Avec les récentes décisions judiciaires concernant Sephora ou Bricorama, les Français sont à nouveau confrontés à une question majeure de société : faut-il davantage permettre le travail le dimanche ?
Dans le camp des pour, on peut ranger ceux qui ont connu Sydney, Australie, au début des années 1980, dont le centre était mort le dimanche et explose maintenant de vie et d’activité.
Dans le camp des contre, l’argument religieux a perdu du poids : les Américains sont beaucoup plus pratiquants que les Français, la moitié d’entre eux suivent un office le dimanche contre moins de 15% en France, et pourtant la quasi-totalité des états autorisent le travail du dimanche. Mais l’ouverture a lieu généralement de 13 à 18 heures.
Il s’est fait une répartition intelligente entre le devoir religieux, et même la vie de famille, et l’activité économique. Les commerces ouvrant généralement vers 13 heures et fermant vers 17 heures, ils laissent la matinée à Dieu et la soirée à la famille. Mais ils permettent à la famille d’aller ensemble faire les achats « lourds » comme du mobilier ; ou tout simplement l’hiver, quand les promenades en forêt deviennent difficiles, d’aller se distraire en faisant le tour des « mall », devenus centres d’attraction.
Quel impact sur l’emploi ?
Les chiffres sont difficiles à réunir mais ils semblent loin d’être négligeables.
D’après une comparaison faite en 2004 sur les taux d’occupation en France et en Grande-Bretagne, soit 9,2% de la population occupée habituellement le dimanche en France contre 13,2% au Royaume-Uni, ce seraient environ 150.000 emplois qu’ajouterait le travail du dimanche.
Il ne semble pas que depuis, l’écart se soit réduit.
Malgré la loi Maillié de 2009 qui a déchiré la France, l’emploi du dimanche ne paraît pas avoir évolué.
Parmi les opposants figurent, bien entendu, ceux qui nient tout intérêt à l’expansion de l’économie et peut-être de façon plus large à tout ce qui écarte de l’état de nature.
Au risque de paraître très matérialiste, nous sommes encore de ceux qui croient que l’activité économique reste un des composants de la vie et que si dans les pays avancés, nous avons certes un devoir de ne pas gaspiller, d’économiser l’énergie, de préserver les liens humains et familiaux, il ne faut pas non plus oublier que l’égalité ne signifie pas seulement faire que un ou deux milliards d’humains profitent des richesses du globe mais étendre leur bénéfice aux 8 à 10 milliards actuellement vivant à l’état de simple subsistance.
Une étude du Credoc (cahier 246 d’octobre 2008 sur l’ouverture des commerces le dimanche ; l’opinion des Français) fait d’ailleurs se demander si l’opposition au travail du dimanche n’est pas le fait d‘une petite coterie qui s’appuie sur cette soi-disant défense pour justifier l’existence de syndicats.
Quand on voit l’animation dominicale qui habite la rue des Franc-Bourgeois dans Paris et quand on voit le nombre de petits commerçants travaillant à leur compte, qui n’hésitent pas à ouvrir le dimanche car ils répondent à un besoin et donc à un marché, on peut se demander si la France, à travers ses syndicats et ses hommes politiques, n’est pas en train de livrer une de ces batailles d’arrière-garde qui contribuent à faire d’elle, de plus en plus, un musée pour le tourisme de riches Chinois.
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Le travail le dimanche, une question majeure
bravo Bernard !
Depuis que je sais lire, je n’ai jamais compris l’opposition au travail du dimanche si on respecte le volontariat côté salarié. S’il n’y a pas assez de volontaires, on embauche des travailleurs du dimanche, par exemple des étudiants qui ont besoin d’argent pour leurs études.
Plus généralement il faut des raisons extrêmement graves et précises pour s’opposer à une liberté. Et là il s’agit de celle de l’ensemble population en tant que clients ou visiteurs, celle des employeurs et celle de ceux que ça arrangerait de travailler le dimanche.
Un référendum ? On en a bien fait pour des questions bien plus difficilement compréhensibles !!
Continue !
Yves