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PPE et transition énergétique :

par Daniel Fischer
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La population française est-elle sur la voie d’une prise de conscience de ce que la politique suivie par nos gouvernants en matière de production d’électricité conduit à une impasse ?

PPE : programmation pluriannuelle de l’énergie.

Deux phénomènes actuels sont de nature à secouer l’indolence du grand public :
a- L’augmentation continue du prix de ‘électricité
b- Le risque de pénurie qui a amené le gestionnaire du réseau RTE à demander aux Français de restreindre leur consommation et envisagé de procéder à des coupures tournantes pour écarter la possibilité d’un « black-out » (chute totale du réseau) aux conséquences économiques catastrophiques.

Jusqu’à présent les arguments factuels n’ont éveille l’attention ni des politiques ni de leurs électeurs .
Et pourtant les orientations fixées par la loi au travers de Programmation Pluriannuelle de l’Energie qui tendent à brider la capacité nucléaire du pays pour faire place aux énergies renouvelables sont critiquables sont au moins trois aspects :
Les nouvelles capacités dont on a prévu la création sont inutiles
Elles sont chères
Elles sont dangereuses

Elles sont inutiles

Le parc actuel de centrales est suffisant pour couvrir les besoins du pays , même en l’absence d’énergies renouvelables . A titre d’exemple, voyons ce qui se passait le 8 janvier 2021 à 19h00. L’éolien et le solaire sont des énergies intermittentes ou plus exactement aléatoires. Elles sont tributaires des conditions d’ensoleillement et des conditions climatiques. En soirée et dans le cas où la France est soumise à un épisode anticyclonique, leur production est négligeable. Ce jour-là, les besoins du réseau s’élevaient à 85.546 MW et étaient couverts à hauteur de 61 % par le nucléaire, 20 % par l’hydraulique, 13 % par des combustibles fossiles ( essentiellement gaz , mais aussi charbon et même fioul) , 5% par des importations venant essentiellement de RFA … 1% d’éolien et 0% de solaire . On peut au passage noter combien les 2,35 % que représentait la capacité de Fessenheim auraient été utiles.

Si maintenant on s’intéresse aux émissions de gaz à effet de serre (GES, essentiellement gaz carbonique) , la France n’a pas attendu la mise en service de fermes éoliennes ou solaires pour se classer dans le peloton de tête des puissances européennes avec des émissions au niveau de 58,5 g de CO² par kWh produit à comparer aux 440g produit en RFA .

Elles sont chères

– Pour promouvoir le développement des ENR, l’Etat a mis en place une politique de subvention sous forme de tarifs d’achat à prix garantis sur longue période (15 à 20 ans) et fixés largement au-dessus des prix de marché. Les premiers MWh produits étaient payés 500 € /MWh à comparer à un prix de marché de 39,5 €. Ces tarifs ont été revus en baisse mais s’établissent toujours au niveau élevé de 70€. Ces subventions grèvent le budget de l’état à hauteur de 7 Mds € / an, soit environ 121 Mds sur la durée de validité de ces contrat.
– Du fait de leur caractère aléatoire les ENR doivent être doublées par une autre source d’énergie dite pilotable c’est-à-dire capable de s’adapter à la demande sur le réseau, de manière à effectuer ce que l’on nomme un suivi de charge, lorsque les EnRi ne produisent pas en l’absence de vent et de soleil, ce qui est le cas la majorité du temps. Cette énergie back-up est soit émettrice de CO2 (gaz naturel ou même charbon actuellement en Allemagne), soit nucléaire.
Une des conséquences est que la puissance installée des EnRi ne peut jamais remplacer complètement les puissances installées des autres énergies. Celles-ci doivent toujours être présentes, elles seront simplement moins utilisées puisqu’on a décidé de donner toujours la priorité aux EnRi avec comme conséquence une augmentation de leur prix de production …
– Enfin la production devenue décentralisée nécessite le renforcement du réseau de transport avec des coûts d’investissement systématiquement ignorés

Elles sont dangereuses

– La production d’électricité doit toujours être égale à la consommation instantanée. Il suffit d’un déséquilibre de quelques secondes non compensé par le gestionnaire du système électrique, « l’équilibriste », pour que tout le système électrique s’effondre, tel un château de cartes. Or les ENR présentent la tare irrémédiable d’être intermittentes et font donc courir au réseau le risque de déconnexion (black-out) si la production est incapable de suivre la consommation. Pour pallier ce danger, RTE (Réseau de transport d’’électricité) est amené à prévoir des délestages programmés des gros consommateurs (générateurs de frais d’indemnisation de ces consommateurs), des baisses de tension voire même de coupures tournantes réparties sur tout le territoire national
– La stabilité et la sécurité du réseau en particulier face à des cyberattaques sont affectées par la multiplication à très grande échelle de sources décentralisées de production
– La qualité de l’électricité diminue car plus on accroît les sources, plus la qualité se dégrade

Tout ce qui précède est parfaitement connu des spécialistes mais ces analyses n’ont jamais retenu l’attention des grands media, et, partant, du grand public.
Or depuis quelques semaines on voit apparaitre dans la presse des articles qui alertent les lecteurs sur les problèmes qui se posent. Certes l’horizon est limité aux conséquences de la vague de froid que nous connaissons. Mais quelque fois les journalistes osent poser les questions iconoclastes « a-t-on bien fait d’arrêter Fessenheim » « notre politique est-elle la bonne ??? ».
La fin de la grande illusion serait-elle proche ?

