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Recul de l’âge de la retraite : pourquoi les français sont les seuls à le refuser ?

par Bertrand Nouel
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La réforme des retraites c’est compliqué, d’accord. Mais la justice égalitaire pour tous les individus, c’est aussi un objectif irréalisable. Et les Français jouissent d’un âge légal de retraite très inférieur à celui en vigueur autour de nous. Et puis, notamment jamais dans l’Histoire les fonctionnaires et assimilés n’ont profité d’une aussi longue période de vie après leur départ en retraite avec l’allongement de la durée de vie. Que se passe-t-il en France, à la fin des fins ?

Agents publics et exemple des policiers et des pompiers

Il y a quelques jours, on a entendu les pompiers trouver scandaleux d’avoir à reculer de deux années l’âge légal de leur retraite, pour passer de 57 à 59 ans. Les soldats du feu sont nos héros civils, d’accord, et toute mise en cause de leur contestation ne peut qu’être vilipendée que comme un insupportable attentat à cette profession magnifique. Et pourtant, osons-le. Peut-on sérieusement prétendre qu’à 59 ans on n’est pas encore dans la force de l’âge, et ne confond-on pas pénibilité avec les risques du métier, qui eux sont indépendants de l’âge ? Et dans une brigade de pompiers, n’est-on pas capable de mettre en première ligne les plus jeunes ?

Dans une étude sur la comparaison internationale des retraites des agents publics effectuées par le Sénat, on extrait les remarques suivantes relatives à la réglementation allemande :
« Les fonctionnaires [allemands] peuvent partir à la retraite à partir de l’âge de soixante-trois ans, sans condition de durée d’activité, en subissant des décotes de 3,6 % par an au moins, 10,8 % au maximum. Lorsque l’âge de départ sera reporté à soixante-sept ans, les décotes seront de 14,4 % au maximum. Il n’existe, en revanche, pas de surcotes pour les pensions des fonctionnaires, ces derniers partant très rarement à la retraite au-delà de l’âge légal. Certaines catégories de fonctionnaires, en particulier les policiers et les pompiers, bénéficient d’un âge de départ dérogatoire. L’âge légal de départ à la retraite des policiers fédéraux est aujourd’hui de soixante ans, mais il doit être aligné sur l’âge normal en 2029. Seuls les pompiers fédéraux continueront de bénéficier d’un régime dérogatoire, l’âge de leur départ à la retraite passant de soixante ans aujourd’hui à soixante-deux ans en 2029. »

60 ans pour les policiers à l’heure actuelle, 67 ans en 1929 si l’on comprend bien. En France, c’est 52 ans d’âge légal, mais 57 ans d’âge effectif. Ce qui signifie une surcote importante, et souligne l’aberration de l’âge légal. En tout cas, très loin du cas allemand. Idem pour les pompiers, 60 ans (au lieu de 57 en France), qui passeront à 62 ans, et encore seulement pour les pompiers fédéraux.

Quelles explications ?

De quoi arrêter le pays ? Comprenne qui pourra. Deux explications plausibles : les privilèges sont la chose au monde la plus difficile à abolir. Et surtout, si la crise sociale actuelle n’avait aussi qu’un rapport partiel avec la réforme de la retraite, et exprimait une protestation contre un ensemble de causes, dont la perte de pouvoir d’achat avec l’inflation, et le fait encore plus général que la France vit au-dessus de ses moyens, fait que le bon peuple n’est certainement pas apte à admettre – et qu’aucun gouvernement n’a d’ailleurs cherché à faire admettre[[Dans une interview d’une secrétaire confédérale CGT, on entend dire que sur les dix dernières années la France aurait connu une croissance annuelle de 2 ou 3%, alors qu’elle n’a été que de 1%.]] ? Pauvre gouvernement, censé garantir ses administrés contre l’air du temps. Le seul avantage pour lui, c’est de rassembler en un seul épisode toutes les causes de protestations, de faire en quelque sorte d’une pierre deux (ou trois) coups : s’il reculait sur l’âge de la retraite en abandonnant la réforme, les manifestations ne reprendraient-elles pas de plus belle, par exemple sur le pouvoir d’achat, alimentées par les protestations contre les fameux bénéfices et dividendes de certains prétendus profiteurs de guerre, que d’ailleurs notre Président a lui-même imprudemment fustigés ?

 

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