Emmanuel Macron veut que notre société soit une société de « vigilance », ceci afin de lutter contre ce qu’il a appelé « l’hydre islamiste ». Il va donc falloir apprendre à détecter les indices de radicalisation apparaissant dans notre société. On en découvre, de ces indices, dans de nombreux livres en vente un peu partout, y compris en supermarchés, comme par exemple «La Voie du musulman», ou encore « Les jardins des Saints», qui prônent le djihad et la mort des «hérétiques». Ces livres sont-ils fidèles au Coran ? Ou donnent-ils une interprétation dévoyée du Coran ? Nous aurions, nous, Occidentaux, qui avons conçu des sociétés laïques et démocratiques où ce sont les hommes eux- mêmes, et non plus Dieu, qui font les lois, tendance à considérer de tels livres comme susceptibles de tomber sous le coup de la loi.
Citons quelques sourates du Coran, pour illustrer notre propos. Par exemple l’attitude vis-à-vis des incroyants: «Ô vous qui croyez, combattez ceux de vos voisins qui sont infidèles» (9,123) ; ou encore: «Tuez les polythéistes partout où vous les trouverez» (9,25).Et aussi: «Ô Prophète, incite les croyants à combattre: vingt braves d’entre eux terrasseront 200 infidèles» (8,65), Pour déculpabiliser les croyants qui en viendraient à tuer des infidèles et qui s’en émouvraient, une sourate leur dit: «Ce n’est pas vous qui les avez tués, c’est Dieu» (8,17).Autre exemple : l’attitude vis-à-vis des juifs : «Ô croyants, ne prenez pas pour amis les juifs et les chrétiens» (5,51).
L’islam se veut une religion conquérante ayant vocation à s’étendre à l’ensemble de la planète. Une sourate dit : « Mahomet est l ‘envoyé de Dieu. Ses compagnons sont durs envers les infidèles, et miséricordieux entre eux ». Dans une société telle que la conçoit l’islam, il n’y a de place que pour des croyants, des croyants vivant sous le regard de Dieu. Les uns sont dans la bonne voie : les musulmans, les autres, « les gens du Livre », des croyants qui veulent malgré le message du Prophète délivré au VIIè siècle de notre ère rester dans l ‘erreur, sont admis, néanmoins, car ils ont le mérite de croire en Dieu. On les tolérera, donc, mais en en faisant des citoyens de second rang, des «dhimmis». Ces citoyens de second rang se trouveront autorisés à pratique leur religion, pourvu que cela se fasse discrètement, et ils seront assujettis à une fiscalité particulière, bien plus lourde que celle s’appliquant aux vrais croyants. Et ils ne pourront pas accéder à des fonctions d’autorité dans la société. Les incroyants, quant à eux devront soit se convertir à l ‘islam soit être éliminés. Et il y aura beaucoup de fraternité entre les musulmans, mais seulement entre eux. Une sourate, en effet, dit: «Ô croyants, ne vous liez d’amitié qu’entre vous «(3,118). Et la sourate 3,28 précise: «Que les croyants ne prennent pas leurs amis parmi les infidèles, au lieu des croyants. Ceux qui feraient ainsi n’auraient rien à attendre de Dieu. ».
Bon nombre de commentateurs diront que dans la bible, qui est à la base du christianisme, il y a également de nombreuses incitations à la violence, ce qui est tout à fait exact. Ils posent donc la question suivante : « Lorsqu’ils sont lus de manière littérale, tous les livres sacrés ne sont-ils pas sujets à mauvaise interprétation? ». Certes, on trouve dans la Bible des passages violents. Mais la distinction fondamentale qui est à faire entre la Bible et le Coran se trouve dans le fait que la Bible a été rédigée par des hommes, alors que le Coran est, par nature, la parole même de Dieu. Les musulmans nous disent que le message de Dieu délivré aux hommes, depuis la nuit des temps, a toujours été le même. Les prophètes qui ont précédé Mahomet ont été des hommes «inspirés par Dieu», Moise et Jésus étant les deux principaux d’entre eux, et du fait qu’ils étaient des hommes, le message qu’ils ont délivré est imparfait, Le Coran nous dit, même, que les chrétiens ont falsifié le message de Jésus. Le vrai message de Dieu a été recueilli dans son intégralité par le Prophète Mahomet, à qui le Tout-Puissant a dicté le texte par l’entremise de l’archange Gabriel. C’est donc le message véridique auquel tous les humains doivent adhérer, et il n’y en aura pas d’autre.
