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Des modifications des organisations

par Yves Buchsenschutz
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Résumé d’expériences à plusieurs niveaux

Pour qu’une organisation accepte de bouger, il y a quelques conditions nécessaires mais pas forcément suffisantes :

  • Il faut que la survie de cette dernière soit perçue comme mise en cause. Si le fait de bouger n’est pas perçue comme une nécessité absolue, les membres de l’organisation freineront des quatre fers. (et ils ont le plus souvent les moyens de bloquer …) ;
  • Il faut que le résultat escompté de la réorganisation soit « salvateur ». (s’il ne l’est pas, pourquoi faire des efforts ?) ;
  • Il faut que le diagnostic soit détaillé et cautionné  par des spécialistes ;
  • Il faut que les intéressés soient parties prenantes à la construction de solutions ;
  • Il faut une solidarité entre tous pour trouver une solution à tous et ne laisser personne au bord de la route. ( ceci doit être un engagement dès le départ) ;
  • Il faut que l’effort demandé soit demandé à tous et raisonnablement réparti ;
  • Il faut un juge de paix reconnu qui décide en dernier ressort ;
  • À côté de mesures d’économies il vaut mieux proposer, en parallèle, des mesures de progrès et de d’espoir.

M. Bayrou n’a pas obtenu la confiance de l’Assemblée et a démissionné. Il a été rapidement remplacé par Monsieur Lecornu, choisi par notre président, M. Macron pour construire un gouvernement qui ait quelques chances de faire voter un budget et quelques réformes.

Monsieur Bayrou a indiscutablement échoué. Probablement, à cause de son passé, du budget proposé et de sa maladresse dans la conception et la présentation de son programme. Il a bien travaillé l’urgence, mais moins bien la mise en place, les solutions et la participation des intéressés à la recherche des solutions acceptables par une majorité de députés.

Au point que les Français sont « archipellisés » aujourd’hui entre ceux qui sont prêts à diminuer les dépenses et faire des économies, ceux qui sont prêts à les faire payer ou supporter par les autres, et ceux qui voudraient bien que l’on parle, au moins en parallèle, des pistes positives.

Par ailleurs, depuis la dissolution de l’été 2024, la France est aujourd’hui  divisée entre au moins quatre partis à gauche, deux à quatre au centre, trois à droite … voire plus. Les politiques semblent avoir totalement oublié de s’unir dans l’intérêt du pays – qu’ils voient d’ailleurs de manière différente – pour ne se consacrer exclusivement qu’à leur positionnement pour les élections futures programmées. Ils semblent parier sur la nécessité d’une nouvelle dissolution et/ou d’une démission du président. Chat échaudé craignant l’eau froide, il est probable que ce dernier ne se précipitera pas.

De surcroît, en plus des réticences probables du président envers des décisions de ce type, le doute  est tout de même très fort que ces élections puissent changer fondamentalement et suffisamment les résultats pour dégager une majorité.  Surtout si l’on ne change pas les processus électoraux. Ce qui parait peu  plausible pour une Assemblée dispersée, sans majorité constructive pour remplacer le centenaire scrutin uninominal à deux tours.

Nous sommes probablement rendus à un moment où les visions du bon fonctionnement de notre pays sont trop nombreuses et contradictoires pour échapper aux négociations, compromis et alliances entre plusieurs partis, pour arriver à dégager une « majorité » efficiente sinon efficace, au moins autour de certains thèmes. Nous ne ferions en cela que rejoindre la plupart des pays démocratiques européens qui fonctionnent très souvent de façon performante, via des coalitions et des contrats de gouvernement.  

À ce propos, il faut reconnaître au moins à Monsieur Bayrou, le mérite d’avoir proposé une solution assez complète et globale: il serait intéressant de connaître celles de ses concurrents. Le chaos, les riches, où les immigrés, c’est un peu court !

Et vous, chers lecteurs, quelles seraient vos souhaits, voire suggestions ?

PS :  D’aucuns prétendent que la dette d’un État est différente de celle d’un particulier. Cela était complètement vrai tant que l’État avait la possibilité de dévaluer sa monnaie  ce dont la France a usé et abusé avant son adhésion à l’€. Dévaluer ne nous est plus accessible.

PS 2 : En parallèle à cet article, nous nous permettons de vous signaler l’article « Les trois raisons pour lesquelles Lecornu a une (petite) chance de durer paru chez « telos » ces derniers jours, bon complément en terme de gestion de crise politique.

