La France est dans une spirale vicieuse de chômage qui va s’auto-accélérer. Le manque de création d’emplois marchands depuis trois décennies et le laxisme de la dépense publique ont conduit à un tel niveau de charges sur les entreprises privées qu’elles ne parviennent plus à s’autofinancer. Les besoins de financement des entreprises non financières dépassent désormais les 50 milliards [[données de la comptabilité nationale]] alors que les Britanniques ou les Allemandes dégagent un excédent exactement inverse. Les CICE et autres artifices n’y feront rien. Nos entreprises sont prises dans une spirale vicieuse par manque de rentabilité et de capacité d’autofinancement.
Le manque de rentabilité de nos entreprises se voit à la faiblesse de leur excédent brut d’exploitation [[différence entre produits encaissables et charges décaissables liés à l’exploitation]]. Alors que nos voisins voient la rentabilité de leurs entreprises se redresser, la nôtre continue de chuter, bien que structurellement plus faible depuis plus de 10 ans :
Source Eurostat
Ce manque de rentabilité s’explique en grande partie par les prélèvements obligatoires sur les entreprises, qui sont bien plus élevés en France que chez nos voisins, comme le montre le graphique ci-dessous :
Source : baromètre 2012 de l’Observatoire Européen de la Fiscalité des Entreprises.
Les raisons expliquant un taux de prélèvements plus élevé en France sont de trois ordres :
– D’abord – et cela n’est jamais dit alors que c’est la cause essentielle – le manque d’entreprises et d’emplois privés en France . Nous avons 25% d’emplois privés de moins [[À populations égales]] ce qui entraîne – toutes choses égales par ailleurs – 25% de prélèvements obligatoires en plus sur les entreprises.
– Ensuite, il y a le poids de la dépense publique, et notamment des emplois publics. À titre de comparaison, l’Allemagne a désormais près de deux fois moins d’emplois publics que la France [[Chiffres 2010, à populations en âge de travailler égales]]. Elle a réduit le nombre de ses fonctionnaires de 6 à 4,5 millions alors que nous n’avons rien fait.
– Enfin, la répartition des impôts en France est davantage concentrée sur les entreprises (à la différence des autres pays où les impôts sont mieux répartis entre ménages et entreprises). Ce système est vicieux car ce sont les entreprises – et non les ménages – qui créent l’emploi.
Ces prélèvements obligatoires élevés affectent la rentabilité de nos entreprises mais également – par voie de conséquence – leur capacité d’autofinancement (CAF), c’est-à-dire leur capacité globale à dégager des liquidités. Alors qu’en 2000 la CAF des entreprises françaises était comparable à celle de nos voisins, elle est maintenant inférieure d’au moins un tiers:
Source Eurostat
Pour rappel, la CAF est essentielle puisque c’est elle qui permet les investissements indispensables au maintien ou à l’expansion des emplois. Le solde final de ces éléments entraîne, soit une « capacité » de financement, soit un « besoin » de financement. Alors que chez nos voisins les sociétés non financières dégagent un solde final positif de l’ordre de 50 milliards, il est perpétuellement négatif et maintenant de moins 50 milliards [[chiffres de la comptabilité nationale]] pour les entreprises françaises :
Ceci explique en grande partie pourquoi les entreprises françaises n’arrivent pas à grossir et donc à créer des emplois : contrairement à leurs concurrentes, elles sont incapables de financer ou de cofinancer leur croissance. Cela expliquerait que parmi les 27 pays de l’Union Européenne, nous soyons le seul dans lequel les entreprises de 10 à 250 salariés ont détruit des emplois depuis 10 ans [[Source : rapport « Does SMEs create better jobs ? » financé par l’Union Européenne, table 8, p.42]].
Depuis plus d’une décennie, nous sommes donc dans une spirale descensionnelle vicieuse dont nous ne sortirons pas sans, non seulement réduire la dépense publique, mais surtout doubler sinon tripler la création de vraies entreprises, celles qui naissent avec au moins un sinon plusieurs salariés.