on en croit la Kauffman Foundation.La Kauffman fait d’ailleurs état d’une chute des emplois créés dans les firmes jeunes qui représentaient 38% des emplois créés à la fin des années et n’en représenteraient plus que 33%.
Ceci serait cohérent avec une économie américaine dont le taux de croissance, lui-même lié aux gains de productivité, qui eux-mêmes conditionnent la hausse des revenus moyens, est tombé de 3,5% dans la période faste Reagan-Bush-Clinton à 2% depuis l’arrivée d’Obama.
Une des principales explications de ce freinage se trouverait dans la perte de souplesse et de mobilité de l’économie américaine.
Les 8 années de présidence Obama ont entraîné une sclérose, avec l’Obamacare qui s’avère une faillite historique car non seulement il a contribué à accroître les coûts des entreprises mais ses résultats pour sortir les Américains non assurés de l’absence de couverture maladie sont catastrophiques. On peut aussi accuser la multiplication des réglementations qui rendent de plus en plus difficile l’ouverture de nouvelles entreprises.
C’est ainsi qu’il s’ouvrait aux USA une trentaine de nouvelles banques par an avant la crise de 2008. Comme l’a rapporté le même Wall Street Journal il y a deux ans, depuis la crise de 2008, il s’en est ouvert une seule, oui, une seule…
Et l’on pourrait allonger la liste avec les réglementations qui touchent les centrales à charbon, et maintenant l’internet, etc.
Il faut cependant voir plus large et se demander si la paralysie progressive n’est pas aussi une réaction générale de la société, qui, comme en France, vise à plus de sécurité en multipliant les protections et les barrières mais dont beaucoup ne sont que des barrières pour constituer des monopoles aussi lucratifs qu’artificiels.
De même qu’en France où il n’est plus possible de pratiquer le métier de coiffeur sans un diplôme et des années d’ « apprentissage », de même on découvre qu’aux USA, dans beaucoup d’états les travailleurs doivent avoir une licence, une certification, pour être fleuriste, diseur d’avenir, assistant shampouineur, manucure, etc. La Cour suprême du Texas n’a-t-elle pas dû trancher pour dire que donner une licence pour le droit d’épiler les sourcils était sans utilité ?[[ WSJ du 6 juin 2016. « What’s stalling american growth » par Marie-José Kravis.]]
Le pourcentage de métiers exigeant une licence état d’environ 5% en 1950 et serait maintenant d’environ 30%.
Ronald Reagan avait créé en arrivant au pouvoir une commission, la Grace Commission, pour simplifier les réglementations et privatiser.
Il faudrait se replonger dans cet effort historique dont l’Amérique profite encore aujourd’hui pour repenser, non seulement ce qui attend le futur président des USA, mais aussi la France au sortir des élections de 2017.