C’est le constat que fait Gilbert Cette, éminent économiste et président du COR : la France s’appauvrit petit à petit depuis bientôt 30 ans par rapport aux pays industriels occidentaux comparables.
Le PIB par habitant en France est maintenant le 25 ème dans le classement mondial. Si on regarde les pays proches, le français avec un PIB de 61 473 $ en 2023 (source Banque Mondiale) est 18% moins riche que le belge ou l’allemand (71 400 $ et 72 070 $ respectivement), 31% moins riche que le hollandais (80 760 $), 34 % moins riche que le citoyen américain et …50% moins riche que le suisse (92 570 $)!
Il est par contre légèrement plus riche que l’italien (2,8% : 59 719 $) , et au même niveau que l’anglais.
Pour preuve, il y a en France moins de milliardaires que dans les pays comparables en Europe : avec ses 72 milliardaires, la France se trouve derrière l’Italie, qui en compte 74, mais loin des poids lourds européens que sont l’Allemagne (170 milliardaires) et le Royaume-Uni (122 milliardaires). (27 nov. 2024).
Cependant, le français se comporte comme si il était aussi riche que ses voisins : santé quasi gratuite et sans restrictions, retraites parmi les plus généreuses d’Europe, éducation gratuite et généreuses subventions diverses.
Le français se comporte comme un homme qui a eu un bon job bien payé pendant longtemps et se retrouve au chômage, mais refuse de diminuer son train de vie. Alors il emprunte d’abord auprès de ses amis, ensuite de sa banque … mais il doit bientôt hypothéquer sa maison, avant de se rendre compte qu’il doit faire des économies … Ou retrouver un travail rémunérateur.
Alors le France creuse les déficits, emprunte sur les marchés … Et se rend compte que l’on arrive au bout de ces expédients : soit il faut travailler plus, soit dépenser moins.
L’impact sur les retraites est évident : il n’y a plus assez de richesse pour continuer à payer les retraites au même niveau : d’après Gilbert Cette, la solution n’est que marginalement dans l’allongement de l’âge de départ, mais surtout dans l’augmentation de la richesse du pays, et cela ne se fera qu’en s’attaquant au taux d’activité des seniors et des jeunes : nous sommes plus de 10 points en dessous de pays comparables comme l’Allemagne ou les Pays Bas.
Par exemple, le taux d’emploi est de 68% en France et de 82% aux Pays Bas ! (Chiffres INSEE 22/08/2024). Et nos amis hollandais ne se sentent pas plus malheureux que les français… bien au contraire. 14% d’écart entre le taux d’emploi des 15-64 ans en France et aux Pays Bas représente un peu plus de 200 milliards de PIB en plus chez nous si la France rejoignait les Pays Bas. Donc plus de problème ni de retraite ni de coût de la santé ! A titre de comparaison, le coût de la santé en France et aux Pays Bas est d’environ 12% du PIB …. Mais 12% de 80760$ = 9700 $ par habitant aux Pays Bas et… 12 % du PIB en France de 61473 $= 7375 $ par habitant ! Alors ne nous étonnons pas si le système de soin hollandais est bien plus performant que le français. Il n’y a pas de miracle. L’oisiveté revendiquée se paie cash !
Tout le monde doit se relever les manches : les jeunes (16-25 ans) et les seniors (60-64 ans) doivent commencer/ rester au travail, et les retraités devraient participer à l’effort de redressement, par exemple en renonçant au 10% de « frais professionnels » que le fisc leur accorde. Les « actifs » doivent renoncer à quelques jours de vacances… (ou RTT) et le gouvernement doit relancer la politique familiale intelligemment et les entreprises y participer. A titre d’exemple, aux États-Unis, j’ai été surpris de voir des crèches et garderies d’enfants au rez-de-chaussée de nombreuses entreprises : voilà qui ne décourage pas les mères de travailler et réduit l’absentéisme : je n’en ai pas vues en France où j’ai travaillé dans quelques très grandes entreprises !
Sinon, tôt ou tard, la sanction, plus dure, nous sera imposée par l’extérieur : possibilité réduite d’emprunter suivi d’un appel au secours au FMI, avec des mesures bien plus drastiques, avec alors une vraie baisse du niveau de vie.
Oui, il faut que l’on augmente la richesse du pays si on veut continuer à profiter de notre système social et pour cela il faut travailler plus. Claude Sicard a démontré, dans plusieurs papiers publiés sur notre site, la nécessité impérieuse d’augmenter la part de l’industrie dans notre économie : là il y a un rôle de facilitateur de l’État.
Le problème est dans le déni des français, y compris des media et du monde politique : on préfère attendre et … qui vivra verra.
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