Quand on lit dans le Coran des passages qui prônent la violence, il s’agit donc bien d’injonctions délivrées par Dieu afin de faire vivre les hommes sous sa loi. La distinction entre « islam radical » et « islam soft » est sans réel fondement : elle est l’effet des arrangements que nos sociétés occidentales tentent de trouver afin de ne pas condamner les musulmans dans leur refus d’adopter pleinement nos valeurs et qu’ils se conforment à la manière que nous avons, nous Occidentaux, de concevoir le fonctionnement de nos sociétés. La distinction entre «islam radical» et «islam soft» est quasi impossible. La démocratie, et les valeurs sur lesquelles elle est fondée, est le système politique inventé par les « chrétiens », un système que les Occidentaux se croient fondés à imposer aujourd’hui aux autres civilisations.
L’islam que certains appelleront « radical » et que d’autres diront « politique » est bien celui qui est conforme au Coran pris à la lettre. Les musulmans modernes et tout particulièrement ceux vivant dans les pays occidentaux, sont, en fait, des réformateurs. Ils ne font pas du Livre saint de l ‘islam une lecture « littérale ». Les intellectuels musulmans que l’on interroge à ce sujet nous disent qu’il convient, en effet, de «contextualiser» le Coran» afin de le dégager du contexte particulier dans lequel la parole de Dieu a été délivrée. Il s’agissait d’une Arabie du septième siècle de notre ère, et le message qui a été délivré doit donc être modernisé, en en gardant bien sûr tout l ‘esprit. C’est la position par exemple d’un intellectuel comme Malek Chebel, décédé récemment, avec son ouvrage qui eut un grand succès: «Manifeste pour un islam des Lumières», où ce grand islamologue a proposé quelque vingt-sept réformes importantes. C’est aussi la position de Tariq Ramadan, cet intellectuel fortement médiatisé, qui a aujourd’hui quelques démêlés avec la justice, qui dans ses ouvrages nous dit qu’il ne faut pas faire une lecture littérale du Coran. Il explique, par exemple dans son ouvrage « L’Islam et le réveil arabe » : « L »islam est en passe d’une mutation profonde imposée par l ‘évolution historique et le nouvel environnement politique, économique, culturel, et plus largement, géopolitique » (page 165).
Tous les intellectuels musulmans vivant en Occident sont pour une réforme de l ‘islam tel qu’il ressort de la lecture du livre saint, mais, malheureusement, les foules restent sous la tutelle des imams des mosquées qui s’en tiennent à cet islam rigoureux prôné par les wahhabites et les salafistes. Les réformateurs vivant en Occident sont des intellectuels et leur discours n’est pas écouté des religieux. Avec la diffusion d’ouvrages qui prônent le djihad et la mort des hérétiques on banalise donc l ‘islam radical et on barre la voie aux musulmans réformateurs que l ‘Occident aurait le plus grand intérêt à soutenir dans leur combat.
