Les médias ont trouvé de quoi alimenter un débat passionné. Nicolas Hulot contre les ministres « de Droite ». Qui va prévaloir ? Le Progrès technique indifférent à la Nature qu’il a dégradé sans vergogne au cours du XXème siècle ? Ou bien les exemplaires écologistes seulement habités par la survie de la planète bleue et de notre descendance ? A Notre-Dame des Landes qui va céder ? Les Zadistes défenseurs des landes de ce confin de la Bretagne très moyennement attrayant ? Ou bien l’establishment technocratique français, à coup sûr plus engagé que le milieu économique… ?
Peut-être ce débat vient-il au bon moment et arrange bien le gouvernement en fournissant une diversion et, à grands coups « d’éléments de langage », un argument électoral bon marché. En effet l’issue de cette confrontation n’a pas grande importance !
Au plan des symboles, la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne consacrera pas la défaite des écologistes. Elle ne rendra pas plus facile la création de nouveaux aéroports modernes nulle part, ni en France, ni dans le monde en dehors des destinations touristiques de masse. La construction de nouveaux aéroports est à ce point honnie (avec ou sans activistes écologistes) dans un rayon de 10 kilomètres à la ronde qu’on n’a pas construit de nouveaux aéroports aux États-Unis depuis Denver décidé en 1987 et mis en service en 1995. Il a fallu dix ans de discussions à Londres pour finalement décider d’ajouter une piste à Heathrow. Et encore il n’est pas sûr que Theresa May, élue d’une circonscription voisine, ne revienne pas sur la décision de David Cameron.
Au plan économique, on a le droit d’être réservé. L’ancien aéroport de Nantes était sans aucun doute difficile à agrandir. Mais l’équation financière d’un tout nouvel aéroport est très risquée : déménager à plus de cinquante kilomètres du centre de la population cliente, en règle générale ça ne marche pas, surtout si l’ancien aéroport n’est pas fermé – ce qui semble être le cas puisque le vieil aéroport de Nantes ne sera pas fermé ni converti en une opération immobilière attractive. On en a pour exemple la ville de Montréal, où l’ancien aéroport a repris le dessus. De la même manière, l’aéroport Washington Dulles est toujours très concurrencé par l’aéroport central National Ronald Reagan. Le nouvel aéroport de Milan n’a également pas fait disparaitre le vieux Linate.
Alors bien sûr on peut se référer au succès de l’aéroport de Munich, qui est devenu le deuxième « hub » de Lufthansa pour compléter celui de Francfort, saturé. Drôle de coup de pouce qu’Air France n’a aucune raison géographique d’accorder à un hub à l’Ouest de Paris, ni aucun moyen financier de soutenir après une quasi décennie de perte…
La comparaison avec Munich achève de convaincre que cette opération est un éléphant blanc : l’agglomération de Nantes ne peut pas se comparer à celle de Munich, ni l’Ouest français à la Bavière. Jean-Yves Le Drian n’a pas clamé l’intérêt de la Bretagne voisine pour ce projet. En vérité c’est le projet de Monsieur Ayrault, embarrassé avec son vieil aéroport inadapté aux ambitions de développement de Nantes. On se trouve à nouveau devant un exemple du comportement clochemerlesque de nos responsables politiques. Ils n’ont pas regardé attentivement ce qui se passe hors de France et des intérêts locaux ont poussé à la surenchère.
Si l’on s’extrait du microcosme politique que voyons-nous ? Quelques centaines d’activistes écologistes poussent en avant quelques milliers de passionnés, pour défendre les intérêts de quelques centaines de ruraux pourtant faciles à indemniser. Mais pour quel bénéfice sur l’emploi ? Probablement aucun, si ce n’est les emplois du personnel de l’aéroport, qui au bout du compte seront payés avec nos impôts. Il s’agit donc bien d’une affaire d’intérêt régional qui n’aurait jamais dû prendre des proportions nationales et ne pas consommer plus de quelques heures au gouvernement.
Il faut donc arrêter les frais. Le nouveau gouvernement devrait s’attacher à des enjeux autrement importants. Il n’y a pas de temps à perdre.
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Clochemerle-les-Landes
Le projet de Notre Dame des Landes ( site identifié par l’OTAN du temps de la guerre froide ) remonte à cinquante ans .Lancé à l’époque par un groupe de cadres nantais dont Michel Decré , président de l’aéroclub, il avait suscité dès cette époque l’intérêt du conseil général de Loire Atlantique .
Il s’inscrit dans une vision d’avenir de l’Ouest français avec la constitution progressive d’une métropole Rennes-Nantes-Angers visible à l’échelle européenne