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Trop c’est trop ! Un chef d’entreprise qui n’en peut plus !

par Gilles Rigourex
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Sous la pression des ayatollahs de l’écologie, le Gouvernement est en passe d’interdire en France tous les vols intérieurs sur les destinations qui sont desservies par le train en moins de 2h30 depuis Paris. C’est un non-sens économique total, et une entourloupe écologique.

Tout d’abord, je précise que je suis un fervent partisan de la prise en compte des nécessités de préservation de l’environnement et des ressources non renouvelables. Je n’ai pas attendu la Conférence Citoyenne pour le Climat pour mettre en pratique dans mon entreprise de multiples mesures dans ce sens : obtention de l’écolabel européen dès 2016, bannissement de tout plastique y compris les bouteilles d’eau pour se désaltérer remplacées par des thermos écologiques et durables, télétravail lorsqu’il est possible et demandé par les intéressés et ce depuis plusieurs années, parc à vélos pour ceux qui l’utilisent, etc. Par contre, nous ne sommes pas passés aux 28 heures hebdomadaires.

Mais je suis aussi un fervent entrepreneur libéral convaincu que la coercition est a priori le pire mode de management et que toute vérité étayée est bonne à entendre. En apprenant cette invraisemblable nouvelle, mon sang n’a fait qu’un tour.
Car la vérité concernant le transport aérien visé par cette interdiction est la suivante.

Sur la pollution du transport aérien

L’extrait ci-dessous parle de lui-même. Il n’est pas contestable puisqu’il provient du site du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, DGAC, Service technique de l’aviation civile.

« À l’échelle globale, l’aviation contribue au réchauffement climatique par l’émission de gaz carbonique (CO2). Les différentes études reconnues au niveau international montrent que l’aviation est à l’origine de 2% des émissions de gaz carbonique tous secteurs confondus et de 13% de celles liées aux activités de transport dans le monde. En France, les émissions de CO2 liées aux vols intérieurs représentent 1% des émissions de gaz à effet de serre tous secteurs confondus et 4% des émissions dues aux transports (GIEC, 1999). »

Alors cessons de stigmatiser le transport aérien. Comme chef d’entreprise, je sais que lorsqu’il faut faire des économies, il n’y a pas de petit bout de chandelle. Mais je sais aussi qu’il vaut mieux s’attaquer aux gros courants d’air.

Sur les 2h30

Pourquoi cette barre a-t-elle été fixée à 2h30 ?

Curieusement, on a d’abord parlé de 2 heures. Car pour tout le monde, Lyon et Bordeaux sont à 2 heures de TGV de Paris. La vérité n’est pas tout à fait celle-là.

Aujourd’hui, mardi 23 juin, il y a 17 TGV programmés entre Paris-Montparnasse et Bordeaux Saint-Jean (source : OUIsncf). Tous mettent plus de 2 heures ! OK, ce n’est qu’un tout petit peu plus. 12 TGV mettent entre 2h08 et 2h24.

La limite a donc été délibérément fixée à 2h30, pas du tout par hasard. Les autres TGV mettent entre 2h45 et 3h25.

Aucun TGV n’arrive à Bordeaux avant 8h48 (celui-là met 2h54) ; le suivant arrive à 8h56 (il met 2h14).

Sur l’utilité pratique de ces dessertes aériennes

Nous prendrons à nouveau l’exemple de la desserte Paris-Orly – Bordeaux qui est la principale visée.

La navette Paris-Orly – Bordeaux a transporté 550.500 passagers en 2019.

Qui sont ces horribles pollueurs ? Il s’agit principalement mais pas uniquement de personnes en déplacement d’affaires. En supposant que cette clientèle se répartisse également sur tous les jours de la semaine, ce qui n’est probablement pas exact car il y a plus de demande en milieu de semaine que le week-end, cela représente quand même 1.500 passagers par jour. Pourquoi ne sont-ils pas allés prendre le TGV à la Gare Montparnasse ?

Il n’est pas nécessaire de faire des enquêtes pour le savoir. Parce qu’il était plus facile et plus rapide pour eux de se rendre à leur destination. Soit parce qu’ils habitent à proximité ou qu’ils peuvent se rendre à Orly plus facilement qu’à Montparnasse. C’est le cas de tous les Essonniens (ils sont 1.287.330 au recensement 2016 de l’INSEE), et d’une bonne partie des Yvelinois (1.431.808 au même recensement). Soit parce qu’ils se rendent à Mérignac même ou à un endroit plus rapide d’accès à partir de Mérignac plutôt qu’à partir de la Gare Saint-Jean (c’est par exemple le cas de tout le Médoc et du Bassin d’Arcachon). Soit les deux à la fois.

