Anne Hidalgo s’est plantée avec sa consultation sur les trottinettes en libre-service. Non que le sujet n’ait pas été digne d’une telle consultation. Surtout après les restrictions considérables que la maire de Paris impose à la circulation et au garage des voitures dans la capitale. Il ne va plus rester que l’usage des deux roues, motorisés ou non, lesquels se conduisent d’ailleurs aussi mal que les trottinettes… À part bien entendu les transports publics, lorsqu’il ne leur prend pas la fantaisie de rester au dépôt. Au passage, on pourrait demander pourquoi la dernière lubie de la Maire – interdire la circulation des voitures dans les quatre premiers arrondissements – n’a pas fait l’objet d’une consultation ? Nous avons ici la preuve que la démocratie directe n’est utilisée que lorsque cela arrange – ou croit arranger – l’autorité qui la décide.
Mais là n’est pas le problème que nous entendons signaler ici. C’est celui du fiasco d’une consultation qui ne recueille que 7,5% de votants : comment en tirer une conclusion quelconque ? Et comment penser qu’il n’en serait pas de même si l’on voulait étendre l’expérience dans notre pays, à l’instar par exemple de la Suisse ou de certains états des États-Unis ?
Tous les résidents parisiens étaient donc conviés à se prononcer sur la question suivante : « Pour ou contre les trottinettes en libre-service ? ».
Première difficulté, la question n’a apparemment pas été correctement comprise par bien des votants, qui n’ont pas vu qu’elle ne concernait que les trottinettes en libre-service. Or il y aurait en France 2,5 millions de possesseurs de trottinettes, qui ne seront donc pas concernés, ce qui démontre d’avance l’inefficacité de la mesure qu’entend prendre Anne Hidalgo[[Le processus normal eût été de se concerter avec le gouvernement afin de réglementer pour tous de façon efficace, sanctions à la clé, l’usage des trottinettes, pas d’interdire ou non cet usage selon que les usagers sont propriétaires ou locataires des engins.]].
Deuxième difficulté, seulement 100.000 Parisiens ont pris part à la consultation, soit 7,5% des Parisiens appelés à voter. Ce qui n’a pas empêché Anne Hidalgo de se féliciter de son initiative et de mettre fin aux contrats des trois loueurs à l’automne, ainsi que de crier victoire pour le – faux – résultat qu’elle attendait de ses vœux et sur la base duquel elle entend prendre sa décision d’interdiction.
Troisième problème, la consultation tourne au conflit de générations. Les médias sur place lors de la consultation ont noté que le vote n’a mobilisé qu’une population âgée, qui n’utilise quasiment pas les trottinettes. Pire, alors que l’usage des trottinettes est autorisé à partir de 12 ans, il fallait être inscrit sur les listes électorales pour voter, donc avoir 18 ans. Drôle de conception de la démocratie, qui interdit aux principaux intéressés de prendre part au vote qui les concerne ! Certes, les mineurs ne sont pas encore des citoyens à part entière, mais il n’en reste pas moins que la consultation a pêché de partout au plan de la représentativité de l’électorat.
Au total, cette consultation n’était vraiment pas une tentative valable d’instituer la démocratie directe dans notre pays. Le plus répréhensible au point de vue de l’honnêteté politique est d’avoir lancé cette consultation sur un sujet dont la Maire connaissait d’avance le résultat, alors que cette dernière se garde bien de consulter les Parisiens sur aucune de ses autres très nombreuses, très graves et contestables initiatives en matière de circulation.
2 commentaires
Deux remarques à propos de cette pertinente réaction :
La première est que les votes se suivent et ne se ressemblent pas : la démocratie sociale, qui prône le vote dans la rue, donne des sondages à 70% contre la réforme des retraites, la démocratie locale directe donne vote à 90 % contre les locations de trottinettes.
Dans le premier cas mobilisation exceptionnelle des marcheurs et probable absence des votants traditionnels mais au total moins de 10 % des gens marchent.
Dans le deuxième cas mobilisation également très faible (7%) mais particulièrement de gens âgés et qui s’expriment habituellement par le vote.
Que tirer de ces résultats hors fonctionnement institutionnel peut-être un peu plus sérieux ? Accessoirement il nous semble que le vrai problème n’est pas les trottinettes en location mais les trottinettes « sauvages » qui ont pour le moins un comportement insupportable. Les motos, difficiles à rattraper, connaissent l’existence d’un code de la route mais ne le respectent pas, les vélos et trottinettes l’inventent à leur gré à chaque déplacement. Ils ont été en cela largement encouragés par les municipalités.
Résultat : la jungle, des accidents, et des morts ! Combien de contraventions ont-elles été dressées et encaissées contre ces moyens de transport libres certes mais devenus anarchiques et dangereux ?
Trottinettes, un essai malhonnête de démocratie directe
Pour avoir « interviewé » un policier de mon quartier, j’ai appris qu’il leur a été demandé de ne pas verbaliser les conducteurs de vélos et trottinettes.
De toute façon,comment les rattraper ? En courant…
Je suis quand même d’accord avec l’idée d’une consultation populaire,même si seuls les plus vieux se sont dėplacés. Ce sont eux les plus concernés,ils n’ont plus l’âge de faire du vélo ou de la trottinette.
Comme pour tout vote,seuls se sont bougés ceux qui ėtaient intéressés. Les autres pouvaient se dėplacer s’ils se sentaient visés. Ce vote ne disqualifie pas le résultat obtenu,à mon avis.
Il montre ,aussi,combien la ville n’est plus adaptée aux personnes âgées. Au lieu de parler d’Epahd et de fin de vie sans arrêt,pourquoi ne pas penser à la vie courante de ceux qui ont vieillis ? Par exemple,en instaurant un rėseaude bus qui fonctionne ?