Pour retrouver ne serait-ce qu’un équilibre annuel de nos comptes publics nous avons à résoudre le problème d’une impasse d’environ 120 milliards d’euros (source Fipeco F. ECALLE).
Côté recettes et prélèvements de toutes sortes nous sommes déjà médaille d’or mondiale toutes catégories1. Ce n’est donc pas, comme le laissent croire certains partis politiques à gauche mais aussi à l’extrême droite, par la chasse « au gaspi » que nous avons une probabilité raisonnable d’y arriver.
Certes nous avons peut-être encore un peu de temps pour le faire mais la plupart des mesures n’ont pas de conséquences instantanées et les prêteurs risquent à tout moment de présenter la facture. Depuis lors, de plus , le risque Russe est venu malencontreusement s’ajouter à la problématique.
Dans ce même article, il saute aux yeux de la France ne peut pas être compétitive en étant le mieux disant sur la totalité des paramètres du temps de travail : nous sommes champions de la semaine la plus courte, des vacances les plus longues, de la retraite la plus précoce et du temps de travail annuel le plus faible. D’une manière ou d’une autre il va falloir choisir et revenir quelque peu dans le peloton de nos compétiteurs.
1.Revenir à un temps de travail sur la vie compatible avec notre nouvelle espérance de vie et le comportement de nos compétiteurs. Accessoirement garder un œil sur les conséquences pour les entreprises et leur compétitivité.
Certaines choses sont plus simples que d’autres : l’apprentissage permet un démarrage dans la vie active plus précoce, génère des cotisations et des droits plus tôt pour la retraite mais il faut faire attention à ce que cela ne devienne pas un gouffre financier. L’objectif est d’avancer le plus possible l’entrée dans la vie productive et le travail rémunéré. (Lequel semble plus tardif en France que dans d’autres pays). A chiffrer.
Reculer l’âge de la retraite d’une année, ou d’ailleurs augmenter d’un an la durée nécessaire pour supprimer une décote, permet à la fois une économie de dépenses – environ 10 Mds par recul d’un an- (moins longtemps à la retraite) et un gain de cotisations – environ 4 Mds/an. C’est probablement le levier le plus puissant. À noter qu’en échange, les retraités gagnent aujourd’hui plusieurs années d’espérance de vie supplémentaires ( on ne parle jamais de cette « valorisation » )
GAIN # 15 Mds
Diminuer de 1% par rapport à l’inflation, la revalorisation des retraites en cours. À noter que ce mécanisme a déjà été utilisé de manière discrète pendant la période pré COVID et ceci sur plusieurs années. Du point de vue des retraités touchés par cette mesure, on peut arguer que c’est une sorte de compensation du fait qu’ils sont partis à la retraite à 60 ans alors que la modification de l’espérance de vie aurait déjà demandé un départ plus tard. Ce phénomène est de plus possiblement répétitif mais il a des limites tout de même.
GAIN # 3M
Le point suivant concerne la quantité de travail productif, et son contraire, le chômage. Tous les pays confrontés à ce problème et qui se sont rapprochés significativement du taux considéré comme incompressible de 4 %, ont actionné plusieurs paramètres : augmentation des droits acquis nécessaires, réduction et/ou limitation des indemnités tant en montant qu’en durée, obligation de prendre des postes à pourvoir après un certain nombre de refus. À noter que des études détaillées donnent un niveau de chômage longue durée de près de 40 % dans toutes les catégories d’âge ce qui peut correspondre à une volonté disons moindre d’accepter de pourvoir à ses propres besoins. Le coût du chômage est non seulement de 5 milliards par an et par point en % (40 Mds au total) mais aussi un manque de cotisations d’un peu plus de 1 Md par an, toujours par point de chômage résolu.
C’est donc de nouveau un gisement très important. L’argument principal est qu’il n’est pas normal de ne pas travailler ! C’est-à-dire participer à la création de la richesse collective dont on veut profiter.
GAIN 6 Mds/pt
L’ensemble des durées, de vacances, de RTT, d’absentéisme et arrêt de travail, de jours de carence. Compte tenu de sa situation budgétaire la France devrait revenir progressivement à la moyenne européenne au moins à défaut d’être le moins-disant. (> à 1 Mds)
GAIN à chiffrer
Les régimes spéciaux devraient progressivement, au moins pour ceux garantis par l’État, se rapprocher des standards nationaux2. Quelle justification autre que l’histoire ?
GAIN à chiffrer
Une gestion « active » et raisonnable du temps de travail est donc susceptible de rapporter près de 30 Mds d’économie chaque année ! A noter que cela n’interdit aucunement de rabaisser plus tard l’âge, si la productivité augmente, mais en fonction également de notre environnement concurrentiel.
Par ailleurs, on ne peut pas quitter ce problème sans signaler celui de la démographie : notre système, principalement basé sur la répartition, est sous-tendu implicitement par une démographie positive ou pour le moins stable. La France qui avait été un bon élève de ce point de vue pendant des années a vu sa situation se dégrader depuis 3 ou 4 ans : nous rejoignons en particulier la plupart des pays développés. Les pays prévoyants ont déjà introduit une part de capitalisation ce qui d’ailleurs ne résoudra pas totalement la diminution de la population active à terme par rapport aux inactifs dépendants de services, en particulier en fin de vie. Se pose au passage la question du financement simultané des deux systèmes.
