On sait le florilège dont les économistes égalitaristes comme Joseph Stiglitz ou Thomas Piketty ont entouré les riches Américains en les accusant d’être des rentiers, des hauts salariés surpayés ou des spéculateurs jouant avec des « hedge funds ».
Ces affirmations sans fondement ont été déjà largement désavouées par les monographies sur les milliardaires publiées chaque année par la revue Forbes et qui montrent que pour les 400 Américains les plus riches, 67 % ont tiré leur fortune des entreprises qu’ils ont créées ou développées et que ce pourcentage monterait à 90 % si l’on y incluait leurs parents.
Mais les 400 milliardaires dont la fortune, dans l’enquête 2015, débute vers 1,5 milliard-, ne représentent qu’environ 3% de la fortune totale américaine qui dépasse maintenant les 70 trillions.
Les économistes égalitaristes sont généralement sans voix devant ces résultats mais ils se réfugient rapidement dans l’affirmation que ces milliardaires ont hérité d’une entreprise et n’ont fait que la développer, et surtout, que ces résultats ne s’étendent pas aux millionnaires, aux plus de 2 millions de foyers américains qui constituent le 1 % des plus riches, ces accapareurs.
Ceux-là dont le poids économique est 10 fois plus important que le milliardaires de Forbes, ont vu leur part du patrimoine total américain passer de 30 % vers 1980 à plus de 34 % aujourd’hui.
On savait déjà par les travaux de Cagetti et De Nardi[[« Entrepreneurship, frictions and wealth ».]], que les deux tiers du patrimoine du 1 % étaient détenus par des entrepreneurs.
Mais l’argument facile était de dire qu’ils s’étaient enrichis en achetant et revendant des terrains, ou par la spéculation financière.
Nous sommes heureux de montrer aujourd’hui que le 1 % est étroitement associé à la création d’emplois aux États-Unis et de pouvoir affirmer qu’ils ont créé plus du quart des emplois existants, les entrepreneurs de toute condition ayant créé leur entreprise étant responsables de près de 60 % de ces emplois.
Ces résultats s’appuient sur un fichier respecté de tous les économistes et qui s’appelle le « Survey of Consumer Finances » (SCF) réalisé tous les trois ans par la Banque Fédérale américaine.
Le fichier SCF et ses résultats
Nous avons découvert la base SCF grâce à l’économiste américain marxiste Richard D. Wolff qui, en commentant les résultats des enquêtes SCF 2010, s’étonnait que 75 % du 1 % les plus riches soient constitués de petits entrepreneurs individuels.
Nous pouvons aujourd’hui confirmer à partir des résultats de l’enquête 2013, que sur les 117 millions d’emplois américains recensés cette année-là, 68,5 millions soit 58 % étaient employés dans des entreprises directement gérées par des entrepreneurs qui les avaient créées (et non pas héritées ou même achetées).
Sur ces 68 millions, 31,6 millions sont le fait d’entrepreneurs que leurs revenus classent dans le 1 %.
Grâce à cette enquête nous savons également que ces entrepreneurs ont investi 234 000 $ par entreprise [[A comparer avec une moyenne française autour de 60.000 € et des subventions du programme d’incitation gouvernemental ACCRE autour de 3.000 €.]]et se retrouvent maintenant avec une valeur estimée par eux pour leur part à 534 000, soit sensiblement un doublement.
Le chiffre d’affaires total des entreprises créées par des entrepreneurs serait de 15,7 trillions, sur lesquels la part du 1 % serait de 12,8 trillions (on sait que le PIB américain 2013 est de 16,8 trillions ; mais ces deux chiffres ne sont pas contradictoires car la valeur ajoutée dans le chiffre d’affaires est généralement de l’ordre de 40 %).
Solidité de nos calculs
La question que tout un chacun pourra se poser concerne la solidité de ces chiffres, et nous nous la sommes bien entendus posée. Ayant toute la série des enquêtes SCF depuis 1989, nous avons pu vérifier que nos chiffres « collaient » avec les quelques enquêtes déjà publiées par les experts officiels et qui portent sur l’année 1989.
Nous invitons tous nos lecteurs à nous adresser leurs critiques ou suggestions, mais jusqu’à présent, ces chiffres nous sont apparus cohérents.
Par exemple, le nombre d’entrepreneurs ayant créé leur entreprise et appartenant au 1 % serait de 770 000 soit un peu plus de 7 % des 10 millions d’entrepreneurs ayant créé leur entreprise et recensés dans l’enquête 2013.
Or, c’est un fait connu, notamment par les études de l’OCDE, le pourcentage d’entreprises à forte croissance qui créent l’essentiel de l’emploi est compris entre 6 et 8 % des entreprises, la plupart des autres entreprises créées n’ayant pas l’ambition de croître au-delà de leur création et de l’emploi du créateur avec, parfois, des membres de sa famille.
Le rôle capital pour l’emploi du 1%
Un des résultats remarquables de ce chiffrage est que le montant mis par l’entrepreneur au départ est beaucoup plus important dans le cas du 1 % que dans le cas général puisqu’il se monte à 1 300 000 $ contre seulement 234 000 en moyenne par entrepreneur.
Mais les emplois créés par un entrepreneur appartenant au 1 % sont de 41 contre seulement 6,7 pour la moyenne.
Le plus étonnant, et nos lecteurs pourront peut-être nous aider sur ce point, c’est que nous n’avons trouvé aucune étude publiée sur internet sur la création d’emplois, tirée de cette enquête SCF, alors qu’elles abondent sur les patrimoines ou l’enrichissement.
Peut-être nous permettront-elles de mesurer l’impact qu’ont eu les changements de taxation sur les plus-values et de montrer, comme nous l’avons déjà rappelé à propos de l’expérience Roosevelt 1936, que taxer trop fortement les plus-values comme le souhaitent les égalitaristes, et comme l’a fait la France, c’est casser la motivation à créer une entreprise, et casser l’emploi qui s’y rattache.
Les chiffres de l’enquête 2013 démontrent en eux-mêmes déjà le rôle capital qu’ont ceux qui deviennent riches sur la croissance de l’emploi et la nécessité pour créer des entreprises ayant beaucoup d’employés d’investir massivement. Nous laissons ceux qui croient encore au succès du capitalisme d’État le démontrer avec les résultats de l’ANVAR, OSÉO ou maintenant la BPI.
Nous rappelons que c’est parce que les Américains ont créé 50 millions d’emplois de plus entre 1980 et 2010 qu’ils ont pu accueillir 30 millions d’immigrés dont 15 très pauvres et peu éduqués.
C’est le même challenge auquel l’Europe est aujourd’hui confrontée.
1 commenter
De l'autre coté de l'océan…
Nous en sommes très loin de ce coté de l'océan. Le patron de pme de base (moi, comme 100 000 de mes confrères) se bat avec la réalité du terrain. J'ai diminué tous mes revenus (salaire, et aucun dividende) pour descendre la note fiscale. Comment peut on payer 75% de son revenu (revenu avant déduction en plus…) en impôts ? Je vis donc sur le découvert bancaire, et je ne paierai plus d'impôt l'année prochaine. Inutile de vous dire que je n'investis plus, et que je ne dépasserai pas les 20 salariés que j'ai.
Je vous raconterai bien en plus la vie quotidienne, avec l'inspection du travail qui débarque, l'ursaff qui ne répond pas, et les erreurs de la médecine du travail, etc… mais on ne me croirait pas…