A l’occasion de ce qui peut être la disparition d’un nom célèbre de feu la plus grande partie de la machine-outil française, un spécialiste de ce domaine s’épanche sur l’irréalisme de nos gouvernants passés qui explique pourquoi nous sommes tombés si bas dans l’univers des nations qui fabriquent.
» MAG fini, incertitude pour Forest Liné
Le fabriquant de machines outils français Forest-Liné est confronté aux difficultés de sa maison mère, le groupe allemand à capitaux américains MAG Cincinnati, qui l’avait racheté en mai 2011. Un mandat aurait été confié à la banque Goldman Sachs, pour la vente par division du groupe MAG à des investisseurs, selon plusieurs sources. La technologie de nappage en matériaux composites pour l’aéronautique acquise par Forest-Liné depuis son site de Capdenac dans le cadre du projet Fermal, labellisé par le pôle Aerospace Valley et financé à hauteur de 10M€, dont 1,5M€ par des collectivités de Midi-Pyrénées, pourrait ainsi échoir aux acheteurs. Afin d’éviter la disparition de l’usine aveyronnaise (140 salariés) et la récupération de ses savoir-faire par des investisseurs étrangers, les pouvoirs publics régionaux suivent ce dossier. Une piste est évoquée avec la participation d’industriels de la Mécanic Vallée, dont une entreprise de machines-outils de Saint Céré. »
Les experts astrologues qui veulent réindustrialiser la France ne vivent pas dans le monde réel et ils entraînent tout le pays dans un monde sorti de leur imaginaire. Ainsi par exemple, celui de la productivité. Comment un opérateur français avec une qualification au rabais, un temps de travail à 35 heures, une machine-outil d’une moyenne d’âge de 18 ans peut-il être plus productif par rapport à un opérateur allemand dont la formation a été soignée au mieux, travaillant 40 heures et une machine- outil d’une moyenne d’âge de 10 ans ? Alors quand je les entends vanter la productivité française ou encore placer la France dans les 5 premières puissances du monde, alors qu’elle occupe au mieux la 12ème place , je me demande où ils sont et quel type d’activités ils exercent. (Fabricants de sophismes à la limite !)
En plus, leurs connaissances industrielles du point de vue historique sont faibles sinon nulles. Savent-ils par exemple que leur pays mit 40 ans à fabriquer un acier comparable à celui fabriqué en Angleterre et en Suède dès 1820 et seulement après que De Wendel et Schneider eurent envoyé des ingénieurs dans les usines des pays cités. Que la minette lorraine affaiblissait ses qualités, que seul le procédé Thomas la rendait utilisable (Réaumur lui-même avait fait un diagnostic faux à ce sujet en tant qu’expert), avec naturellement les coûts supérieurs que cela entraînait. Que la sidérurgie française a toujours coûté plus cher à l’état qu’elle ne lui rapportait. Même durant l’annexion de la Moselle, les Allemands se gardèrent bien d’introduire la minette dans la Ruhr ! (au grand étonnement des soi disant historiens déblatérant sur les maîtres des forges par ailleurs). Avec l’entente franco-allemande la messe était dite, mais il fallut quand même attendre 1970 pour implanter les sites sur Fos et Dunkerque. Je pourrais multiplier les exemples (comme les fusils à canon forés anglais bien avant que la France n’abandonne le procédé du martinet). Savent-ils que la plus extraordinaire progression de la production française eut lieu en 1938 après les aberrations du Font populaire et les mesures de Paul Reynaud (ah ! le comité de la hache !)? A ma connaissance, en dehors d’historiens étrangers, on en trouve aujourd’hui très peu en France traitant de l’histoire industrielle permettant de mettre en perspective nos retards récurrents !
Ceci dit et somme toute, il faut savoir regarder vers l’extérieur si l’on veut progresser (sans plan Marshall pas de reconstruction – appelée les 30 glorieuses – ni d’agriculture moderne sortant enfin de la politique de Méline et du partage des terres datant de la Révolution). Pour avoir moi-même mené des actions de modernisation, je connais le combat contre les habitudes et les routines. J’ai d’ailleurs souvent dit que dans ces actions il fallait du temps tout en tenant en permanence, et quoiqu’il arrive, le rôle d’un curé sans cesse en train de prêcher la bonne parole. La ré industrialisation est d’abord un travail de terrain pour conduire les diagnostics avec méthode, effectuer les investissements et susciter les innovations (dans ce dernier domaine nous sommes en 8ème position en Europe) qui s’appliqueront d’abord chez ceux qui existent encore pour qu’ils restent compétitifs et progressent tout en enclenchant le processus chez les autres. Mais pour cela, il faut une vision claire de l’économie en mouvement d’aujourd’hui en s’informant correctement.
Fondamentalement l’histoire de France nous montre que les privilégiés de l’état ont toujours fait passer leur intérêt avant l’intérêt général par tous les moyens provoquant ainsi les secousses violentes qui nous ont fait avancer en zigzag au fil des siècles. La victoire récente lors des dernières élections de la France protégée et assistée sur la France du travail le démontre une fois de plus. Chaque Français sensé sait que la bureaucratie existante accompagnée d’un mille feuilles électoral invraisemblable avec la sur représentation des fonctionnaires en son sein plombe tout effort de redressement face aux privilèges, gaspillages et ignorances qu’ils imposent à tous les autres Français en se prenant pour la crème du monde (ah ! les dits services publics dont la plupart sont devenus de véritables boulets!).