Peu de temps après l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence, nous avons eu un entretien organisé par un député de la commission des finances avec un des ministres du nouveau gouvernement Fillon et, à notre grande surprise, alors que nous étions venus lui parler création d’entreprises, il nous a expliqué que le grand thème du Conseil des ministres était de faire grossir les PME, pas d’en créer.
Des experts de Bercy, appuyés par une bonne campagne de presse, avaient en effet convaincu l’opinion que la faiblesse de l’économie française était de ne pas avoir assez d’Entreprises de Taille Intermédiaires, les ETI, qui en Allemagne, feraient la force du Mittelstand, ces entreprises de taille moyenne, entre la PME et la grande entreprises de plus de 5.000 salariés, responsables de la plupart des succès à l’exportation allemande (personne n’a mentionné que l’exportation allemande s’appuie sur les maisons de commerce comme les Louis Dreyfus français ou japonais sur les sogo shosha, mais pas sur un réseau étatique comme la DREE ou Ubifrance).
Le Premier ministre, François Fillon, prit même un décret pour définir une ETI comme une entreprise entre 250 salariés, le maximum de la définition PME suivant l’OCDE, et 5.000 salariés. Mais devant les bénéfices importants que réalisent par elles-mêmes ces entreprises et qui d’après la base Alisse représentent une trentaine de milliards, il s’arrêta juste avant de leur donner une incitation fiscale qui aurait paru dérisoire devant leurs résultats mais trop importante pour les possibilités du budget public.
Cette campagne en faveur des ETI a été relayée par toutes les institutions d’État qui vivent de la distribution de l’argent public car il leur est beaucoup plus facile de justifier de donner des crédits de plusieurs millions à des grosses PME que de quelques centaines de milliers à des TPE, des très petites entreprises, qui sont pourtant celles dont les finances sont les plus fragiles et qui en ont le plus besoin.
C’était une politique condamnée car nous ne produisons pas assez d’ETI pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leur financement.
Nous ne manquons pas d’ETI comme visible sur le graphique ci-dessus, nous manquons autant d’entreprises de plus de 5.000 salariés que d’ETI, et que de PME (50 à 250 salariés) et presqu’autant de PE (Petites Entreprises : 10 à 50 salariés).
C’est toute la chaîne d’entreprises françaises qui est atteinte de NANISME.
Et il faudrait peut-être se demander pourquoi.