Le déclin industriel de la France une fois acté, il importe de comprendre pourquoi et surtout comment y remédier.
Concernant le pourquoi, un article récent de Terra Nova[[Lionel Zinsou – Les inquiétudes françaises : quelles données ? quel récit ?]] avançait l’idée que les Français avaient souvent privilégié l’investissement à l’étranger plutôt que l’exportation. Il est vrai que cette tendance existe, mais la France, si on la compare à quelques-uns de ses grands concurrents n’est pas forcément très bien placée : en 2019 par exemple, la France a investi 39 milliards de dollars US à l’étranger quand l’Allemagne en investissait 139, le Japon 227 et les USA 94 ! Quand par ailleurs il y a rapprochement entre les sociétés françaises et étrangères, c’est bien souvent dans un autre pays que se trouve le nouveau siège : par exemple HOLCIM, en Suisse, où LUXOTTICA, en Italie. On ne peut s’empêcher de penser que ces cieux apparaissent plus cléments aux investisseurs. Nous sommes tout au plus dans une situation comparable en terme d’IDE, mais surtout nous exportons peu. Cette démarche ne nous est pas naturelle. On disait autrefois que les Français n’aimaient pas voyager : ils commençaient d’ailleurs par ne pas connaître les langues.
Claude Sicard revient longuement dans son article sur le constat et les conséquences de cet aveuglement. Il nous semble que sa démonstration, largement acceptée désormais, n’est plus contestable. Reste à imaginer les solutions : le patient est tellement malade qu’il réclame certainement un traitement de choc. Il propose une aide massive directe de l’État mais celle-ci n’est pas forcément compatible avec les engagements européens de notre pays. On peut par contre trouver d’autres formes, plutôt par des aménagements de charges. Par ailleurs, l’état s’est souvent trompé.
Mais la vraie bonne nouvelle est peut-être la montée en puissance de nouvelles générations d’entrepreneurs décidés à prendre des risques et à se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise. Un autre moyen plus vertueux serait peut-être de les encourager en déblayant le terrain devant leur avancée. La création et le développement de licornes, même si certaines culbutent en route, est lui un vrai signe d’espoir. L’IRDEME et Bernard Zimmern ont déjà démontré depuis plus de 10 ans que la maladie congénitale France était le manque de création d’emplois marchands, lequel ne pouvait venir raisonnablement que de nouvelles entreprises : nous savons maintenant qu’elles doivent être si possible aussi, industrielles.
3 commentaires
Réindustrialisation de la France, pourquoi, comment ?
Pour réindustrialiser la France, il faut former suffisamment d’ingénieurs. On n’en prend pas le chemin en supprimant l’enseignement des mathématiques à partir de la seconde et en supprimant les corps techniques de l’administration au profit de la bureaucratie. Mais également en supprimant les recrutements élitistes d’Henri IV et Louis le Grand. Le classement TIMMS nous classe 30e sur 31.
j’ajoute que Thierry Breton à Bruxelles s’est insurgé du problème des normes. Espérons que l’Europe va se bouger à ce sujet. Mais il reste que pour investir les entités qui s’occupent de normalisation il faut des ingénieurs. Bref! C’est toujours le même problème.
Réindustrialiser par l’entreprenariat
Le dernier ouvrage de Jérôme Fourquet montre très bien que la désindustrialisation a touché surtout le tissus des « petites » industries implantées dans les zones rurales. Des usines de 100 à 300 personnes. L’Allemagne a un tissus de PMI qui explique ses excédents commerciaux. En France, nos licornes, il me semble, sont surtout dans les services notamment digitaux. Elles peuvent s’implanter n’importe où. Et créent de multiples emplois qualifiés. Faut-il considérer que c’est cela la « nouvelle industrie » ?
Ce qui n’empêche pas que nous pourrions encourager les vraies PMI. En leur simplifiant la vie. En les aidant à se financer avant de se faire racheter par des étrangers. En leur fournissant des personnes qualifiées, donc des ingénieurs.
Les Français ne sont pas mauvais au Concours Lépine. Mais c’est ensuite que ça ne fonctionne plus. Il parait que le champion mondial des brouettes est Français ? Il n’y a pas de sotte production.
Pour ceux qui vont tirer les marrons du feu (morituri te salutant ?)
En étant optimistes, il ne vous restera que la portion congrue, sauf à réduire drastiquement le poids de l’état !