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Le vide effrayant de nos leaders politiques de droite

par Bernard Zimmern
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On pourrait se réjouir des programmes politiques de droite, se dire « enfin » une politique plus libérale. Mais elles sont largement insuffisantes pour régler notre problème économique numéro 1

Le Figaro a résumé dans une édition récente les grandes réformes que les leaders des Républicains entendent mettre en œuvre s’ils sont élus dans la campagne présidentielle. Mais de quoi s’agit-il ? On pourrait dire en fait que c’est un peu la course aux plus gros bonbons : suppression de l’ISF pour tout le monde, recul de l’âge de la retraite, alignement du statut des fonctionnaires sur le secteur privé, faire 100 milliards d’économies sur le budget, réduction des impôts, baisse des charges des entreprises pour les rendre plus compétitives, etc.

Mais si l’on y regarde de près il y a un domaine dont nos leaders ne nous entretiennent pas clairement … et qui est, comment ils vont réduire le chômage. Or, sans une forte reprise de l’emploi, tous leurs bonbons sont creux. En effet, si certaines de ces réformes soulageront à la marge l’ensemble des entreprises existantes – ce dont nous nous réjouissons certes – elles n’auront que peu d’effet sur la minorité des entreprises à potentiel de création d’emplois. Leurs mesures allègent un peu la masse, mais elles ne concernent pas la minorité à potentiel catalytique.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce sont bien en effet une minorité d’entreprises qui sont responsables de l’essentiel de la création d’emplois. Une étude de l’INSEE[[Direction des Études et Synthèses Économiques, Les gazelles en France, Claude PICART, février 2006.http://www.insee.fr/fr/publications-et-services/docs_doc_travail/g2006-02.pdf]] – la plus récente sur le sujet – montre que sur la période 1993-2003, ce sont seulement 5% des entreprises françaises qui ont été à l’origine de 50% des créations brutes d’emplois. Ce chiffre est quasiment le même au Royaume-Uni, où 6% des entreprises sont à l’origine de 50% des créations brutes d’emplois[[The vital 6 per cent, How high-growth innovative businesses generate prosperity and jobs, Nesta, octobre 2009 :http://www.nesta.org.uk/sites/default/files/vital-six-per-cent.pdf]], de même qu’aux États-Unis, où 1% des entreprises sont responsables de 40% des créations[[Kauffman Foundation Research Series : Firm Formation and Economic Growth High-Growth Firms and the Future of the American Economy, Dane Stangler, mars 2010.]].

Ce phénomène n’est donc pas le fait du hasard mais d’une loi économique, loi apparemment méconnue par nos hommes politiques, puisque totalement absente de leur discours. Méconnaissant le rôle de ces entreprises, ils méconnaissent donc leurs besoins les plus importants pour remplir leur rôle de création d’emplois, à savoir… l’investissement. Or, les montants levés par les jeunes entreprises à forte croissance sont extrêmement faibles en France, trois fois moins importants qu’au Royaume-Uni.

Malheureusement, ce constat de l’ignorance de nos leaders n’est pas très étonnant. Ils ne font en effet que refléter le vide des idées de nos économistes, qui, sous la férule de l’INSEE, s’emploient à nous faire croire que nous sommes les champions de la création d’entreprise alors que la plupart des entreprises qui se créent en France sont des coquilles vides. Il faut en effet investiguer pour découvrir que 5% seulement des entreprises créées en France naissent avec des salariés, ce qui fait moins de 30.000 entreprises par an, alors qu’elles sont 200.000 au Royaume-Uni. Il faut enquêter encore davantage pour se rendre compte que par rapport au Royaume-Uni, nous avons 6 millions d’emplois privés de retard.

Comme nous, les Britanniques ont pour objectif la croissance et l’emploi, la différence fondamentale c’est qu’ils ont mis en œuvre une fiscalité qui va véritablement dans le sens de leurs objectifs. Ils ont parfaitement compris que l’investissement dans les start-up à potentiel de croissance permet de booster la croissance et la création d’emplois. C’est pourquoi leur fiscalité est incitative, non seulement à « l’entrée » au moment de l’investissement, mais également à la « sortie », par une rémunération effective du risque via l’exemption des plus-values.

La France est donc le pays opposé, où personne ne semble se rendre compte que si nous ne mettons pas en œuvre les outils pertinents pour relancer une véritable création d’emplois, les autres mesures risquent fort d’avoir un effet homéopathique.

 

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2 commentaires

Picsou 75 mars 20, 2016 - 6:14 pm

C'est à l'étage du dessus …
Je pense que l'on peut désormais annoncer toute nouvelle mesure d'allègement, d'ouverture le dimanche, choc de simplification, ou même fiscal, et qu'il ne se produira plus rien en matière d'emploi.
C'est à l'étage du dessus qu'il faut agir enfin, il faut tout balayer, restaurer la confiance, remettre les bases du capitalisme dans l'esprit de chacun, et ensuite seulement, on pourra décliner et appliquer différentes mesures.
Employeur, je ne crois plus un mot des annonces qui se succèdent. La dernière (mois dernier..), 4000 euros par embauche, est déjà tombée aux oubliettes. Je ne remplirai plus ces paperasses infernales !

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Jean-Xavier ROCHU mars 21, 2016 - 10:50 am

C'est le vide effrayant des électeurs de nos politiques de droite et de gauche
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. L'indigence américaine analysée par un "brit"
See: https://www.youtube.com/embed/iHLcrfhwPtc?&rel=0
s'observe aussi en France pour des raisons assez voisines telles que les présente ce beau thuriféraire du réalisme britannique.
L'idéologie universelle, technocratique et élitiste de nos stratèges publics règne sur des marchés perdus et des investissements dévoyés.
Prévenir les risques, c'est le savoir survivre en concurrence essentiel quand notre fin limier national de la finance, ministre extra-lucide de son état, garantit pendant 35 ans des recettes à l'EDF sur un investissement de centrale nucléaire qu'on n'arrive pas à mettre au point depuis 12 ans malgré 2 prototypes en cours. L'entrepreneur privé s'engage à 5 ans et rêve à 10 ans et au-delà.
Oui, Monsieur le ministre, le contribuable payera quand l'augmentation des taux d'intérêt de notre dette nationale et pharaonique mettra notre trésorerie nationale en cessation de paiement. Mais EDF en mourra! Suivant en cela la SNCF et d'autres ….

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