Leur définition est connue : ce sont des investisseurs, personnes privées, qui investissent dans la création d’entreprise ou dans ses toutes premières années, la période de vie la plus risquée, et investissent sans avoir de liens personnels tels que familiaux pour expliquer leur investissement.
Les BA existent depuis toujours mais c’est William Wetzel, le créateur du « center for venture research » à l’université du New Hampshire, qui les aurait ainsi baptisés vers 1981. Son successeur, Jeffrey Sohl, est celui qui diffuse le plus d’informations chiffrées sur les BA aux États-Unis.
C’est ainsi qu’il publie pour 2014 un investissement total par les BA américains de 24,1 milliards de $, dans, soit 73.400 start-up par 316.000 investisseurs, ce qui fait une moyenne d’environ 80.000 $ par investisseur.
Ces investissements auraient permis de créer 264.200 nouveaux emplois aux États-Unis en 2014, soit 3,6 emplois par BA.
Ces chiffres sont très loin de ceux publiés par les Réseaux de BA comme France Angel avec 40 millions d’euros investis par environ 4.000 BA, soit environ 10.000 euros par investisseur, mais ils rejoignent les montants publiés par les réseaux de BA américains qui ne sont eux-mêmes qu’une très faible partie des 24 milliards investis par le reste des BA que l’on peut appeler les BA indépendants.
Ils rejoignent par contre ceux des BA britanniques où les statistiques publiées par le Treasury indiquent qu’un peu plus de 10.000 investisseurs privés par an seraient responsables d’environ 1 milliard d’euros (600 à 800.000 millions de livres) d’investissement déclenchés par l’incitation fiscale dite EIS.
Il faut prendre ces données avec quelque prudence, car il n’existe pas à notre connaissance d’étude statistique sérieuse depuis la seule étude qui ait jamais été faite sur les BA : celle de Robert Gaston en 1988–1990.
Les investisseurs individuels ne sont en effet obligés à aucune déclaration spécifique qui permettrait de mesurer leur nombre et leurs investissements, et ils constituent une zone grise dans l’univers des connaissances statistiques économiques.
On sait seulement qu’ils jouent un rôle-clé dans le développement des entreprises en assurant un pont financier entre les apports initiaux du créateur d’entreprise et de sa famille, et le relais que peut constituer ce que l’on désigne par capital-risque.
Celui-ci ne s’intéresse qu’à mettre des montants minimums de l’ordre du million d’euros ce qui est trop pour une entreprise qui débute alors que l’innovateur et sa famille ne peuvent financer guère plus de 100.000 € et ce sont les business angels qui doivent assurer le pont lorsqu’ils ne sont pas quasiment exclus comme c’est le cas en France, par la législation.
Après les avoir exclus par ses législations, l’État français prétend bien les remplacer par ses organismes de fonctionnaires mais la hausse continue du chômage est la preuve de son échec car d’une part, les choix d’investissements par des fonctionnaires ou para-fonctionnaires sont infiniment moins efficaces que les choix faits par des investisseurs privés entrepreneurs, et d’autre part ces organismes comme l’ANVAR ou la BPI sont incapables d’apporter ce qu’apportent les BA, qui au-delà de leur investissement, passent des dizaines ou mêmes centaines d’heures par an dans la start-up qu’ils financent pour lui apporter gratuitement des conseils, des relations, une expérience entrepreneuriale.
Il est alors passionnant de se replonger dans la seule étude statistique qui ait jamais été faite, celle faite dans les années 88-90 par Robert J. Gaston, un économiste professeur d’université du sud-est des États-Unis.
Cette étude a été financée par le Département du Commerce (c’était encore sous Reagan) et aurait coûté environ 300.000 $ en deux étapes couvrant séparément trois séries de régions.
Ce fut un événement médiatique car pour la première fois elle révélait que ces business angels investissaient au total plus de 30 milliards de dollars et donnaient en outre des garanties pour une bonne quinzaine de milliards, beaucoup plus que le « venture-capital » ou la Small Business Administration, chacun investissant seulement de l’ordre de 5 milliards.
Il est intéressant de regarder le document historique intitulé « The informal Supply of capital » dont un exemplaire m’avait été remis par Robert Gaston lui-même quand je lui avais rendu visite en 1998 dans sa maison du sud-est où il débutait sa retraite.