Le tableau ci-après compare le passé des hauts fonctionnaires de Bercy avec le passé de ceux du Treasury britannique.
Il reprend un tableau déjà présenté mais en éliminant les membres des cabinets des ministres car le pourcentage de personnes passées par le secteur privé y est plus représentatif de la société française que l’ensemble des membres de l’administration.
Notre administration n’a manifestement plus de racines dans ce qui fait 75 à 80% de l’économie française, l’entreprise, que le gouvernement de Manuel Valls veut réhabiliter.
Plus grave, non seulement nos hauts fonctionnaires ne connaissent plus l’entreprise autrement que par les livres, mais 45% d’entre eux sortent de l’ENA.
Une monoculture pour ne pas dire une dictature d’un groupe social puisqu’au-delà de 30%, on considère qu’un groupe contrôle complétement l’organe dans lequel il est implanté.
Et la culture de l’ENA est-elle la bonne culture pour diriger l’économie d’un pays ?
2 commentaires
Valls : réhabiliter l’entreprise avec 45% d’Énarques à Bercy ?
cher Zimmern
Vrai, il faut connaître l’entreprise pour répondre à ses besoins. Donc les chiffres présentés sont pertinents.
Mais le problème provient surtout de la mauvaise gestion du personnel, non pas la partie rationnelle (emplois clairs, bien définis, payés au prix du marché, etc.) mais la partie émotionnelle, la gestion des interactions entre les niveaux hiérarchiques et entre les collègues collègues eux-mêmes, bref les interactions tous azimuts.
Sur ce dernier point, tous sont nuls ou presque sauf de belles exceptions. ENA, X, INSEAD (+Harvard, … McKinsey) et les autres : aucune de ces écoles ne forme les managers à intégrer le facteur humain à la décision économique même s’ils le prétendent.
Donc avoir beaucoup de bonshommes jaunes parmi les bleus n’améliorerait pas la situation prépondérante. Les gens de l’industrie sont nuls pour ce qui est de l’humain : les sportifs, les militaires et surtout les médecins qui voient la casse sont meilleurs. Ils ne raisonnent que sur le financier, et ceci, les énarques savent aussi le faire.
Ce qui finalement influence le plus les chances de succès sont les caractéristiques nationales: degré de respect (ou de mépris) entre les gens.
René Rupert, modeste intervenant à l’ENA et ailleurs, chercheur sur la motivation.
Valls : réhabiliter l’entreprise avec 45% d’Énarques à Bercy ?
Je vois plusieurs raisons pour cette absence d’aller-retour : il y a des
membres des corps de l’Etat qui partent dans le privé.
http://www.hautefonctionpublique.org/fgcte/infogen/effectifs-fgcte.pdf .
Néanmoins, si le passage dans le privé est « risqué » (pas de garantie
d’emploi), le retour je pense est difficile. En dehors du choc culturel,
beaucoup d’administrations sont en déflation d’effectifs. Et qui dit
déflation, dit moins de postes, et encore moins de postes intéressant.
Si on ajoute le fameux proverbe « loin des yeux, loin du coeur », celui
qui part sait que s’il revient, il a toutes les chances de ne rien avoir
d’intéressant. Donc pour un fonctionnaire, partir dans le privé est
souvent sans retour.
Enfin, n’oublions pas quand même la déontologie, qui fait que quelqu’un
ayant travaillé pour l’État ne peut pas aller n’importe où (même s’il y
a des trous dans la raquette, comme quelques exemples récents l’ont montré).
Inversement, embaucher des contractuels est possible, mais limité, et
surtout sans leur offrir forcément de grandes perspectives de carrières
(que ce soit financièrement ou en matière d’intérêt des postes, mais
aussi la règle des 2CCD de 3 ans puis CDI). De fait, embaucher des
personnes un peu expérimentées et compétentes est presque impossible
(pas intéressant pour eux).
Donc, pour répondre à ta question, les règles et les moyens de l’État
aboutissent en pratique à fortement limiter le passage privé -> public.