Page d'accueil Regards sur l'actualité Les errements du Service au Public

Les errements du Service au Public

par Yves Buchsenschutz
122 vues
services-publics.jpg

Bonne (ou sinistre) nouvelle : le record de dérapage de la taxe foncière de Saint Mandrier (83) est battu par Saint-Nom la Bretèche (78) : augmentation globale de 27,4 % dont 38,12 pour la commune et 66,6 pour la taxe GEMAPI. Qui dit mieux ?

Je ne désespère pas de trouver un citoyen qui est victime d’un dérapage supérieur. Écrivez-nous, vous avez gagné un abonnement gratuit à la lettre EPLF/IRDEME.

Je ne désespère pas non plus de voir s’ajouter à ces énormités, un dérapage conséquent de la taxe d’habitation pour les malchanceux qui la conserve ! Au demeurant il semblerait que pour tenir compte de l’inflation, toutes les bases « cadastrales » qui servent au calcul de ces fameuses taxes ont été augmentées cette année de 3,4 % au lieu des 0,2 % de 2021. Comme quoi on peut rendre l’impôt « contemporain » quand on le souhaite. Merci Mr Darmanin et consorts.
Concernant les retraites, pour résumer, il m’a été rappelé que le déficit du régime des fonctionnaires, non pris en compte par le COR est tout de même de l’ordre de 30 milliards lesquels sont purement et simplement réglés par le budget de l’État. Des régimes équilibrés à 30 milliards près c’est une plaisanterie morbide.

Passons maintenant à un autre sujet : l’énergie
Premier constat : les quatre éléments de nos ancêtres étaient, la terre, l’air, l’eau, et le feu. Il n’est donc pas étonnant que l’énergie soit quelque part présente partout ! Pas d’énergie, pas de vie ! (Pas non plus de vie s’il n’y a pas d’eau par exemple, autre problématique qui pourrait nous rattraper)
La France a été plus ou moins autosuffisante en énergie avant la révolution industrielle avec les animaux, puis les forêts et le bois, les moulins à vent, les moulins à eau puis au début avec le charbon. Ensuite devant la performance et la concurrence des hydrocarbures (gaz et pétrole) il a fallu inventer autre chose car la France n’en n’avait pas ou peu. De bons esprits décidèrent de se tourner en son temps vers le nucléaire qui nous a d’ailleurs permis pendant des dizaines d’années de disposer d’une énergie quasiment à moitié prix, efficace et pilotable, et même des exportations significatives. Évidemment il a fallu accepter le risque nucléaire mais nous avons aussi accepté le risque Seveso, le risque amiante et bien d’autres. Cela ne nous empêchait pas de rester tributaires pour partie d’importations d’hydrocarbures et de crises pétrolières mais en atténuait quelque peu les effets.
À ce moment sont arrivés des « écologistes punitifs ». Je dis des écologistes car ceux-là ont décrété que le nucléaire était le mal absolu. Ceci, malgré son apport dans le problème de l’énergie mais également par exemple en médecine ou bien d’autres applications. Cela fait donc une vingtaine d’années que la tendance Rousseau – Nature de nos concitoyens combat par tous les moyens, y compris des O.N.G. et des ministères financés par l’État, la poursuite du nucléaire dont le dernier avatar a été la fermeture anticipée de la centrale de Fessenheim. En parallèle, pour cause de changement climatique, on a plus ou moins ostracisé les hydrocarbures traditionnels provoquant un désengagement rapide de ces métiers. Par malchance, ou par malheur, la sortie de la COVID et de la mondialisation, renforcée par la guerre en Ukraine et ses multiples conséquences laissent la France et l’Europe orphelines d’énergies de substitution au moins à grande échelle. Oui, l’éolien existe même si ce ne sont en fait que le grand moulin à vent, oui le solaire existe, oui l’hydrogène existe (il est pourtant relativement dangereux celui-là) oui il y aura des innovations, oui on pourra faire quelques économies, mais tout cela prend du temps. Les solutions énergétiques sont des pistes de long terme …, souvent 10 ans et plus, mais aucun peuple n’acceptera une écologie punitive qui au-delà d’une meilleure allocation des ressources signifierait décroissance en valeur absolue et misère. Les commentateurs « écolos » non plus d’ailleurs.
Cela est vrai aussi bien des Maliens que des Afghans, ou des « pauvres » des pays riches qui tous comptent bien améliorer leur sort. Nous ne sommes même pas capables aujourd’hui d’imaginer une politique démographique mondiale, sachant que la consommation d’énergie en définitive est la multiplication d’une consommation par individu (toujours voulue en croissance) par une population (qui pour le moment croît encore). Dans tous les cas, les objectifs « politiques » du genre plus de voitures thermiques dans X années ou 100 % d’éolien après-demain sont de la politologie inefficace. Il ne manque pas de bons spécialistes capables de construire des scénarii scientifiques et réalistes (voir Charlez et Henimann ou Jancovici) qu’il sera déjà bien difficile de financer et de réaliser. De ce point de vue d’ailleurs, le Grenelle de l’environnement en son temps avait été une méthode de travail bien plus satisfaisante en introduisant le concept global de développement durable. Ce dossier pour le moment paraît bien mal engagé et manquer d’un axe clair.

