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Toute augmentation du Smic coûte cher à la Sécurité sociale !

par Bertrand Nouel
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Aïe ! Il y a des cas où l’économie – les chiffres – jouent des mauvais tours à la politique. Tous les candidats, ou presque, s’engouffrent dans l’augmentation du Smic. Valérie Pécresse en avait fait une mesure phare, avant de s’aviser qu’il vaudrait mieux le promettre sur l’étendue des cinq ans du quinquennat[[10% sur 5 ans, ça ne veut rien dire : en euros courants ou en euros constants ? Les journalistes n’ont pas posé la question. En 2017, dans une période sans inflation, il était à 1.466 euros, et a donc augmenté de 9,3% sans « coup de pouce ». Rappelons que le Smic fait l’objet d’une indexation légale.]]. Idem pour Marine Le Pen. A l’extrême gauche, on va jusqu’à 2.000 euros, tout de suite semble-t-il (le Smic mensuel est actuellement à 1.603 euros) : en un mot c’est un must de la campagne. L’un des problèmes, en dehors des gros toussotements du Medef, c’est que la Sécurité sociale va voir son financement fondre comme neige au soleil ! Pourquoi ? En raison des considérables abattements des cotisations sur les bas salaires et jusqu’à 3,5 Smics.

Effets d’une augmentation du smic de 10% hors inflation

+Sur les salaires bruts+

Fin 2021, il y a environ 2 millions de salariés payés au Smic (13% des salariés). Globalement, les salaires bruts augmenteront donc de 160 € x 12 x 2 mio = 3,84 milliards par an. A noter que les entreprises bénéficieront toutefois d’une assiette plus large des exonérations Fillon dégressives jusqu’à 1,6 Smic sur les cotisations patronales (voir ci-dessous).

+Sur les cotisations patronales+

Sur la réduction Fillon sur les bas salaires.
Au niveau du Smic, et de façon dégressive jusqu’à devenir nulle au niveau de 1,6 Smic, la réduction des cotisations patronales, d’origine passage aux 35 heures (encore lui !), porte sur 33% des salaires (source Fipeco). Un déplacement du Smic vers le haut de 10% (soit 1.763 euros mensuels) fera donc perdre à la Sécurité sociale 33% des salaires perçus par le nombre de salariés compris entre 2 millions et le nombre de salariés qui perçoit 1.763 euros au moment de la réforme[[Il faudra aussi tenir compte de la différence (éventuelle) due au fait que la population des salariés percevant entre 1 et 1,6 Smic et concernée de façon dégressive est décalée vers le haut des salaires.]]. A supposer qu’il s’agisse de 300.000 salariés, la perte serait de 1.763 x 33% x 12 X 300.000 = 2,13 milliards d’euros par an.

Sur la réduction de 6 points des cotisations d’assurance maladie jusqu’à 2,5 Smics.
Le même raisonnement s’impose et les mêmes calculs doivent être effectués s’agissant de cette réduction datant de 2019, et qui fait suite en compensation à la suppression du CICE. Il s’agira alors de la population des salariés percevant 10% de plus que 2,5 Smics (calcul non disponible).

Sur la réduction des cotisations de la branche famille applicable jusqu’à 3,5 Smics.
Enfin, la Sécurité sociale perdra encore des ressources du fait de l’élargissement de l’assiette de cette exonération, jusqu’à 3,5 Smics, et portant sur 1,8% de la cotisation (4,35 au lieu de 5,25%). Le calcul n’est pas non plus disponible.

Conclusion

La France a fait le choix du niveau généralisé de Smic horaire[[Ce qui n’est pas vrai du Smic mensuel, en raison de l’application des 35 heures, tous les autres pays calculant leur salaire minimum sur une base comprise entre 38 et 41 heures.]] le plus élevé jusqu’à présent. En compensation pour les entreprises et afin de ne pas pénaliser l’emploi, des exonérations importantes, particulièrement au niveau du Smic, ont été accordées. Mais ceci se traduit par un écrasement de l’échelle des salaires bruts, au point que le rapport entre Smic et salaire médian se situe à 62% en France, alors qu’il est nettement au-dessous de 50% en Europe (sauf au Royaume-Uni, 55%).
Ce phénomène est très préoccupant pour des raisons évidentes, et ne doit pas être encore accru. Or, la réponse générale des candidats à la présidence tend au contraire à un resserrement supplémentaire de l’échelle des salaires. Et l’une des conséquences fâcheuses supplémentaire consisterait à tarir une partie non négligeable des ressources de la Sécurité sociale.

 

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1 commenter

Peyo février 24, 2022 - 3:12 pm

Toute augmentation du Smic coûte cher à la Sécurité sociale !
La voilà donc la solution au déficit chronique de la SS, diminuer le SMIC. Il y aura ainsi moins d’exonérations. « Salauds de pauvres ! » comme disait Gabin dans « La traversée de Paris ».
Nous ne sommes pas gouvernés par des politiques, pas même par des économistes, mais par des comptables. Ces comptables à propos desquels O. L. Barenton confiseur disait, sous la plume d’Auguste Detœuf.
« Il y a trois sortes d d’êtres au langage mystérieux : les plus aisés à comprendre sont les Fous, puis viennent les Polytechniciens, et enfin les Comptables »
Detœuf, ancien élève de l’Ecole polytechnique et chef d’entreprise (créateur d’Alstom) savait sans doute ce qu’il disait.

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