 

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2 commentaires

de Chambrun janvier 14, 2021 - 1:55 pm

Article du Canard Enchainé du 13 janvier 2021 concernant l’hydroélectricité des Moulins
Pour confirmer votre analyse du PPE et de la transition énergétique, il faut lire un article du Canard Enchainé du 13 01 21 sur la volonté de l’administration de détruire les moulins qui produisent de l’hydroélectricité. Voici mes commentaires:
D’où viendra l’électricité si on arrête les centrales nucléaires (définitivement comme à Fessenheim ou pour entretien), si les éoliennes ne fonctionnent pas faute de vent (en particulier quand il fait froid), si les panneaux solaires manquent de soleil (quand les nuages garnissent le ciel en hiver) et si les centrales au charbon sont fermées pour cause de pollution? Pourtant on vante les mérites de la voiture électrique !!!

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François Henimann janvier 14, 2021 - 3:49 pm

Système électrique et décarbonation de l’énergie
Je partage tout à fait votre constat : les ENR intermittentes ne servent à rien pour passer les pointes hivernales et nous chauffer, et c’est une illusion consacrée dans la PPE de s’appuyer dessus pour réduire pour des motifs purement idéologiques te politiciens la part du nucléaire.

Cela ne veut cependant pas dire que l’éolien et le solaire sont inutiles dans le chemin vers la neutralité carbone, car les besoins en électricité vont croitre pour remplacer les énergies fossiles dans les transports, le bâtiment et l’industrie , avec l’apparition d’un nouveau vecteur énergétique pour les transports et l’industrie, l’hydrogène bas carbone (on va avoir besoin de produire 700 à 800 TWh d’électricité à l’horizon 2050, contre 550 TWh actuellement) :

L’éolien terrestre, couplé à des électrolyseurs peut apporter pendant 2.100 heures par an un complément efficient à l’électricité nucléaire et hydraulique pour fabriquer de l’hydrogène vert, vecteur indispensable sur certains créneaux pour décarboner transport et industrie lourde en remplacement du pétrole et charbon.
Cela sans perturber le marché de l’électricité (physiquement et économiquement) par injection prioritaire, car toute l’électricité produite sera consommée sur place, et devrait concerner tous les nouveaux parcs éoliens, ainsi que les parcs prolongés au-delà des 20 ans du contrat d’achat subventionné. Bien entendu, en -dehors des périodes de pointe et des périodes ventées, ces electrolyseurs fonctionneront en majorité avec l’électricité produite per les parcs nucléaires et hydraulique.

C’est pourquoi on devrait tirer un trait sur l’éolien en tant que contribution à l’alimentation du réseau électrique, et faire place à un plan de développement conjoint éolien / électrolyseurs pour fabriquer de l’hydrogène bas carbone sur la base d’appels d’offre lancés par le CRE, et recentrés sur le prix de la tonne l’hydrogène (avec bien sûr des critères environnementaux ad’hoc, en premier lieu le repowering des parcs existants avec conservation des structures existantes : mâts, fondations, raccordement au réseau).
De plus, des économies significatives devraient être générées sur l’inflation actuelle des investissements réseau par RTE et ENEDIS, qui se traduisent dès à présent par une augmentation du prix de l’électricité.
Un objectif à dix ans compatible avec le plan hydrogène concernerait 6 à 8 GW d’électrolyseurs (le parc éolien actuel atteint 17 GW installés, dont 1 GW par an arrivera en fin de contrat à partir de 2026), soit 700 modules de 10 à 12 MW correspondant chacun à une tranche d’éolien et la capacité de transit d’un câble 20 kV .

Quant au solaire, il est utile pour les petites installations BT en autoconsommation, et pour les grands parcs permet d’économiser de l’eau dans les barrages, voir en pomper (STEP) l’été (on voit bien sur le graphique ci-dessus que la production solaire permet de moins tirer sur les barrages lors de la pointe méridienne) : en fait la production solaire, qui est assez bien prévisible à 24 h, s’ajoute à la production hydraulique au fil de l’eau (Rhône, etc …), qui est également injectée de façon prioritaire.

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