Pour revenir un peu à l’actualité, Un autre dossier préoccupant est le budget 2023 tel qu’il vient d’être présenté :
• un déficit équivalent à 45 % des recettes et 5 % du PIB (l’objectif européen reste 3 %)
• 10 800 fonctionnaires de plus
• Une somme de 270 milliards d’euros à emprunter en 2023

Rapidement interprété, cela signifie que la politique du « quoiqu’il en coûte » continue, que l’on va encore distribuer des prébendes un peu partout sans contrepartie de recherche d’efficacité et que le poids de la dette, qui par malheur recommence à avoir un coût, va nous tirer vers le bas. (Définitivement cette-fois ci ?) Autre exemple significatif : une des dernières annonces est l’augmentation des rémunérations des enseignants avec un coup de pouce de 10 % (les enseignants ont déjà bénéficié cet été des 4 % des fonctionnaires). Pourquoi pas ? C’est un métier noble et qui mérite certainement une revalorisation : par contre est-ce le bon moment alors qu’il y a le feu à la maison ? A tout le moins, ne pourrait-on demander en contrepartie un ajustement du temps de travail. Les conditions et les outils ont bien changé depuis que le mi-temps général a été institué, agrémenté de 3 mois de vacances ! Les professeurs allemands sont mieux considérés et rémunérés mais font plus d’heures. Même décalage pour les mesures genre déconjugalisation du handicap ou d’améliorations des aides aux aidants. Une fois de plus il apparaît que l’on pare au plus pressé, ou pire, on continue à empiler sans réelle vision d’ensemble.
L’Etat doit se réformer, s’il n’y arrive pas pourquoi ne pas commencer par limiter le nombre de nouveaux textes ou lois, et simplifier drastiquement ceux qui existent. Une loi c’est toujours des gens pour la faire appliquer ou la contrôler et des complications et du temps improductif pour les « assujettis ». Nous sommes en train d’étudier le comportement de l’URSSAF : nous en reparlerons. Or les électeurs voudraient pouvoir s’occuper d’abord de leurs affaires et ensuite savoir où l’on veut les emmener ? Cela pourrait peut-être contribuer à faciliter la réindustrialisation, à peu près hors champ budgétaire à date.
La seule bonne nouvelle sur ce front est que l’inflation constatée en France est pour le moment moins élevée que dans les pays similaires. Il est vrai que le gouvernement y a mis les moyens (boucliers divers mais les autres pays aussi). Comme ce phénomène a une large tendance à croître avec le temps, il vaut mieux probablement démarrer par 5 % plutôt que par 10 ou 20. Pour ceux qui ont un peu d’expérience et d’ancienneté, l’inflation à plus de 2 % est une maladie difficile à guérir.
Nous avions dans notre premier article, rapidement évoqué le problème des fiscalités locales. Dans son livre que je vous recommande, Michel Vergniaud qui a été fondateur et président de CANOL, organisation qui a pris la peine de décortiquer en région lyonnaise et en détail, le fonctionnement des collectivités locales sur une longue période : c’est impressionnant. En particulier le millefeuille administratif, la complexification de la moindre démarche, la création continue de nouveaux postes travaillant assez souvent moins que le temps légal, protégés par les élus, l’opacité des décisions voire la confusion des lignes budgétaires et surtout la protection étonnante de l’invention originale française : la justice administrative. Ayant eu comme professeur (de droit administratif) le regretté doyen Vedel, celui-ci avait résumé un jour en une phrase son opinion sur ce grave sujet « si un jour vous deviez avoir un accident de voiture, évitez à tout prix la voiture des postes ! » Prémonitoire.
Par la porte ou par la fenêtre, notre état doit tenter de se transformer et subir une cure d’amaigrissement. Si McKinsey il y a, c’est en vue de cet objectif que cela devrait d’abord servir. En définitive, la mesure la plus inadmissible du budget 2023 est la création nette de 10 800 fonctionnaires supplémentaires. On comprend facilement qu’il peut y avoir des manques mais il y a aussi comme partout des excès. Et la mobilité, cela existe ! C’est même le plus souvent une condition de survie En 2022, il ne serait que normal que le Service au Public, comme nous tous, se consacre également à l’exercice de la recherche de productivité. C’est la condition sine qua non du simple maintien de notre niveau de vie. Les entreprises et les français ne pourront plus gagner de courses ou de matchs dans la compétition internationale avec un sac de fonctionnaires sur le dos et des complexités administratives d’un autre âge.

 

services-publics.jpg

Tu pourrais aussi aimer

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d’accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Privacy & Cookies Policy