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Michel Barnier en charge d’un pays qui fonctionne comme un canard sans tête

par Claude Sicard
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Notre premier ministre a prononcé le premier octobre dernier, devant l’Assemblée nationale, son « discours de politique générale » : Il en est resté, avec prudence, à des principes généraux d’action, de façon à pouvoir passer avec succès ce premier obstacle à franchir dans l’exercice de sa fonction, et il a indiqué ce que sont les cinq chantiers auxquels il va se consacrer :

  • Le niveau de vie ;
  • Un service public de qualité ;
  • La sécurité au quotidien ;
  • La maîtrise de l’immigration ;
  • La fraternité.

On s’attendait à ce qu’il annonce un plan d’action d’urgence, un plan abrupt et renversant : il n’en a rien été. Il a simplement indiqué, en préliminaire, aux députés  que nous sommes dans une situation où « il faut faire beaucoup avec peu », reprenant les termes de la phrase prononcée par le général de Gaulle lorsqu’il s’installa à Londres, en juin 1940. Le programme d’action qu’il a dévoilé correspond aux attentes des Français telles que nous les révèlent les sondages, mais est-il de nature à relever les deux grands défis auxquels notre pays se trouve aujourd’hui confronté : redresser l’économie du pays, qui depuis cinquante ans est à la dérive, et empêcher notre société de se suicider ?  Certainement pas !

On ne peut donc qu’être déçu, et inquiet. Il faut bien voir que la France, depuis la disparition du général de Gaulle, est un pays qui est complètement désorienté, un pays qui se meut comme un canard sans tête. L’homme du 18 juin n’est plus là pour montrer la voie et guider nos pas : chacun sent bien que le pays est à la dérive. Emmanuel Macron qui a été porté, tout jeune, à la tête du pays en 2017, puis reconduit à ce poste en 2022, a été finalement dépassé par les évènements. On se souvient que le philosophe et homme politique Luc Ferry, interrogé sur Sud-Radio, le 23 décembre 2017, avait dit : « On a placé à la tête du pays un gamin, et on va le payer très cher ».

Effectivement, ce jeune président aura, à lui seul, augmenté la dette de la France de 1.000 milliards d’euros, un chiffre phénoménal, et le pays avec une dette qui maintenant dépasse son PIB se trouve dans une situation extrêmement critique. Aussi La côte de popularité du jeune Président est-elle maintenant au plus bas, avec seulement 18 % de bonnes opinions dans le dernier sondage Cluster. Au plan économique, la situation est extrêmement préoccupante, et, sur le plan interne, ce n’est guère mieux. La France est au bord du gouffre, nous dit Nicolas Sarkozy dans un récent article paru sur le JDD,  et la société est minée de l’intérieur par des flux  migratoires de plus en plus importants qui installent dans le pays une autre civilisation. Michel Barnier prend donc en charge un pays qui est dans une situation tout à fait périlleuse, tant au plan économique que sociétal. Il faudrait qu’il lance un vaste plan de réindustrialisation de la France pour extraire le pays de l’ornière dans laquelle il se trouve, et qu’il empêche notre civilisation de se « suicider », un risque contre lequel nous met en garde, dans ses ouvrages, le grand historien anglais des civilisations Arnold Toynbee, qui, dans ses travaux, est arrivé au constat que « les civilisations disparaissent non pas parce qu’elles sont assassinées, mais par ce qu’elles se suicident ».

Un économie stagnante, atone, et apathique

Les Grandes agences internationales de notation de la dette s’inquiètent de plus en plus de la situation de notre pays, et la Commission européenne, à Bruxelles, a ouvert contre nous une procédure pour « déficit excessif ». Notre pays, en matière économique, a cheminé depuis la fin des Trente Glorieuses tout à fait à l’aveuglette. D’une manière stupéfiante, nos dirigeants ne se sont pas rendu compte que l’économie de notre pays réalisait des performances bien inférieures à celles des autres pays européens. C’est ce qu’a montré une étude récente menée par la Division des Statistiques des Nations-Unies, publiée en 2018, qui a analysé comment les économies des pays évoluent sur une longue période. Nous reproduisons, ci-dessous, les résultats de cette étude pour quelques pays européens, en rajoutant le cas d’Israël qui est tout à fait remarquable :

