Tous les syndicats crient au meurtre à l’idée de voir le nombre de fonctionnaires diminuer de 500.000 et annoncent que le service public ne pourra plus faire face à ses tâches. Les tenants de la réduction du nombre de fonctionnaires répliquent en parlant d’améliorer leur productivité et de travailler plus. La réalité est beaucoup plus vulgaire : sur les 5 millions de fonctionnaires que compte la France, près de 2 millions se demandent à quoi ils servent et un bon million sait qu’il est tout simplement au placard, sans bureau, sans ordinateur, sans aucun travail à faire.
Cela fait plus de dix ans qu’une jeune attachée à la Sécurité sociale, entrée dans le service public par intérêt général, s’est retrouvée sous les ordres d’une sous-directrice qui lui a demandé pendant des semaines de refaire la même note, le même compte-rendu jusqu’au moment où elle est partie, ayant craqué psychologiquement. On aurait pu mettre cette histoire sur le fait d’un règlement de compte personnel si les statistiques ne démontraient pas que les administrations ne savent plus quoi faire de leurs personnels en dehors des hôpitaux (dans les hôpitaux, parlons seulement des opérationnels et pas des administratifs dont le nombre a décuplé depuis 81) et des services de police et sécurité.
Ceux qui sont familiers de l’administration savent que l’une des solutions proposées aux fonctionnaires au placard est de les faire mettre en invalidité, généralement au titre de troubles psychologiques ; le revenu d’une telle pension est inférieure à ce que touche l’intéressé en activité, mais le stress de n’avoir rien à faire disparaît.
On ne peut d’ailleurs qu’être inquiet en constatant que le nombre des pensions d’invalidité versées dans la fonction publique de l’État et dans les collectivités locales est, par rapport au nombre de personnes y travaillant, plus de 2 fois plus élevé que dans les entreprises privées (voir le rapport 2016 de la DREES sur les retraités et les retraites : sur les 918.000 pensions, 30% pour les fonctionnaires et 65% pour le régime général…).
Les preuves de l’étendue des placards ? « Absolument dé-bor-dée » de Zoé Shepard (ou tous les autres ouvrages moins connus comme « Abruti de fonctionnaire » de Henri Rouant-Pleuret) ; mais aussi le dénombrement, par le recensement, des fonctionnaires travaillant dans les communes de France (et pas ceux y habitant) ; une fois enlevées les communes où se situe un aéroport ou une caserne, comment expliquer que ce nombre atteigne 150 par 1.000 habitants dans les communes de 25.000 à 50.000 habitants les plus fonctionnarisées, et 11 – soit près de 15 fois moins – dans les communes qui le sont le moins ? En tête Puteaux où il n’y a ni caserne ni aéroport mais où la mairie bénéficie d’une montagne de revenus grâce à tous les sièges sociaux qui y sont établis.
À l’autre extrême, comment désigner la marée de hauts fonctionnaires qui passent du Conseil d’État, de l’Inspection des finances ou de la Cour des comptes aux cabinets gouvernementaux au moment de l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle majorité et qui croisent ceux provenant des mêmes cabinets ministériels qui ferment, et retournent dans ces grands corps ? Aux États-Unis, cela s’appelle le « spoil system» et les Français sont choqués d’apprendre que près d’un millier de tenants de hauts postes sont remplacés après un changement de majorité présidentielle américaine. Mais avec une trentaine de ministres ou de secrétaires d’État nouveaux et des cabinets dont le nombre réel dépasse très souvent et très largement la dizaine, nous sommes déjà en France dans les mêmes ordres de grandeur, rien que dans les cabinets ministériels.
D’ailleurs, comment expliquer que le Japon soit parfaitement administré avec un pourcentage de fonctionnaires dans la population active qui, constitutionnellement, est inférieur à 7%, que ce pourcentage soit de 12% aux États-Unis, de 15% en Grande-Bretagne, qu’il soit retombé à ce niveau en Allemagne, et qu’il soit de 25% en France ? Et ceci alors que nos services publics y sont dans l’ensemble plus mauvais qu’ailleurs, comme l’a montré une grande étude du Reader’s Digest des années 2000 ? Ceci vérifie d’ailleurs la règle selon laquelle la qualité d’un service chute lorsque le nombre de personnes qui y sont affectées dépasse celui pour lequel tout le personnel se sent indispensable dans son travail.
