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Une nouvelle défaite pour le syndicalisme américain

par Dominique Mercier
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La popularité déclinante des syndicats aux États-Unis se confirme à nouveau avec le cas emblématique de Volkswagen, survenu il y a quelques jours dans le Tennessee. Alors même que le management a favorisé la campagne du syndicat unique des ouvriers de l’automobile américain, celui-ci n’a pas obtenu la majorité nécessaire à sa prise de pouvoir.

L’enjeu de cette élection était lourd de conséquences pour cette usine de Chattanooga, puisqu’une victoire de l’United Auto Workers (UAW) en aurait fait une entreprise « unionized ». L’UAW aurait obtenu alors un pouvoir de négociation considérable dans les règles et conditions de travail des salariés. Or, par le passé, l’« unionization » des entreprises a abouti à une telle perte de compétitivité dans les États du Nord fortement syndiqués, qu’elle fit faire faillite à plusieurs industriels tels que General Motors et Chrysler. Elle entraina le déménagement de plusieurs autres, comme Caterpillar, et l’implantation dans le Sud des États-Unis des entreprises étrangères telle Toyota.

Le résultat du vote est d’autant plus marquant que Volkswagen n’a montré aucune opposition et a même coopéré à la campagne du syndicat. La direction désirait instaurer un comité d’entreprise à l’allemande afin de prendre en compte les avis des salariés, espérant booster la coopération et la flexibilité dans l’entreprise. L’UAW -voulant aller bien plus loin- profita de cette orientation pour prétendre que l’« unionization » était le pré-requis nécessaire à la formation d’un tel comité.

Dans la mise en œuvre, il essaya tout d’abord de contourner le vote à bulletins secrets par un vote sous « card check » : sous ce mode en effet le vote consiste simplement en la signature d’une carte par les salariés. Si une majorité accepte de signer le « card check », la direction peut alors estimer que cela dispense de la nécessité d’un vote secret. Huit salariés cependant portèrent plainte pour mensonges et intimidations perpétrés par l’UAW, et ils furent suffisamment appuyés par les autres salariés pour que la Direction refuse de valider le vote. Dans la foulée, l’élection fut cependant lancée de manière extraordinairement rapide, laissant peu de temps à l’opposition pour s’organiser. De surcroît, la direction de Volkswagen donna à l’UAW un accès libre à l’usine, aux tableaux d’affichage et mit à sa disposition une salle pour faire campagne. Elle lui fournit également la liste et les adresses des salariés de Volkswagen, alors que tout cela fut refusé aux opposants de l’« unionization ». Le syndicat reçut aussi l’appui du syndicat allemand de Volkswagen IG Metall. Les travailleurs allemands se sentent en effet menacés par la compétitivité de l’usine américaine, où les salaires sont inférieurs d’un tiers alors que le prix de l’énergie allemande ne cesse de monter.

En échange de tous les avantages donnés par la direction, le syndicat s’engagea seulement à ne pas diffamer Volkswagen ni faire grève pour une négociation collective. Il affirma également avoir retenu les leçons du passé, constaté le déclin de l’industrie et vouloir désormais le succès des affaires de l’entreprise. Mais les salariés eux aussi ont tiré les leçons du passé et n’ont pas voulu prendre de risque. Ils savent en effet que leur usine est en compétition avec le Mexique pour la création d’une nouvelle ligne de production. Par ailleurs, ils constatent la performance de l’usine, qui, sans syndicats, leur donne un salaire de 27 dollars de l’heure. Heureusement pour l’économie du Tennessee, le bon sens l’a une nouvelle fois emporté sur la manipulation.

 

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