PIB/tête  (US dollars  courants )

19802000 2021Multiplicateur
Israël6.39321.99052.1708,0
Espagne6.14114.55630.1034,9
Suisse18.87937.93791.9914,9
Danemark13.88130.73468.0074,9
Allemagne12.09123.92951.2034,2
Pays-Bas13.79420.14857.7674,2
France12.66922.16140.9633,2
(Source : ONU, Statistics Division)

Nos dirigeants ne se sont pas aperçus de ce décrochage, laissant fondre, sans broncher, notre tissu industriel, alors que c’est des trois secteurs qui  composent une économie celui qui crée le plus de richesse. Ainsi, ne contribue-t-il plus à la formation du PIB que pour 10 % seulement, alors qu’il s’agit de 23% ou 24 % dans des pays comme l’Allemagne ou la Suisse : la France est, aujourd’hui, le pays le plus désindustrialisé d’Europe, la Grèce mise à part.

Pour remédier à l’atonie de l’économie et donner aux Français un niveau de vie satisfaisant les dirigeants du pays ont recouru, chaque année, à des distributions de gadgets, de primes ou dégrèvements divers au nom de la répartition mais financés par l’endettement ! et cela dure depuis une cinquantaine d’années maintenant. Ainsi, la dette du pays est-elle devenue considérable, et son service est en passe d’être le premier poste du budget de la nation !  Nous sommes parvenus donc au bout de ce processus, et les dirigeants du pays ne savent pas par quoi le remplacer.  La solution consiste à reconstituer, d’urgence, notre secteur industriel, mais cela va demander, évidemment, beaucoup, beaucoup, de temps : on  a, très timidement, commencé à s’atteler à la tâche, et le rôle du premier ministre devrait être, précisément, de lancer d’urgence un vaste plan de réindustrialisation de la France, ce qui nécessite de rester extrêmement attractif pour les investissements étrangers car nous avons un besoin vital d’IDE (Investissements Directs Étrangers), les entreprises françaises n’y suffisant pas, à elles seules.

Il faut bien voir que si on ne redresse pas maintenant notre économie en lançant un vaste plan de réindustrialisation du pays, notre dette va continuer à se creuser, et ce sera, un jour, le FMI qui se chargera de remettre nos comptes en ordre : et l’on sait que lorsqu’il intervient il le fait avec une extrême brutalité. Le cas de la Grèce est là pour nous éclairer.

Une société en voie de décomposition 

Les Français sont complètement désorientés, car ils voient bien que sur le plan sociétal le pays va à hue et à dia. Nos dirigeants n’ont pas vu le danger que représente l’islam. Jérôme Fourquet nous dit, dans « L’archipel français »: « En quelques décennies tout a changé : depuis 50 ans les principaux ciments qui assuraient la cohésion de la société française se sont désintégrés ». Il explique que le pays est, désormais, « un  archipel constitué de groupes ayant leur propre mode de vie, leurs propres mœurs, et leur propre vision du monde ». Et Carroll Quigley, dans son ouvrage « The evolution of civilizations » nous dit : « L’arrivée massive d’immigrés est le signe que l’on retrouve dans  toutes les civilisations en déclin ».  