Intégrer des musulmans dans une société occidentale qui a pour fondement le christianisme est extrêmement difficile. Les musulmans tiennent, en effet, à conserver leur identité, et on ne peut pas le leur reprocher. S’agit-il d’un réflexe communautaire lié à l’échec de l’intégration ou d’un réel basculement dans l’intégrisme de toute une partie de la population? Chaque civilisation a pour fondement une religion, et les musulmans appartiennent, par définition, à une autre civilisation que la civilisation occidentale. Ils savent que leur civilisation a été plus forte que la nôtre dans le passé, au Moyen Âge, et dans les cercles musulmans on ne manque pas de le leur rappeler. Par la suite, c’est notre civilisation, avec ses avancées extraordinaires aux plans scientifique et technique, qui a pris le dessus. Les musulmans nous rappellent que nous sommes allés les dominer pendant plusieurs siècles avec nos techniques et nos armes. Mais, tout récemment, ils sont parvenus à nous chasser des territoires que nous leur avions pris, et, avec le pétrole, ils disposent aujourd’hui d’une arme redoutable contre nous. Certains croyants n’hésitent pas à penser que c’est une arme que Dieu leur a donnée, car la Oumma est la meilleure des communautés que Dieu a jamais créée. Ces peuples qui considèrent que nous les avons soumis, humiliés, pillés en exploitant à notre compte leurs richesses, ont souvent le sentiment que nous les méprisons: leur ressentiment est très fort. Comment veut-on donc que ces musulmans qui viennent s’installer en Europe pour des raisons de commodité et de confort aient envie de quitter affectivement leur monde, c’est-à-dire leur civilisation, à un moment où celle-ci prend enfin sa revanche sur la civilisation occidentale? Ils ont le sens de l ‘honneur et ils auraient le sentiment de trahir les leurs s’ils devenaient de bons Occidentaux.
Les musulmans tiennent à conserver leur identité, et on ne peut pas le leur reprocher. C’est bien ce que leur recommandait, d’ailleurs, de faire un prédicateur comme Tariq Ramadan, qui a chez les jeunes, le succès que l ‘on sait. Il ne s’agit pas tant d’une affaire de religion que d’une affaire d’identité, et tout individu est prêt à lutter très fort pour défendre la sienne. Y compris en y laissant sa vie, s’il le faut…
On pourrait dire, de façon provocatrice, que pour qu’un musulman devienne un vrai Occidental il faudrait, en fait, qu’il se convertisse au christianisme. Certes, les Européens sont en majorité agnostiques, mais cet agnosticisme s’est construit sur une culture et une tradition judéo-chrétienne. Il faut appréhender les problèmes d’intégration avec les approches des anthropologues, et ne pas rester sur des idées simplistes. Le Coran dit aux chrétiens qu’ils sont dans l’erreur : comment donc des musulmans feraient -ils leurs les thèses de ces gens, les chrétiens, que le Prophète a ordonné de combattre ? Le message antichrétien est dans le livre saint de l’islam: cela ne peut être nié. Il ne facilite pas l ‘intégration des musulmans dans nos sociétés occidentales, des sociétés fondées, il ne faut pas le négliger, sur les valeurs et les traditions chrétiennes. Nous avons fait au XVIIIe siècle ce que Marcel Gauchet a appelé « une sortie de religion », mais les révolutionnaires ont tout simplement laïcisé les valeurs chrétiennes. Telle est la réalité.
A titre d’exemple, une vidéo de l’imam de Pontazenem (à Brest) -spécialiste des prêches salafistes- expliquant le bonheur conjugal selon l’islam
3 commentaires
Une acuité insuffisamment partagée chez nos gouvernants
Dans cet article qui ne cherche pas à faire vibrer l’émotionnel, mais qui approche ce problème avec le rationnel pondéré et mesuré, l’auteur montre son grand degré d’expertise sur l’Islamisme. Les deux ouvrages qu’il a écrit sur cette religion qui pose de plus en plus de problèmes sont remarquables et utiles pour comprendre en quoi l’islamisme aura toujours une grande difficulté à être tolérée sinon acceptée. Partir du postulat qui fait que pour l’Islam on se soumet sinon point de salut!
Bravo à Claude Sicard.
Charles Garnier
le réveil de macron est « un peu » tardif
ou plutôt la fosse à serpents islamiste . . .
Domination
Il est impossible de faire cohabiter deux civilisations sur un même territoire si l’une des deux prétend à la domination.