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Oser une nouvelle approche de l’apprentissage en entreprise

par Richard Krieger
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Comment donner un souffle nouveau à l’apprentissage, la meilleure solution pour rapprocher les jeunes et les entreprises ?

La France est dans une situation alarmante – et explosive à terme – si elle ne trouve pas très rapidement et durablement la solution pour favoriser l’insertion des jeunes. Aujourd’hui, nous faisons en effet le constat déplorable que plus d’un jeune sur quatre (26%) est au chômage, contre une personne sur dix pour l’ensemble de la population active. Ceci est d’autant plus frappant que si l’on se compare à nos voisins européens, leurs taux de chômage des jeunes est bien plus faible : 7% en Allemagne, 14% au Royaume-Uni, 6% en Suisse[[Chiffres Eurostat de février 2016.]].

Or, l’apprentissage est une des pistes les plus sûres pour favoriser l’accès à l’emploi : il apporte un métier, des compétences et un savoir-être. Des pays comme la Suisse, l ‘Allemagne ou le Royaume-Uni ont su trouver les solutions qui fonctionnent, pourquoi pas nous ? Notre effectif global en apprentissage est d’environ 400 000 apprentis pour un coût de plus de 8 milliards d’euros – en augmentation chaque année – mais cela ne représente que 5% de nos 15-24 ans, alors qu’en Allemagne, ils sont 3 fois plus, soit 16% de cette tranche d’âge à faire ce choix d’orientation. De surcroît, le nombre d’entrées en apprentissage ne cesse de reculer en France : -8% en 2013, -3,2% en 2014.

La Suisse, pays qui a le plus faible taux de chômage des jeunes peut même se prévaloir d’avoir les deux tiers de ses jeunes qui optent pour une formation professionnelle initiale, c’est-à-dire l’apprentissage. Rappelons qu’à ce jour, trois des sept ministres du gouvernement fédéral de la Suisse sont issus de cette filière. L’apprentissage serait-il l’ENA des Suisses ?

Il est donc grand temps de libérer le système de l’apprentissage en France, qui fonctionne mal pour deux raisons principales. Premièrement parce qu’il est mal géré par le ministère de l’Éducation nationale, trop éloigné de l’entreprise pour avoir ni les moyens ni les incitations pour offrir aux jeunes des formations adaptées, et dont la bureaucratie entraine beaucoup de gaspillage. Deuxièmement parce que cette gestion se fait avec des branches professionnelles devenues complices de partenaires sociaux ayant trouvé dans ce système un bon moyen de financement de leurs propres institutions. Ainsi les fonds collectés auprès des entreprises par le biais des fonds d’assurances formation gérés paritairement (OPCA/OCTA) représentent un véritable fromage pour les partenaires sociaux[[Pour mémoire, le coût de formation incombant à la collectivité est de 9.000 euros par apprenti à comparer avec 1.875 euros en Allemagne.]].

Comment faire ?

En premier lieu il faut réformer la fiscalité liée à la filière de l’apprentissage en supprimant la taxe d’apprentissage, très mal gérée par par les branches comme nous l’avons dit, mais tout autant par l’État qui en prélève une partie de plus en plus importante pour payer aux chômeurs des formations totalement inappropriées au marché du travail.

Concomitamment les entreprises devraient se grouper et créer leurs propres écoles d’apprentissage sans avoir besoin de l’accord des ministères, notamment de l’Éducation nationale. S’il s’avérait impossible de supprimer totalement la taxe d’apprentissage, il faudrait a minima que les entreprises qui investissent dans de telles écoles soient exonérées de taxe d’apprentissage à hauteur de leur investissement. Aujourd’hui en effet, les entreprises versent leur taxe d’apprentissage à un organisme collecteur qui se charge de sa redistribution mais elles ne peuvent en orienter que 37% vers l’établissement de leur choix. Avec notre proposition, les entreprises pourraient utiliser l’intégralité du montant de la taxe à former directement les apprentis dont elles ont besoin.

Il faut mettre en place un pilotage rationalisé et décentralisé !

Nous recommandons de créer une instance de régulation régionale qui aura la responsabilité de gérer l’animation, l’évaluation et le pilotage non seulement de l’apprentissage mais également de la formation professionnelle des adultes et des filières technologiques et professionnelles des lycéens ne passant pas par l’apprentissage. Cette instance serait animée pour moitié par des experts «nommés es qualité » appartenant à la chambre de commerce et d’industrie régionale et pour moitié par des représentants qui viendront de l’entreprise : un tiers des TPE, un tiers des PME et un tiers des ETI[[Entreprises de taille intermédiaire (250 à 5.000 salariés).]] et grandes entreprises.

L’objectif principal et prioritaire serait de fusionner l’apprentissage avec les autres formations en alternance[[Certificats de qualification professionnelle, contrats de professionnalisation, etc.]]. Cela permettra de mutualiser les plateaux techniques des CFA (centres de formation des apprentis) ou des lycées professionnels ou technologiques qui seront donc eux aussi pilotés et gérés par les entreprises et les filières professionnelles, en coordination avec ces instances de régulation régionales. L’Éducation nationale, Pôle emploi, les missions locales et les partenaires sociaux seraient invités à titre consultatif et non délibératif.

Nous recommandons par ailleurs de développer en amont un accès qui facilite le pré-apprentissage pour tous dans les collèges à partir de la sixième. Les programmes intègreront des connaissances de base : l’électricité, le travail du bois, la mécanique, l’agriculture, l’économie, la vie d’une entreprise, le bâtiment, le génie civil, etc. On y ajoutera les rencontres avec les filières ou les entreprises qui recrutent et qui présenteront leurs métiers et ses perspectives.

Avec l’objectif de doubler rapidement le nombre d’élèves en apprentissage et si la gestion des centres d’apprentissage devait être totalement prise en charge par les entreprises et/ou les branches professionnelles dans les secteurs atomisés, on peut espérer que les apprentis dont l’effectif est aujourd’hui d’environ 400.000, pourrait progresser de 25% à 3 ans et de plus de 50% à 5 ans. Cela signifierait une augmentation des enseignants techniques issus des entreprises, du personnel administratif lié à l’encadrement pédagogique en CFA et des tuteurs en entreprise de 10.000 à 3 ans et de 20.000 à 5 ans.

 

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1 commenter

Black octobre 23, 2016 - 9:56 pm

Enseignement Technique
Bravo.Nous redécouvrons ce qui a été abandonné dans les années 70

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