Or l’Essonne et les Yvelines d’un côté, Mérignac et le Médoc de l’autre côté, abritent un grand nombre d’entreprises importantes. Il y a plus de 900 entreprises employant plus de 50 personnes tant en Essonne que dans les Yvelines ; et Mérignac accueille des groupes importants tel Thalès, Colas, PNY Technologies, Sabena Technics, etc.

Alors pourquoi priver ces hommes et femmes d’affaires des facilités dont ils ont absolument besoin. Faire un aller – retour dans la journée se révèle souvent indispensable, et le télétravail ne peut pas s’y substituer.

La première navette arrivait à Mérignac vers 7h30 – 8h00. Il était donc possible de démarrer le travail dès 9 heures voire plus tôt ; et le soir de repartir plus tard sans arriver chez soi au milieu de la nuit.

Passons sur les passagers en transit à Orly sur les vols en provenance ou vers les Départements d’Outre-Mer et les autres destinations internationales. Mais dans la folie écologique, Orly va peut-être disparaître complètement ?

Certains m’objecteront sans doute qu’il existe une gare TGV plus près que Montparnasse, celle de Massy. Je les invite à se renseigner sur OUIsncf pour qu’ils constatent que cela n’arrange rien. De façon anecdotique parce qu’il faut bien en rire quand-même, vous y trouverez un TGV qui met 5h19 de Massy à Bordeaux en passant par Le Mans et retour à Montparnasse !

Sur l’extension de l’interdiction à toutes les compagnies

Au départ, cette interdiction des vols sur certaines destinations ne concernait qu’Air France en contrepartie des prêts de 7 milliards € qui lui sont consentis pour passer la crise. L’Etat lui donne deux obligations, confondant ses deux rôles. Celui d’actionnaire en lui demandant d’améliorer sa rentabilité économique notamment en supprimant ses lignes non rentables. Rien de plus normal. Mais aussi celui de « tutelle » d’un Etat omnipotent, non seulement en lui fixant des objectifs écologiques en contradiction avec les objectifs économiques, mais aussi en lui dictant et en lui imposant sa conduite.

Si Air France considère que certaines dessertes ne sont pas rentables, il est parfaitement légitime qu’elle décide de les arrêter. Il semblerait que ce soit le cas pour les courtes distances sur ses lignes intérieures. Dont acte !

Mais on peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles ces lignes ne sont pas rentables. Nous le savons : les coûts d’exploitation d’Air France sont nettement supérieurs à ceux de ses concurrents, en particulier du fait du coût du personnel navigant.

L’Etat est conscient que la place laissée libre par Air France serait immédiatement prise par lesdits concurrents (si on les y autorise en leur attribuant les créneaux qu’ils demandent). Car, eux, mystérieusement, sont parfaitement rentables sans aucune subvention. Il veut à tout prix les en empêcher. Si ce n’est Air France, ce sera la SNCF ou rien ! La rente de cette dernière serait-elle sous haute protection pour raisons syndicales ?)

Là encore, l’exemple de Bordeaux est intéressant.

Depuis 10 ans, la ville de Bordeaux s’est transformée. Elle est passée du rang de « bourgade de province » à « fleuron du tourisme français ». L’aéroport de Mérignac a vu son trafic passager passer de 3,27 millions en 2009 à 7,78 millions en 2019. Ceci malgré la mise en service de la ligne TGV. Le trafic opéré par Air France a baissé, mais il a été plus que compensé par celui des autres compagnies. Entre 2018 et 2019, le volume passagers d’Air France / Hop a baissé de 4,4% tandis que celui d’Easyjet a augmenté de 14,6% et celui de Ryanair de 142,3%. En 2019, Easyjet a enregistré 2.472.738 passagers (presque 1/3 du trafic de Mérignac), contre 1.886.878 pour Air France et 1.117.435 pour Ryanair.

Haro sur les low cost !

Le rôle de l’Etat n’est pas de supprimer ou de casser le marché, mais de le réguler. L’Etat autrichien le comprend très bien en interdisant aux compagnies de vendre des billets visiblement à perte sous la barre des 40 €. L’Etat français pourrait s’en inspirer, au lieu d’intervenir intempestivement dans le fonctionnement normal du marché et de la concurrence.

Sur les conséquences économiques et touristiques

Une fois encore, l’Etat n’a pas honte de ses propres contradictions. Il veut « à tout prix » relancer l’économie et le tourisme, mais il en décourage les acteurs.

Bordeaux est l’une des villes les plus écologiques de France. Elle est au 6ème rang mondial des villes les plus cyclables selon Copenhagenize. Le nouveau plan stratégique à 2023 de son aéroport « donne la priorité aux actions en faveur d’un développement écoresponsable, conciliant la croissance aéroportuaire, indispensable au développement socio-économique du territoire néo-aquitain, avec un développement durable, respectueux de l’environnement et des populations ».

