Nous avions signalé il y a peu que le surgénérateur français de 4ème génération, baptisé « Astrid » est resté en souffrance depuis une vingtaine d’années faute de financement. Or, si l’on en croit Internet, l’équivalent russe dit « RNR-Sodium BN-800 » (surgénérateur), vient de diverger. Nous y aurions en partie contribué en vendant aux Russes notre technologie et des stocks de sodium.
Pourtant, vers 1985 notre pays avait été le premier à concevoir, à Creys-Malville un surgénérateur « Super Phénix », refroidi au sodium, à l’échelle d’une centrale qui alimentait le réseau (1.200 MVA), ce qui validait techniquement le système.
Rappelons le principe de fonctionnement de celui-ci : Il consiste à produire plus de matières fissiles qu’il n’en consomme, en transmutant des isotopes fertiles en isotopes fissiles.
Toutefois « Super Phénix » connut quelques imperfections (comme dans toutes les techniques de « rupture »), le sodium peut brûler dans l’air ou devient explosif dans l’eau, et la nuance d’acier choisie n’était pas optimisée. Mais, selon les responsables du site il fonctionnait avec une disponibilité de 96% (mais néanmoins de nombreux arrêts d’origine juridique), lorsqu’il fut arrêté par peur du risque qui entraîna de nombreuses manifestations des « verts », dont un décès d’anti-nucléaire. Ainsi, grâce aux écologistes, la France vient de perdre sa place de n°1 mondial du nucléaire.
Pourtant cet outil correspondait parfaitement à la demande qui est aujourd’hui la nôtre et l’arrêt de Superphénix par le gouvernement Jospin et Dominique Voynet, pour des raisons purement politiques, sous la pression des écologistes, a été une faute, selon Pierre Clauzon, un ancien de la filière des surgénérateurs (perte financière et de « savoir-faire »)
Il utilisait de l’U 238 dont les réserves se comptent en centaines d’années, rendant de ce fait le nucléaire assimilable à une énergie durable. En effet les quelque 400 générateurs classiques actuels du monde emploient de l’uranium fissible : l’U 235 qui doit être isolé de l’U 238, part de l’isotrope la plus importante (proportion 99,3% d’uranium 238 contre 0,7% d’uranium 235), qui devient ainsi une perte non utilisée.
Ces réacteurs à neutrons rapides sont extrêmement efficaces et génèrent moins de déchets. Mais leur utilisation est extrêmement délicate.
Avec ce combustible, il n’est plus nécessaire de ralentir les neutrons comme dans les réacteurs classiques à eau pressurisée ou à eau bouillante. L’intérêt des neutrons rapides est qu’ils sont les seuls capables d’extraire la totalité de l’énergie de fission.
Ils utilisent principalement du plutonium comme combustible. Ils ne nécessitent pas de modérateur. Leur cœur est 10 fois plus petit que celui d’un réacteur conventionnel à l’uranium. Le refroidissement se fait au sodium (ou au plomb fondu). Mais, ce refroidissement pose un problème de sécurité, notamment avec le sodium, qui réagit violemment à l’air et à l’eau.
De plus la combustion de l’U 238 produit peu de déchets et donne beaucoup plus d’énergie pour une moindre part d’uranium utilisé,
Rappelons encore l’apport technologique du petit prototype de base, à Marcoule appelé « Phénix », qui fut arrêté en 2009 après 35 ans de bons et loyaux services. Il a permis de maîtriser tous les aspects techniques liés à l’emploi du sodium comme réfrigérant et aussi de boucler le cycle du combustible en réutilisant, après retraitement, le plutonium produit dans le cœur du réacteur.
Pourquoi avoir préféré poursuivre seulement les réacteurs de 3ème génération alors que l’on aurait pu sécuriser et investir dans une nouvelle génération devenue renouvelable sans CO2… et conserver notre avance dans une technologie énergétique prometteuse ?