2. Pour terminer ce rapide tour d’horizon des économies à réaliser dans le domaine des dépenses sociales, il paraît évident qu’il faut s’attaquer, même si cela prendra du temps, à deux « mammouths » de dépenses collectives à savoir la santé et l’éducation :
Il est incompréhensible que les frais administratifs représentent en France 35 % de la facture globale de la santé, quand ceux-ci sont contenus dans 25 % du total en Allemagne. Accessoirement le tarif accordé aux cliniques privées, est, semble-t-il, de 30 % inférieurs à celui des hôpitaux : si cela est exact, il faut privatiser en non lucratif, les hôpitaux. Ce que l’Allemagne a fait d’ailleurs dans une large mesure. Pourquoi maintenir par ailleurs un remboursement fractionné entre sécurité sociale et mutuelle : si l’on veut conserver les deux, peut-être plutôt répartir les risques que les fractionner et les traiter 2 fois. Le budget de la santé en France s’élève à 325 Mds, ce qui incite à penser, contrairement à une perception diffuse, qu’il fonctionne plutôt mieux que dans les autres pays, notamment, avec un reste à charge assez faible dans les comparaisons internationales. Un gain de 2 % sur le fonctionnement administratif principalement, représenterait chaque année plus de 6 milliards d’économie.
GAIN 6Mds
Il est également difficile à comprendre comment le ministère de l’éducation nationale peut payer 1 200 000 fonctionnaires mais seulement 900 000 enseignants ! Au demeurant le temps de travail et de congés de ces derniers pourrait peut-être être revu compte tenu des progrès de l’informatisation de notre univers , sans même parler de l’IA. Une partie de la productivité dégagée pourrait d’ailleurs être consacrée à la revalorisation des rémunérations qui n’attirent plus semble-t-il les candidats. Un plan d’économie avait été mis en place en 2024 pour économiser 1 % du budget, lequel, premier poste de l’État ou presque, était de 63 Mds. Par ailleurs une partie significative des écoles, collèges et lycées sont privés et moins coûteux que le service public.
GAIN à chiffrer
3. Instaurer des freins à la dépense et introduire l’obligation d’améliorer la productivité
D’une manière plus générale , il serait probablement souhaitable d’instaurer des freins à la dépense. Le système suisse a été assez bien expliqué dans une lettre précédente. Le système anglais demande aux fonctionnaires de présenter leur budget à des parlementaires en y montrant comment la productivité est étudiée et introduite. On ne voit pas très bien pourquoi la fonction publique française ne pourrait pas faire des progrès : elle le prétend au moins dans sa gestion des prélèvements fiscaux ! Tout budget devrait être examiné et challengé par des tiers chaque année et la reconduction pure et simple interdite.
4. Venons-en maintenant aux gaspillages, qui sont malheureusement des leviers moins puissants :
- la chasse aux doublons des organismes d’État : solutions fusion et suppression par non renouvellement ;
- les gadgets façon « pass cultur » ou « ressemelage des chaussures » : arrêter et supprimer3 ;
- les pantouflages de hauts fonctionnaires : extinction faute de remplacement. Traité il y a 30 ans dans le privé ;
- l’organisation du système hiérarchique et l’introduction de la responsabilité et de la productivité. Voir ci-dessus (NAO en UK) (exemple de la sécurité sociale des Yvelines) ;
- renforcer les freins façon Suisse : si votre budget est en déficit à un moment vous devez le compenser dans un délai prévu. Pas de nouvelles dépenses, sans ressources identifiées ;
- un examen attentif des budgets des collectivités locales ainsi que de leur dotation et fiscalité : dans ce domaine également, le laxisme électoral semble régner en maître4 GAIN 10 Mds ?
- le rapprochement progressif de la situation des employés et des privilèges de l’État avec celui du peuple « normal ». Il n’y a pas besoin de grand soir mais il n’y a pas non plus besoin d’avantages acquis perpétuels. La fonction publique devrait avoir le droit et le devoir de s’y consacrer comme le reste des activités du pays.
- ? ( ENVOYEZ-NOUS VOS IDEES)
Mise à part la participation de l’État aux dépenses des collectivités locales, lesquelles demanderaient d’ailleurs encore un vrai travail, il est probable que, cumulé, on peut atteindre les 5 milliards dans les « gaspillages ».
Encore faudrait-il une vraie volonté d’action de la part des gouvernements ainsi que des électeurs.
Un autre aspect est la répartition de cet effort. À titre personnel il me semble que tout ceci ne peut être qu’un effort partagé de l’ensemble de la population, même si on introduit une certaine modulation.
Nous sommes tous dans le même bateau et nous regarderons d’ailleurs dans un autre article comment libérer (plutôt qu’aider) les entreprises qui auront la lourde responsabilité de créer de l’activité et de l’emploi pour rendre ces divers programmes acceptables et bénéfiques pour l’ensemble de la collectivité.
- ce qui a pour conséquence, ne l’oublions jamais, une fuite latente permanente des cerveaux et des capitaux ↩︎
- à ce propos, une loi a déjà été édictée par exemple sur la durée du travail dans la fonction publique. Si les employés de la mairie de Paris et d’autres lieux n’ont pas encore été mis au pas, c’est un vrai pur scandale. De ce Madame c’est quelqu’un qui s’en occupe merci d’avoir ↩︎
- on vient de proposer très sérieusement un pass alimentaire de 150 €. À quand le pass joint ? ↩︎
- la dette de la Ville de Paris devrait friser à fin 2025 les 10 milliards d’euros malgré les augmentations de taxes de toutes sortes. Elle était de 4 milliards en 2014 ! ↩︎
Laisser un commentaire