Ses élus de tout bord, sauf le candidat Ecologie à la Mairie de Bordeaux, ont saisi le Premier Ministre en attirant son attention sur les conséquences économiques et touristiques d’une telle suppression des vols Orly – Bordeaux.

Des équipements touristiques importants ont vu le jour à Bordeaux ces dernières années. Citons la Cité du Vin (450.000 visiteurs annuels), le Musée Mer Marine, les tout récents Bassins de Lumières. Le Grand Port Maritime de Bordeaux s’est lancé dans la rénovation des yachts de luxe et voudrait étendre cette activité aux paquebots fluviaux.

Il y règne une réelle dynamique économique respectueuse de l’environnement et créatrice de nombreux emplois.

Il ne faudrait pas la foudroyer par des mesures abracadabrantesques conçues dans les cabinets ministériels du 7ème arrondissement de Paris, pas très loin de Montparnasse, ou sorties de l’imagination des 150 citoyens tirés au sort que des experts quasiment tous issus de la sphère écologique militante ont habilement endoctrinés.

 

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7 commentaires

Yves Buchsenschutz juin 25, 2020 - 11:12 am

Même ligne de pensée
Je suppose que dans la même ligne de pensée, nous verrons bientôt les déplacement inférieurs à 2 km interdits en voiture et obligatoires en vélo ? en attendant le moins de 1 km à pieds. (C’est à peu près le chemin inverse de ce que viennent de faire les chinois).

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Gilles Rigourex juin 25, 2020 - 11:13 am

Le nouveau PDG d’Air France n’est pas idiot,
mais je n’aimerais pas être à sa place.

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Gérard Dosogne juin 25, 2020 - 11:18 am

Les parisiens passeront par Londres pour aller à Nice !
Certes, mais si Air france ne peut , sur ces vols, accueillir que les voyageurs en transit , les avion seront vides , et donc AF en mettra peu. Il sera sans doute intéressant de regarder le transit par Londres . Si tout vol intérieur est interdit, les parisiens passeront par Londres pour aller à Nice!

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Gilles Rigourex juin 25, 2020 - 11:19 am

Roissy Bordeaux
La plupart des vols internationaux partent de Roissy, et Air France sera autorisée à continuer d’assurer les vols intérieurs desservant son hub, donc il y aura encore des Roissy Bordeaux.

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Gérard Dosogne juin 25, 2020 - 11:20 am

Très bon exemple concret
Ne passez-vous pas trop vite sur les liaisons entre Bordeaux et le reste du monde , avec Orly/Roissy comme hub . Si vous voulez aller à Tokyo, New york , Los Angeles ou Rio, il faut passer par Paris…. si l’on veut prendre Air France . Mais avec la nouvelle règle stupide, il sera sans doute plus rapide de passer par Londres ou Madrid avec British Airways ou Iberia (et c’est vrai aussi pour les habitants de ces pays lointains…) . Voilà encore un beau cadeau fait par les « écolos » à la compagnie nationale en partie financée par nos impôts

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Eschyle 49 juin 25, 2020 - 12:20 pm

Essayez l’avion de brousse , décollage & atterrissage en 37 mètres, qualifié IFR .
Essayez l’avion de brousse , décollage & atterrissage en 37 mètres, qualifié IFR :
https://lf5422.com/2020/04/02/pzl-wilga-2000-draco/

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Catherine MEYER juin 25, 2020 - 3:36 pm

Quand est-ce que l’état se concentrera sur ses fonctions régaliennes, et arrêtera de nous compliquer la vie?
Tout à fait d’accord avec l’analyse effectuée.
L’état est incapable de gérer proprement la police, l’éducation nationale, la santé, …mais concentre son énergie à couper les cheveux en quatre et à nous complexifier le quotidien. Cela coute de l’argent en freinant la création de valeur pour le pays.
Et que dire du ministère de l’écologie, qui comme vous le faites remarquer se concentre sur 1% des émissions de CO2 sans faire une analyse pertinente…
Nous souffrons à tous les niveaux d’une multiplication de couches bureaucratiques, manipulées par les lobbies, voire manipulée par leur propre cerveau tortueux…
Le problème est que ce constat se répète depuis plus de 20 ans, mais que ces couches se multiplient comme un cancer pour accueillir les copains des différents partis qui se succèdent élections après élections.
Quel en est le remède? Il y a un tel fossé entre nous citoyens et les bureaucrates-politiques…
Il y a une telle impunité sur des mesures, qui année après année mettent le pays à genoux!

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