Le chiffre de 500.000 avait été lancé il y a quelques années parce que 100.000 aurait paru trop faible, 2 millions aurait paru impossible (c’est pourtant le nombre de fonctionnaires que nous aurions en moins si nous étions alignés sur l’Allemagne) et que 10% apparaissaient raisonnables.
Mais s’il ne faut pas se lancer dans une bataille de chiffres, il est certain que le rôle du prochain gouvernement de la France sera de réduire suffisamment ce nombre, pour que, sur le million de fonctionnaires au placard une grande partie reprenne une activité, et que les fonctionnaires qui resteront aient conscience d’être réellement utiles au service de leur pays.
7 commentaires
Réduire de 500 000 le nombre de fonctionnaires, c’est permettre à 500 000 de sortir du placard
C’est aussi supprimer à terme 500 000 emplois. Au point où nous en sommes…
Réduire de 500 000 le nombre de fonctionnaires, c’est permettre à 500 000 de sortir du placard
C’est aussi supprimer à terme 500 000 emplois? Faux: 500.000 postes de fonctionnaires en moins, c’est 1 million d’emplois supplémentaires créés dans le secteur privé comme le montrent régulièrement les études de l’iFrap.
Réduire de 500 000 le nombre de fonctionnaires, c’est permettre à 500 000 de sortir du placard
Ben voyons ! Moins par moins ça fait plus, tout le monde le sait. Et si les modèles économétriques d’iFrap le disent il n’y a plus qu’à se taire. Ou à prier pour qu’ils soient exaucés.
Réduire de 500 000 le nombre de fonctionnaires, c’est permettre à 500 000 de sortir du placard
N’oublions pas les lois de Parkinson applicables à l’administration:
La première loi de Parkinson : si vous donnez un mois pour réaliser un travail qui peut être réalisé en une semaine, la réalisation du travail donné prendra effectivement un mois.
La seconde loi de Parkinson: les collaborateurs cadres préféreront, en cas de surcharge de travail, déléguer massivement à des subordonnés plutôt que d’intégrer des cadres « rivaux » pour assurer une partie de la charge de travail. Cette délégation excessive remplira à elle seule le temps de travail des équipes par les temps de réunions, de rédaction de rapports, de compte-rendus, de routine de projets, etc. En d’autres termes : plus il y a de subordonnés sur un projet et plus l’organisation crée d’elle-même une forme de désordre de nature à remplir le temps de travail.
La troisième loi de Parkinson : au-delà d’un certain volume, l’organisation s’occupe de sa propre organisation ! La gestion des personnels, des rapports et des réunions suffit à occuper l’ensemble de l’organisation, sans qu’elle ait le moindre travail à fournir
Réduire de 500 000 le nombre de fonctionnaires, c’est permettre à 500 000 de sortir du placard
Combien y a t-il de « Préfets hors classe » sans affectation, rémunérés pour rester chez eux ? Dans l’Education Nationale, bastion auquel aucun gouvernement n’a osé s’attaquer (rappelons nous le « Mamouth » de Claude Allègre), il y a 286.000 « Personnel Administratif et de support » (hors assistants d’éducation) pour 925.000 enseignants, soit un rapport 1/3 – 2/3 personnel « non directement productif » – « personnel productif » ; quelle entreprise survivrait à un tel ratio ? Dans les Commissariats, combien y a t-il de policiers formés pour être sur le terrain qui sont en fait contraints de saisir des PV de plaintes ? etc. Supprimer 1 fonctionnaire sur 2 ou 3 partant à la retraite n’est pas une solution, il faut supprimer tous les « corps » afin de rendre totalement mobiles tous les fonctionnaires, supprimer des services qui ne servent à rien (combien y a t-il de services qui s’occupent des routes à tous les échelons ?), vendre des véhicules et des bâtiments, etc. Bon courage !
Réduire de 500 000 le nombre de fonctionnaires, c’est permettre à 500 000 de sortir du placard
+ 500 000 autres qui font des cocottes en papier. . .
Réduire de 500 000 le nombre de fonctionnaires, c’est permettre à 500 000 de sortir du placard
Tout à fait d’accord car en prenant simplement la règle des gains liés au doublement d’expérience un gain de 10% ,notamment sur les tâches administrative est tout à fait réaliste .
Cf pièce jointe .
http://www.bluelean.fr/blog/do/tag/courbe-d-experience/