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8 commentaires

Yves Golder septembre 12, 2025 - 2:36 pm

Cher Yves,
C’est toujours un grand plaisir de te lire. A bien des égards, je suis toujours un de tes disciples !
Sur la question des conditions nécessaires au changement, une autre idée m’est venue. J’ai vu des réformes échouer et j’en ai vu réussir. Le changement ça ne marche pas à tous les coups mais assez souvent tout de même et c’est ce qui rend passionnant le rôle de ceux qui doivent le concevoir et le mettre en œuvre. Dans les causes d’échec, il en est une qui dans mon souvenir revient de temps à autre seulement mais c’est toujours trop souvent. Comme le chef projet et tout son groupe avec lui s’attendent à des résistances, ils sont souvent surdéterminés à mettre en place leur nouvelle organisation et cet élan les conduit parfois à faire table rase de tout « vestige » sans prendre le temps de vérifier s’il n’y a pas dans l’ancienne organisation des dispositifs « sains » qu’il faut maintenir ou dont il faut absolument retrouver le bénéfice sous une forme ou sous une autre dans la nouvelle organisation. On ne s’en rend pas forcément compte quand c’est trop tard mais plus tard on s’en rend compte et plus ça coût cher de réparer. Je sais que pour bien faire je devrais te donner des exemples mais c’est bien loin pour moi tout ça (et j’ai un troisième livre à écrire). Mais je crois en tout cas que quand on est résolu à changer, ça vaut la peine de se demander « oh… est-ce qu’il n’y aurait pas dans ce machin dépassé, un ou deux mécanismes dont nous aurons besoin à l’avenir ? »
Bien à toi,
Yves

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BUCHSENSCHUTZ septembre 19, 2025 - 2:02 pm

Tu as tout à fait raison. Toujours faire attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Bonne continuation. yves B

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Ferté septembre 12, 2025 - 2:49 pm

La dispersion de la classe politique prouve que la solution ne passe pas par elle . Depuis la dissolution la France a perdu 1 an.
Il aurait fallu nommer au Gouvernement de techniciens qui nous permettent d’infléchir la mauvaise direction vers laquelle nous
nous dirigeons et donner au Pays des raisons d’espérer. Monsieur Xavier Fontanet Ancien dirigeant d’ESSILOR lors d’une émission sur la radio BFM BUSINESS a élaboré un budget pour la France qui semblait crédible.
Nous avons en France , un équivalent d’un ROMANO PRODI italien, pourquoi ne lui laissons pas sa chance ?
Laurent Ferté

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Pierre DESROCHES septembre 12, 2025 - 3:51 pm

Récemment, nous avons du modifier la clôture entre notre copropriété et le terrain mitoyen de la ville. Nous avons contacté 3 personnes de la ville et avons eu une réunion sur place avec elles. Nous venons d’avertir les services de la ville de la réalisation des travaux, en conformité avec la décision prise précédemment.
Nous venons de recevoir un mail d’un agent de la ville « regrettant’ que nous ne l’ayions pas contacté…
Lorsque je faisais de la formation à destination des fonctionnaires et agents des collectivités, j’ai entendu plusieurs fois l’affirmation suivante :
« Dans mon service (ou dans ma collectivité…), quand il y en a un qui travaille, il y en a dix qui l’emm…dent »
Si les services publics ne fonctionnent pas, c’est parce qu’il y a trop de fonctionnaires. Peut-être pas dix fois trop, mais bien deux fois trop…

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Henri Giraud septembre 12, 2025 - 5:16 pm

l’artticle est intéressant et a le mérite d’être court c’est à dire concentré sur les points importants ce qui est de plus en plus rare car de nombreuses personnes (journalistes et politiques) préfèrent. les déclarations -fleuves qui noient les lecteurs dans la longueur de leurs propos .

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Yves Buchsenschutz septembre 19, 2025 - 1:20 pm

Bonjour Henri,

Je vois que tu as gardé une plume alerte …. et les mots pour le dire
arrivent aisément ! Le problème semble être que la notion de
productivité ne fait pas partie de l’univers de l’administration, des
fonctionnaires et des politiques ! mais comment les vacciner ?

J’espère que tu vas bien, perso je survis correctement mais la machine
se fatigue peu à peu …

Amitiés

Yves

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