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Les risques financiers des entrepreneurs, propriétaires d’entreprises non cotées

par Irina Kalmykova
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Nous traduisons ainsi de façon approximative le titre de travaux récents (2012) publiés par la Federal Research Board américaine sur un phénomène économique peu étudié jusqu’à présent : la mesure du risque pris par un entrepreneur par apport à celui que prend un salarié, de perdre son emploi ou tout simplement de voir son revenu baisser.

Beaucoup de travaux ont en effet été consacrés, notamment en France, aux inégalités de revenus et aux inégalités de fortune ; des institutions nationales ont littéralement dénoncé le fait que près de la moitié de la richesse nationale serait détenue par les plus riches, que l’on a maintenant l’habitude de désigner comme le 1% : le 1% des plus hauts revenus, ou lorsqu’il s’agit non de revenu mais de fortune, le 1% des foyers concentrant la plus grande richesse. Ils recevraient plus de 20% de l’ensemble des revenus distribués et posséderaient plus de 40% de la fortune nationale.

Les critiques de ces résultats se sont concentrées sur le fait que la plupart de ces statistiques sont fallacieuses car portant sur ce qu’on appelle les revenus primaires, avant redistribution. En matière de revenus, cela n’a pas beaucoup de sens car ces statistiques ne tiennent pas compte des impôts payés par les plus hauts revenus ni de tous les avantages sociaux transférés aux plus faibles. En matière de patrimoine, ces calculs ne tiennent pas compte de la valeur des retraites accumulées qui sont le principal patrimoine l de plus de 90% des citoyens.
D’autres ont également constaté que l’âge et l’augmentation des richesses et des revenus vont de pair. Si l’on tient compte de ces divers facteurs, la soi-disant augmentation des inégalités qui aurait été constatée, notamment aux USA depuis 30 ans, disparaît.

Mais ces diverses critiques ont rarement pris en compte le fait que ceux qui ont les plus hauts revenus ne sont pas des prévaricateurs mais en très grande majorité des entrepreneurs qui paient leur ascension d’un prix élevé : celui du risque.
Très peu de travaux avaient été jusqu’à présent consacrés à la mesure de ce risque et il faut ici saluer les travaux récents (2012) de la Banque Fédérale Américaine. (« The properties of Income Risk in Privately Held Businesses » par Jason DeBacker et al)

Le document d’une cinquantaine de pages vaut la lecture intégrale, car il est difficile de donner en quelques lignes un compte-rendu correct d’une étude aussi riche mais, pour les abonnés de l’IRDEME, nous allons essayer d’en faire un condensé.

La base statistique étudiée est une nouvelle base étendue et confidentielle de revenus tirés des déclarations d’impôts, fournie par le Treasury Department, de 1987 à 2009.

De cette base sont extraits en particulier les revenus de foyers, tirés d’entreprises privées non cotées (« privately owned businesses »). Ceux-ci représentent près de la moitié des emplois et des investissements totaux aux USA.

De plus, l’investisseur typique concentre son investissement dans une seule société ; 80% de tout le patrimoine industriel américain non coté est détenu par des personnes qui sont activement engagées dans la gestion de leur entreprise, qui, à elle seule, constitue au moins la moitié de de leur patrimoine net total[[On retrouve ici des caractéristiques déjà notées par Wolff à partir des enquêtes sur les patrimoines.]].

L’étude repose sur une base statistique très large puisqu’elle s’appuie sur les revenus déclarés à l’IRS, le département des impôts, de 1987 à 2009, soit sur environ 3 millions de déclarations de revenus. Et surtout c’est la première fois qu’on suit des patrimoines dans le temps sur des séries longitudinales ce qui permet de voir les montées dans l’échelle des revenus mais aussi les descentes, les sorties et donc de mesurer le risque couru.

Ceci permet de comparer les évolutions de revenus de salariés avec ceux d’entrepreneurs dans les deux sens : montée ou descente, sous forme de matrices divisant les revenus en dix groupes – déciles – et montrant comment le décile listé dans la colonne de gauche évolue entre les différents déciles l’année suivante.

Ces matrices sont données à la fin de cet article.

Les CONCLUSIONS qu’en tirent les auteurs sont les suivantes :
– 1. La stabilité d’un revenu entrepreneurial est beaucoup plus faible que celle d’un revenu salarié : la probabilité de rester dans le même décile est en effet de 0,4 pour un entrepreneur contre 0,6 pour un salarié.

– 2. Faisant partie de cette instabilité, les chances de grimper dans l ‘échelle des revenus est beaucoup plus grande pour les entrepreneurs que pour les salariés. Par exemple, 12% des foyers qui débutent dans le décile de revenu le plus bas se retrouvent l’année suivante dans les déciles 8 ou plus haut pour les entrepreneurs, alors que le pourcentage de salariés faisant la même ascension est nul.
C’est pourquoi passer de la pauvreté à la richesse est possible en étant entrepreneur alors que c’est hautement improbable comme salarié. Il semble bien que les entrepreneurs deviennent entrepreneurs en raison de la perspective de devenir riches beaucoup plus vite mais en sachant que les risques sont beaucoup plus élevés.

– 3. Mais les probabilités de chute sont également beaucoup plus fortes pour un entrepreneur que pour un salarié puisque, pour les entrepreneurs, 25% du décile de revenus le plus élevé sortent de ce décile l’année suivante contre 15% seulement pour les salariés ; et sur les 25% d’entrepreneurs qui dégringolent, 4% tombent même au bas de l’échelle alors que pour un salarié qui tombe du plus haut décile, la probabilité de tomber en dessous du sixième décile est pratiquement nulle.

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