François Hollande nous a promis l’inversion de la courbe du chômage mais la courbe va-t-elle s’inverser un jour ? Les différents calculs et prédictions permettent d’en douter. Si l’on regarde la moyenne de la création d’emplois sur les quinze dernières années et qu’on l’applique pour les années à venir, cela pourrait être au contraire plus d’un demi-million de chômeurs supplémentaires en 2020, portant le total de chômeurs réels à plus de 7 millions.
La France ne crée pas assez d’emplois pour réduire le chômage, c’est ce qu’a titré le Figaro la semaine dernière, et c’est effectivement la triste vérité. D’après une étude de Standard and Poor’s, entre juillet 2013 et septembre 2015, la France a ainsi créé seulement 57.000 postes dans le privé, quand ce sont chaque année entre 120.000 et 150.000 personnes qui viennent grossir les rangs de la population active.
En effet, si la population autochtone ne bouge pratiquement pas, on constate chaque année un solde migratoire substantiel (100.000 par an d’après l’INSEE dans le scénario central pour les années à venir) ainsi que l’élévation de l’âge moyen de départ à la retraite, due aux trois récentes réformes des retraites:
– la réforme Balladur de 1993 qui a notamment allongé la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans ;
– la réforme Fillon de 2003 qui a aligné la fonction publique sur le régime du privé ;
– la réforme de 2010 qui reporte l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans et l’âge de la retraite à taux plein à 67 ans.
Au vu de ces différents éléments, on le constate, il ne s’agit donc pas seulement de remplacer les emplois qui se détruisent mais d’en créer de nouveaux, ce qui est chose possible, la preuve étant que les pays voisins de la France ont réussi à le faire. Si l’on regarde les chiffres, depuis juillet 2013, l’Italie a créé 288.000 emplois dans le privé, l’Allemagne 482.000 et l’Espagne 651.000. Avec ses 57.000 emplois, la France est donc particulièrement médiocre, d’autant que l’immense majorité de ces postes ont été créés dans l’Intérim.
Que peut-on espérer pour les prochaines années ?
D’ici 2020 et d’après les prévisions de l’INSEE ce sont 630.000 personnes supplémentaires que l’on comptera dans la population active. Par ailleurs, si l’on regarde la création annuelle moyenne d’emplois marchands des quinze dernières années, on constate que ce sont en moyenne 38.000 emplois qui se créent chaque année. En partant de l’hypothèse que cette moyenne se maintiendra dans les années suivantes, ce seraient seulement 190.000 emplois qui se créeraient d’ici 2020, bien insuffisant pour absorber l’augmentation de la population active et créant de ce fait 440.000 chômeurs officiels supplémentaires.
Cette dégradation s’ajouterait à une situation en fait déjà catastrophique… Depuis le début du mandat de François Hollande, le nombre de chômeurs officiels a augmenté de 680.000, chiffre déjà astronomique. Mais si l’on y ajoute l’augmentation des inactifs désirant travailler mais ne cherchant pas de travail (460.000 personnes)[[Eurostat, évolution entre 2012 et 2014.]] et la hausse du nombre de travailleurs à temps partiel involontaire (510.000[[Eurostat.]]) il y a en fait 1,7 million de chômeurs supplémentaires au sens réel[[Ce phénomène est confirmé par le fait logique que pour résorber le chômage, il faut créer deux fois plus d’emplois qu’il n’y a de chômeurs officiels :
– Entre mars 1997 et mars 2001, l’emploi en France a augmenté d’environ 1.500.000 mais le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de seulement 800.000 (la moitié).
– Entre 2002 et 2011, l’emploi en Allemagne a augmenté de 3,1 millions mais le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de seulement 1,5 million (la moitié également).]].
Avec cette même définition, si l’on calcule le « chômage réel », on s’aperçoit qu’aujourd’hui nous n’avons pas 3,5 millions de chômeurs mais 6,5 millions. Au vu de l’augmentation de la population active et de notre très faible création d’emploi, les chômeurs seront plus de 7 millions en 2020[[440.000 chômeurs officiels supplémentaires, ceci sans compter les chômeurs hors statistiques.]] si le gouvernement ne prend pas de mesures fortes.
Évidemment, le scénario décrit ici est le scénario du pire. Néanmoins, ces dernières années, c’est souvent le pire qui s’est produit.