Page d'accueil Évènements Colloque anti-Piketty : un succès. Mais pourquoi et vers quoi ?

Colloque anti-Piketty : un succès. Mais pourquoi et vers quoi ?

par Bernard Zimmern
216 vues
arton578.jpg

C’est le 15 juin que se tenait à la Maison de la Chimie un colloque organisé par l’IRDEME avec la participation de Frédéric Georges-Tudo, Jean-Philippe Delsol, Nicolas Lecaussin, Alain Mathieu:
« L’imposture Piketty : les riches sont-ils le problème ou la solution ? »
Ce colloque a été un réel succès avec près de 200 inscrits et presqu’autant présents dans une salle pleine en raison de l’afflux de non-inscrits qui ont remplacé ceux qui ne sont pas venus.

La première question que se posaient certains des présents était : mais pourquoi avoir choisi un terme aussi fort qu’imposture, alors qu’erreur aurait peut-être été suffisant.
La seconde, mais pourquoi faire tellement d’honneur à des propos d’un économiste par ailleurs très décrié notamment aux USA où, (taille du pays ?) il a le plus vendu.
Et la dernière, très naturelle : « et après » ?

I. Pourquoi avoir choisi un terme aussi fort qu’imposture ?

Rappelons brièvement ce qui est arrivé il y a 4 ans.
Début 2011, Thomas Piketty publie son manifeste « Pour une révolution fiscale ».

Au centre de cet essai figure, page 50, un graphique qui montre les prélèvements en fonction du niveau de revenu.

Le taux de prélèvement des plus bas revenus y est ostensiblement plus élevé que celui des plus hauts revenus.

Et la page suivante, Piketty s’indigne de ce que Madame Bettencourt, la femme la plus riche de France, paie proportionnellement moins d’impôts qu’un chômeur.

Le problème est que sur cette courbe ne figuraient ni Madame Bettencourt ni les chômeurs, car la courbe ne concernait que 20 millions de Français, ceux ayant moins de 65 ans et ayant travaillé plus de 80 heures par mois, donc sans Madame Bettencourt qui avait plus de 80 ans ni les chômeurs.

Pourtant, Piketty avait aussi publié, mais seulement dans les annexes mises sur internet, les résultats pour les 50 millions de Français et, là, la courbe s’inverse complètement.

J’ai dénoncé ce truquage et d’autres dans une tribune du 31 mai d’une demie-page dans Les Echos.

Et j’ai reçu un email d’un économiste ayant assisté à la présentation de ce manifeste par Piketty quelques mois plus tôt.

Lors de son exposé, Piketty avait bien indiqué que la courbe ne portait que sur 20 millions et cet économiste lui aurait demandé: les résultats changent-ils quand on passe à 50 millions?
Et il aurait reçu un non catégorique.

Nous savions que les statistiques sont l’art de mentir mais jusqu’alors, nous n’avions pas vu cet art poussé jusqu’à la perfection du mensonge volontaire.

Plus tard, comme l’on rappelé plusieurs intervenants de ce colloque, ces omissions sont devenues une nouvelle nature pour ceux que nous appelons les égalitaristes de Piketty & Co, Antony Atkinson, Richard Wolff, François Bourguignon, Emmanuel Saez, Antony Shorrocks pour ne citer que les plus connus, un clan mondial.

C’est ainsi par exemple que ne figurent jamais dans les patrimoines les retraites par répartition, qui sont devenues le principal patrimoine de 90% des Américains

II. Ces désinformations ne restent-elles pas confinées à quelques économistes ?

Hélas non car elles sont le venin dont se nourrissent les politiques et qui leur permettent de nous empoisonner au nom de notre bonheur.

Nous l’avons vu en France où le succès de Thomas Piketty est éclatant, avec un taux de chômage parmi les plus élevés d’Europe et dont nous montrerons qu’il peut se glorifier d’être le père.

Mais cette lèpre est en train de gagner le pays qui était resté l’un des plus créatifs en termes d’emplois : les Etats-Unis.
L’annonce par Hillary Clinton que sa campagne présidentielle allait s’organiser autour des inégalités montre que l’escroquerie des inégalités, une escroquerie politique, est devenue une escroquerie planétaire.

