En 2022, pratiquement tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut réindustrialiser l’économie française, avec cependant quelques nuances écologiques. Le problème est-il bien posé ? En tout cas c’est un projet immense dont certains économistes estime sa durée à vingt ans.
La désindustrialisation a eu pour origine plusieurs causes politiques qui remontent aux années 70. Une vision tertiairisée de l’économie, une forte confiance dans le développement des échanges internationaux, les avantages de la spécialisation des économies qui échangent entre elles (draps d’Angleterre et vins du Portugal comme le démontrait Ricardo), et la supériorité symbolique des cols blancs par rapport aux cols bleus.
Dans le contexte de l’époque ces justifications étaient relativement cohérentes. L’Allemagne ne les avait cependant pas suivies, très certainement grâce à une attitude de préférence et de fierté pour le « made in Germany ».
De nos jours, l’environnement de l’économie a complètement changé : mondialisation, complexification de tous les produits et services, nécessité d’innover, numérisation générale, décisions politiques relatives à la protection de l’environnement, et depuis peu, d’importantes incertitudes face à des situations politique entre grandes puissances et autre COVID … Ceci se traduit par d’importants changement dans les entreprises : recherche de nouvelles stratégies, compétences, cultures de management. Tout cela dans des organisations d’entreprises dans lesquelles, sont imbriquées, de la production au sens classique, des services, du conseil, du service après-vente, des consommations intermédiaires d’origine géographiques différentes, des canaux de distribution variés, des interconnexions tous azimut et bien sûr de la robotique.
Les objectifs politique de la réindustrialisation de la France sont nombreux
– Reconfigurer une économie qui tende vers le plein emploi alors que le niveau de chômage de la France est juste au-dessus de celui des PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne)
– Réduire les risques de ruptures d’approvisionnement des consommations intermédiaires et finales de produits fabriqués à l’étranger et qui sont stratégiques dans les process de production ou par exemple pour la santé
– Créer des entreprises moins polluantes y compris, celles qui avaient été délocalisées
– Améliorer l’attractivité de la France notamment en simplifiant et en diminuant les procédures administratives comme par exemple les délais sur les plans d’occupation dans les communes
– Faire des économies d’énergie
– Repenser les raisonnements d’alternatives entre risques et compétitivité
– Envisager des solutions comprenant des back-ups d’approvisionnements géographiquement répartis
– S’orienter vers une souveraineté apaisante et économiquement efficace
– Ne pas hésiter à copier les attitudes dans les industries de pays concurrents (créativité, pragmatisme, organisation…)
– Nous faire préférer le Made in France
Ce qu’il faut faire
Les recommandations économiques concernant les baisses voire les suppressions des impôts de production et des taxes ainsi que des réformes du droit du travail et des normes vers beaucoup de simplicité et de souplesse sont aujourd’hui bien partagées. Dans la nouvelle industrie, la priorité vers la gestion des risques devra aussi s’accompagner de niveaux de productivité élevé du capital, du travail et de la logistique. Mais pour réussir la réindustrialisation, les actions les plus difficiles seront vécues sur le marché de l’emploi qu’il faudra complètement rééquilibrer. En 2022, sans rentrer dans le détail des catégories, il y a en France plusieurs millions de chômeurs et plusieurs centaines de milliers d’entreprises qui n’arrivent à recruter ! Et pour la nouvelle industrie, il faudra engager une véritable révolution qui devra d’abord être culturelle. Sortir de la symbolique col bleu col blanc et réviser l’éducation nationale qui, plus que jamais devra apprendre à apprendre et apprendre à se diriger vers les métiers en demande. Ce sera une tâche difficile car il faudra expliquer, convaincre et séduire. La question est alors de savoir qui fait quoi pour organiser ce changement dont certaines composantes sont très techniques et très complexes : l’administration, le marché, des nouveaux organismes, les syndicats d’entreprises ?
Les plus optimistes envisagent une réindustrialisation, c’est-à-dire, passer de 10 % à 18 % du PIB avec 4,2 millions d’employés industriels en dix ans ce qui impliquerait un recrutement de 35000 nouveaux employés tous les mois. Pour les plus réalistes on partirait sur vingt ans avec 17500 nouveaux employés industriels par mois.
En France on n’aime pas trop se confronter au principe de réalité de l’économie. Il faudra donc beaucoup de détermination et d’esprit d’adaptation face aux changements qui par définition sont le passage d’une ancienne réalité connue vers une nouvelle réalité souvent imprévisible.
Formuler des recommandations comme dans cet article, c’est plutôt facile, mais il faut bien comprendre que les objectifs des futurs acteurs de la nouvelle industrie se situeront à de très haut niveau. Le nom du ministre qui aura atteint ces objectifs s’inscrira dans l’histoire.
2 commentaires
Relancer l’industrie française
1- remplacer seulement 1 fonctionnaire sur 2 qui partent en retraite.
2- les associations de pme/pmi, artisans, et autres unipersonnelles géreront l’attribution des subsides que Bercy sera chargé (loyalement) de leur faire parvenir pour redistribution directe en dehors du circuit des banques (félonnes).
3- L’innovation sera traitée par ces mêmes associations pour autant que les membres délégués pour examiner les projets présentés n’entrent pas en concurrence avec les objets des dits projets.
ROBOTISER OU MOURIR !
intérêt collatéral : utiliser la compétence de certains de nos chômeurs pour le bien de tous.