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Vers une nouvelle récession ? 

par Bernard Biedermann
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Depuis le début de l’année 2024, les instituts de prévisions s’attendent à une récession de l’économie française, en partie liée à un contexte d’incertitude nationale et internationale. Dans ces conditions, les marges d’erreur sur les extrapolations des composantes du PIB s’élargissent. Pour essayer d’améliorer l’analyse de la conjoncture actuelle, nous proposons de regrouper plusieurs variables en établissant une liste de celles qui agissent dans le sens de la récession et de celles qui la modère. L’intention étant de faciliter les analyses et de faire preuve de modestie dans un contexte de forte incertitude car, comme le disait Pierre Dac, « La prévision est difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir »…

Variables susceptibles d’expliquer la récession

  • Le taux d’inflation à fin 2023 était encore de 4 % sur 12 mois : Cette inflation se caractérisait par des hausses importantes de prix des produits de base (alimentaire, énergie, transports, …). Cette répartition éclatée des augmentations des prix a impacté le niveau de vie des ménages dont les revenus sont proches du SMIC dont les hausses n’ont pas pu maintenir le niveau de vie.
  • Le niveau d’endettement des sociétés non financières (79,3% du PIB en 2023) : Il se situe à environ 7 % de plus que celui de la moyenne de la zone euro de 2014 à 2019 à 61 % du PIB (43 % pour l’Allemagne, 70 % pour l’Italie). Un tel niveau d’endettement ne va pas favoriser des nouveaux investissements d’autant plus que les taux d’intérêt sont encore élevés.
  • Des taux d’intérêt encore élevés sur la base des 4 % de la BCE : Ils ont provoqué fin 2022 un retournement du cycle du crédit, particulièrement pour les PME et ETI. Des taux encore élevés en 2024 vont également réduire la consommation des ménages et donc la demande vers les entreprises.
  • La chute de 50 % des crédits pour l’habitat : Cette chute a contribué à la baisse de 40 % du nombre de permis de construire des logements avec un impact important sur le BTP sans baisse importante du prix de l’immobilier et donc de l’immobilier locatif.
  • Les dépôts des ménages ont fortement évolué : En flux cumulés depuis 2022 plus 20 milliards d’euros sur les comptes rémunérés et moins 60 milliards sur les comptes courants (BDF) avec une baisse de la consommation.
  • Un niveau de productivité faible pour une part importante des PME ETI qui sont alors en difficulté sur le marché des exportations.
  • Des investissements irréalisables lorsque des emplois nécessaires ne peuvent être pourvus, pour des raisons de refus des chômeurs ou parce qu’il s’agit de profils techniques très spécifiques que l’éducation nationale ne produit pas.
  • Un niveau de dette publique qui n’autorise plus la relance économique par des nouvelles dépenses publiques.
  • L’incertitude portée par les ménages et les entreprises : « Les ménages ont vu leur pouvoir d’achat rogné par l’inflation et ont continué d’épargner massivement, incertains de l’avenir » (Juliette le Chevalier). La confiance des entreprises est altérée par un climat politique instable et par les problèmes de recrutement.
  • Une incertitude négative entretenue par le contexte géopolitique de plus en plus conflictuel, comme par exemple les risques de cyberattaques qui sont trop souvent sous-estimées.
  • Une perception négative de l’efficacité et des coûts des services produits par les administrations ainsi que des normes trop nombreuses et trop complexes.
  • Les effets négatifs sur la croissance engendrés par les recommandations relatives aux émissions de CO2.