Il faut comprendre ce qu’il s’est passé. Le général de Gaulle avait renoncé à conserver l’Algérie afin que «  Colombey les deux églises  ne devienne pas, demain, Colombey les deux mosquées » (citation d’Alain Peyrefitte) : mais  les dirigeants du pays, après son départ en 1969,  ont ouvert tout grand la porte à l’islam. Ils ont manifesté une ignorance totale de cette religion. On se souvient de l’ineffable Jack Lang proclamant urbi et orbi, avec la fougue qu’on lui connait :  « L’islam est une religion de paix et de lumière » ; ou, encore, Marc Ayrault, alors premier ministre, qui, en visite à  la mosquée de Paris à l’occasion de l’Aïd, déclara : « L’islam de paix et de concorde est partie prenante de notre pays et ses valeurs qui le fondent ».Telle fut, pendant des années, la thèse officielle : un pays qui fonctionne, en somme, comme un canard sans tête ! Finalement nos dirigeants finirent par réaliser qu’il existe bien, dans l’islam, des éléments susceptibles de nourrir une idéologie radicale, qui incitent certains, que l’on nomme des « radicaux », à combattre notre société. Un verset du coran dit aux croyants: « Que ceux qui veulent échanger la vie présente contre celle de l’au-delà combattent dans le chemin de Dieu » (4,74) ; et un autre les encourage à lutter : « Dieu a assigné un rang plus élevé à ceux qui luttent dans le chemin de Dieu :il préfère les combattants aux autres » (4,95 ;96) . Emmanuel Macron a donc fait voter, en Août 2021, une loi contre le « séparatisme islamique », et il a demandé au CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) de faire naître un « islam de France », c’est-à-dire un islam qui soit compatible avec nos valeurs et nos principes républicains. Mais sitôt le CFCM entreprit-il de s’acheminer sur cette voie qu’il éclata : nous n’avons donc plus de CFCM, et toujours pas d’islam de France. Et l’islam continue donc à progresser. Un sondage IFOP, en septembre 2020, nous apprend que 57 % des jeunes musulmans français considèrent la charia, c’est-à-dire la loi islamique,  comme supérieure aux lois de la république. On en est donc là, actuellement : partout, des mosquées s’édifient, les boutiques halal se multiplient, et de plus en plus de jeunes filles portent le voile islamique dans nos rues pour marquer leur identité. On a donc bien affaire, à présent, à deux civilisations qui s’affrontent, et il faut s’en référer au grand anthropologue Claude Levi-Strauss qui dans «Race et Histoire » explique que lorsque deux civilisations en viennent à se trouver en concurrence sur un même territoire il y a conflit. Il nous dit qu’il se passe alors l’une des deux éventualités suivantes :

  • soit désorganisation et effondrement du pattern de l’une des deux civilisations ;
  • soit apparition d’une synthèse originale qui, alors, consiste en l’émergence d’un « troisième pattern », lequel devient irréductible par rapport aux deux autres.  

Le risque de voir notre civilisation muter vers un « nouveau pattern » est donc bien réel, et c’est ainsi, d’ailleurs, que meurent les civilisations.

Michel Barnier, dans le plan d’action qu’il a dévoilé aux Français dans son discours de politique générale, ne dit rien de ces deux défis majeurs que notre pays a à relever. Il est face à une tâche surhumaine : redresser notre économie qui est à bout de souffle, et veiller à ce que notre société ne se suicide pas. On doit donc regretter qu’il ne semble pas avoir pris la juste mesure de la tâche qui est la sienne, ou qu’il hésite à l’assumer. On se souvient que le premier ministre anglais, Winston Churchill, lorsqu’il accéda au pouvoir, en mai 1940, dans la situation périlleuse dans laquelle se trouvait son pays, avait dit aux  Anglais « Je n’ai à vous offrir que du sang, du labeur, de la sueur, et des larmes ».  

C’eut été ce qu’aurait dû dire aux Français notre nouveau premier ministre. On nous avait annoncé un montagnard intrépide : pour donner le ton, il avait rejoint à pied l’espace séparant Matignon de l’Assemblée, et avait dit à son entourage qu’il était « déterminé et serein ». On s’attendait donc à ce qu’il annonce un plan d’action abrupt et renversant. Mais il n’en a rien été. Allons-nous continuer à cheminer comme un canard sans tête ? le FMI nous attend au coin du bois.

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1 commenter

zelectron octobre 12, 2024 - 2:23 pm

Diantre, palsambleu, la politicaillerie persiste et signe : on taxe, on impose, on réglemente, on tient des discours abscons, rien dans le domaine positif, pas une mesure de création de richesses à travers la paysannerie, la petite industrie, l’artisanat, on saigne le malade et encore et encore !

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