Il existe une minorité d’entreprises avec un potentiel de création d’emploi considérable. En revanche, cette création n’est possible qu’à la condition de recueillir des financements appropriés.
Entre 5 et 6% d’entreprises selon les pays sont à l’origine de 50% des créations brutes d’emplois. On nomme ces entreprises les entreprises à forte croissance ou high growth firms. Ce sont des entreprises d’au moins 10 salariés qui font au moins 20% de croissance annuelle en emploi pendant trois années consécutives.
Les gazelles sont des jeunes entreprises à forte croissance qui ont moins de 5 ans d’existence au début de la période de croissance. Plusieurs pays se sont rendu compte de leur importance et l’OCDE a même créé un groupe de travail autour de ce sujet. Ces entreprises ont besoin du financement en fonds propres rapide pour accompagner leur développement grâce aux incitations fiscales efficaces destinées aux investisseurs privés.
En l’absence de données de qualité par l’Insee sur les gazelles en France [[La dernière étude Insee de Claude Picart remonte à 2007 et utilise la définition de gazelle non conforme à celle proposée par l’OCDE et ne permet donc pas des comparaisons internationales. Direction des Études et Synthèses Économiques Insee, Les gazelles en France, Claude Picart, 2006. http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/docs_doc_travail/g2006-02.pdf.]], l’Irdeme a mené une étude en partenariat avec le pH Group [[Où sont les gazelles françaises ? Irdeme, 2012. https://www.irdeme.org/Ou-sont-les-gazelles-francaises-10035.html, https://www.irdeme.org/Ou-sont-les-gazelles-francaises.html]] sur le dénombrement des gazelles françaises et leur capacité à créer des emplois. Cette étude a permis une comparaison avec les gazelles britanniques en respectant la même méthodologie que celle utilisée par l’institut Nesta dans leur étude similaire pour le Royaume-Uni [[The vital 6 per cent, How high-growth innovative businesses generate prosperity and jobs, Nesta, octobre 2009. http://www.nesta.org.uk/sites/default/files/vital-six-per-cent.pdf]] . L’étude porte sur des années non perturbées par la crise financière.
La comparaison des gazelles en France et au Royaume-Uni nous montre encore une fois un écart dramatique entre ces deux pays. Les gazelles françaises sont deux fois moins nombreuses et créent quatre fois moins d’emplois que les gazelles britanniques.
Une étude ultérieure de l’Irdeme en partenariat avec le pH Group [[Etude des gazelles françaises, Irdeme, 2013. https://www.irdeme.org/Etude-des-gazelles-francaises.html]] a montré une corrélation directe entre la création d’emplois et le montant des capitaux investis dans ces entreprises à forte croissance. L’investissement dans le capital social des gazelles françaises a été ainsi 3,5 fois moins important que dans les gazelles britanniques et s’est traduit par de moindres créations d’emplois.
Cet écart de financement entre les entreprises en France et dans les autres pays se traduit aussi en absence de licornes, jeunes entreprises valorisées plus d’un milliard de dollars, qui ont reçu une forte attention ces derniers temps. En France, nous n’en avons pratiquement pas, contrairement aux États-Unis, qui sont champions en la matière.
Ainsi, le manque de financement privé des jeunes entreprises et par conséquent leur lenteur à grossir, explique le manque d’entreprises à forte croissance, de gazelles et de licornes en France et la faible création d’emploi marchand.