 Signes et tendances plutôt positifs dont certains sur le long terme

  • Un niveau de Bourse du CAC 40 élevé et stable.
  • Le niveau d’attractivité de l’économie française qui se maintient grâce, aux infrastructures routières (essentiellement les autoroutes) , aux transports ( si l’entretien des voies ferrées s’avère efficace) , au tourisme, aux parts du marché du travail non saturées, …
  • Des réussites techniques et commerciales dans les secteurs de l’énergie, de l’aéronautique, du luxe, …
  • La conviction désormais bien partagée qu’il faut réindustrialiser le tissu économique en utilisant les nouvelles technologies.
  • Une future réforme fiscale potentielle qui permettra d’augmenter le revenu net du salarié dans la même proportion que l’augmentation globale ainsi qu’en terme de dépenses pour l’entreprise.
  • L’adhésion aux nouvelles techniques telles que l’IA.
  • Des débuts de bons résultats des politiques récentes concernant l’apprentissage.
  • La prise de conscience de la nécessité d’appliquer un principe de souveraineté nationale comme par exemple pour le fichier de la santé.
  • Les futurs marchés dans l’industrie et les services créés par les nouvelles normes de respect de l’environnement.
  • Les annonces du ministère de l’économie visant à rétablir les équilibres du budget1.
  • Et bien sûr les JO, si tout se passe bien, ….

Ces tendances sont bien entendu plus difficiles à mesurer et relève souvent d’actions politiques dont l’application peut être complexe.

Peut-on envisager une relance de la demande par une augmentation des salaires ? 

Le taux de marge global est satisfaisant : 33 %, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis la période qui précédait la crise de 2008. Cependant, il faut prendre conscience que les niveaux de productivité sont très différents selon les secteurs et la taille des entreprises. Dans l’hébergement, la restauration, les services aux ménages, surtout pour les PME, on constate des niveaux de productivité et des marges très faibles (1). Alors, « une hausse massive et généralisée des salaires dans ce contexte semble donc difficile ou risque de mettre en péril un certain nombre d’entreprises ayant connu une forte dégradation de leur situation financière » (Mathieu Plane, OFCE). Au niveau global on constate une baisse importante de la productivité depuis environ un an qui, entre autres a pu générer une baisse du chômage. Pour Eric Heyer, cette baisse de la productivité a quatre causes :

  • La baisse du coût réel du travail par une augmentation des salaires moins fortes que celles des prix de production, ce qui a permis de maintenir un niveau d’effectif supérieur au niveau nécessaire.
  • La durée du travail qui n’a pas retrouvé son niveau d’avant la crise du COVID (Taux d’absence élevé, …)
  • Un fort recours à l’apprentissage, dans le flux des créations d’emplois.
  • Les prêts garantis par l’Etat (PGE) qui ont pu maintenir artificiellement certaines entreprises en situation de faillite.

Ces quelques faits concernant la productivité et l’emploi nous conduisent à prendre conscience qu’une nouvelle politique de relance par la demande ne serait pas simple à appliquer bien que nécessaire pour les exportations.

Il conviendrait d’envisager d’autres mesures dites « structurelles » pour, développer les nouvelles applications par la recherche (IA, robotique, cybersécurité, …), pour continuer à faire prendre conscience que lorsque l’économie change, le marché de l’emploi doit lui aussi être complètement revu, et pour dynamiser nos exportations notamment par des gains de productivité. De telles recommandations relève bien entendu de la politique gouvernementale, mais dans beaucoup d’entreprises les nouvelles technologies ne sont pas encore suffisamment intégrées. Comme le suggère Francis Coulon dans « Sortir de la société en crise », il faut « Abandonner la démagogie au profit d’une attitude positive et pragmatique » et « Instaurer une culture de résultat »

1 : L’augmentation du SMIC est-elle possible ?    https://theoreco.com/non-classe/1157-1157.html

  1. Article ecrit avant les nouvelles annonces de déficit 2023 ↩︎

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1 commenter

zelectron mars 29, 2024 - 1:55 pm

remède de cheval :
virer, pardon, remercier chaleureusement 1 million de fonctionnaires en commençant par les plus fortes rémunérations sur 10 ans l’économie réalisée serait en ordre de grandeur 50 000 €*/annuels x 10 – 500 000€ x 1 000 000 = 500 000 000 000 donc 500 milliards d’€uros, je vous laisse digresser sur « la petitesse de » cette somme
*je me base sur une moyenne de revenus et frais engendrés par la plus haute hiérarchie et les employés des échelons les plus mal payés arrondies aux € supérieurs.sur les 6 à 7 millions d’agents de l’état , assimilés et collatéraux.

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