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à la rencontre de Renaud Dutreil

par Bernard Zimmern
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Ma stratégie est immédiatement arrêtée : depuis des années les plans gouvernementaux sont un ramassis de 40, 50, 60 mesures dont les résultats sont inexistants. Nous ne savons pas encore que nous sommes mondialement les derniers en création d’entreprises, mais nous voyons bien que toutes ces mesures ne produisent aucun effet sur l’emploi et la création d’entreprises, qui sont tous les deux à leur plus bas niveau historique. Il est clair que si le médecin n’a pas réussi à revigorer le patient avec 40 à 60 potions, c’est qu’il n’a pas identifié la maladie, et qu’il a manqué un, peut-être deux facteurs cruciaux.

Et ce facteur, car il est en fait unique, je crois le connaître, car depuis 30 ans que je travaille sur ce sujet, je sais que la force des Américains est de diriger un fleuve d’argent vers ceux qui osent créer des entreprises, mais que ce fleuve n’est pas un fleuve de subventions ; la bureaucratie n’a aucune décision sur ses heureux destinataires ; ce fleuve est distribué par les entrepreneurs eux-mêmes ou plus exactement par d’autres qui ont déjà réussi, savent intuitivement reconnaître quel est l’innovateur qui a une bonne idée, un bon plan et le caractère pour devenir un chef d’entreprise – car on peut avoir des idées géniales et être un désastre comme chef d’entreprise -. Ils apportent aussi le réseau de relations, avocats, comptables, experts techniques qui permettent d’éviter toutes les erreurs auxquelles une entreprise naissante est exposée.

Des études chiffrées sur lesquelles je suis tombé aux USA à la fin des années 1980, nous ont permis de chiffrer le nombre de Business Angels – c’est ainsi que les a baptisés William Wetzel de l’Université du New-Hampshire – entre 500.000 et un million, le fleuve d’argent qu’ils déversent sur les créations, entre 20 et 50 milliards de dollars, près de 20% de l’investissement de toute d’industrie américaine.
A côté de cette formidable usine à créer des entreprises et des emplois, l’atelier français n’existe pas ! Il n’y a pas eu de recensement des Business Angels français mais, lors d’un colloque présidé par Laurent Fabius que nos idées intéressaient, nous en avons évalué les moyens au centième du chantier américain.

Et nous avons même expliqué pourquoi et comment les Américains ont créé en 1960, tout un panel de mesures fiscales pour pousser ceux qui ont de l’argent à s’investir dans les entreprises, et non comme en France, dans des bons du Trésor bénéficiant du prélèvement libératoire ou des collections déductibles de l’ISF. La chance a en effet voulu que le gouvernement français m’envoie en 1970 aux USA étudier comment les Américains financent l’innovation et les créations d’entreprises.
Si le raisonnement et la logique cartésienne ont encore cours en France, j’ai un dossier en béton et je devrais convaincre mes divers interlocuteurs que François Hurel a raté l’essentiel, et non seulement lui, mais tous les bureaucrates du ministère des Finances ou du secrétariat des PME qui se sont attelés à la question.

Je rédige d’inspiration une demi-douzaine de lettres où, sans expliquer pourquoi, j’annonce que Raffarin a raison mais qu’il y a un maillon manquant, le premier étage de la fusée, le financement pas les Business Angels et que je propose de venir en parler aux destinataires de ces missives.

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