Alors que comme je l’ai montré dans ce colloque, les USA sont ce miracle qui a réussi de 1980 à 2010, dates entre lesquelles Thomas Piketty dénonce une forte montée des inégalités, à absorber une population supplémentaire de 86 millions, faisant passer la population américaine de 224 à 310 millions, en intégrant notamment 30 millions d‘immigrés dont 85% sans grande éducation, et à créer du travail pour 50 millions, écartant du chômage la plus grande partie de ces 86 millions. Comme nous le montrerons, l’incroyable de la croissance des inégalités que découvre Piketty n’est pas que les riches se soient enrichis mais qu’autant de pauvres aient pu embarquer sur le navire USA sans le faire chavirer.

III. Et après ?

Il est clair que l’imposture Piketty est devenue une imposture planétaire.

Il est clair que le problème de notre société n’est pas l’inégalité, mais qu’il faut multiplier les riches entrepreneurs qui investissent dans les entreprises des autres.

Il est clair que Piketty s’en est pris à l’entrepreneur et aux innovateurs même s’il s’en défend.

Il est clair que le problème de notre société n’est pas les inégalités, mais comment créer plus d’emplois, parce que la pire des inégalités est de ne pas avoir d’emploi et que ce sont les emplois que les déshérités du monde entier viennent chercher dans les pays développés.
Mais créer des emplois est ce qui préoccupe le moins nos élites politiques ou nos fonctionnaires dont fait partie Thomas Piketty, car d’abord, ils ne savent pas comment les créer.
Et que surtout, déclarer la guerre aux inégalités c’est leur donner la justification pour accroître les prélèvements dont ils vivent et renforcer la caste des étatistes dont ils profitent.

C’est ce qu’il nous faut inverser non seulement en dénonçant ces impostures mais en proposant aux jeunes autre chose que l’envie ou la jalousie de Piketty : la joie de la création dans l’une des dernières aventures du monde fini, celle de la création d’entreprise et de l’innovation.

 

 

arton578.jpg

Tu pourrais aussi aimer

4 commentaires

Laurent Guyot-Sionnest juin 17, 2015 - 5:22 pm

Bravo pour la conférence
Bravo pour la conférence et les présentations.

Ya quand même quelques biais et arguments de privilégiés dénonçant les mensonges et projets des partageux,
mais ne proposant pas de plan alternatif vendable à la masse de la population.

Dans tous les pays, 2/3 de la population trouve que 4 fois le revenu médian est excessif…

Quel plan, partant de la situation actuelle, nous "les meilleurs" pourrions nous proposer et être "rémunérés" ex post en fonction des résultats pour la population générale ?

Le taux d'imposition-subvention global des différents déciles ne pourraient il pas dépendre des résultats et en tous cas garantir que les premiers déciles ont un minimum correspondant à leur part du Capital Commun (qui fait qu'un pays est plus productif qu'un autre) et que les %% des déciles et centiles supérieurs n'augmentent pas au cours du temps ? Les "iles " concernés se chargeant de diminuer les parts que les rentiers et malins captent sans être contributeurs comme les entrepreneurs et exportateurs ?

Les subventions aux entreprises ne devraient elles pas être comptabilisées dans leurs dettes ou celles de leurs actionnaires (après retour de impositions aux taux nets de subventions déduites?

Répondre
jacques août 8, 2015 - 2:04 pm

piketty
Krugman (idéologue gauchiste, seul ses travaux sur la mondialisation et les échanges internationaux (raison pour laquel il a recu son prix nobel d'économie) sont très bons) démolit Piketty: http://www.nytimes.com/2015/08/03/books/review-the-economics-of-inequality-by-thomas-piketty.html?_r=1
Si même des gauchistes comme Krugman ne sont pas d'accord avec Piketty….

Répondre
jacques août 9, 2015 - 6:01 pm

piketty réfuté
vidéo très intéressante: https://www.youtube.com/watch?v=aL90pISm7Y8

Répondre
Rene Rupert septembre 14, 2015 - 12:25 am

bravo
C'est bien emballé et bien expliqué. Le Piketty a visiblement raisonné à population constante.
bon courage pour toute la suite et encore bravo !
RR

Répondre

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d’accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Privacy & Cookies Policy