Le numérique, c-à-d. l’intelligence artificielle (« IA »), est la solution évidente pour éradiquer les déserts médicaux et offrir un service de santé de grande qualité à tous les Français quel que soit leur lieu de vie. Je pense que tout le monde est d’accord sur cette prédiction : l’IA apportera le meilleur diagnostic et la meilleure thérapie possible à tous les patients… Si un ensemble de mesures est pris et des investissements importants sont réalisés.
En premier lieu, un réseau télécom permettant une connectivité à la fois stable et hautement capacitaire : pour cela tous les Français doivent être connectés à la fibre ou à un réseau 4G ou, mieux, 5G.
La carte de raccordement à la fibre publiée par l’ARCEP (juin 2019) montre qu’à part les villes grandes et moyennes, l’essentiel des zones rurales n’est pas raccordable aujourd’hui à la fibre.
Le gouvernement annonce un très haut débit pour tous (essentiellement avec la fibre (FttH) pour fin 2022, pour un investissement de 20 milliards d’€ (dont 3,3 milliards à la charge de l’Etat). L’ARCEP en fait une obligation pour les opérateurs au niveau de la couverture 4G. Bien, c’est encourageant et indispensable et on espère que ce plan sera respecté. C’est essentiel, une condition nécessaire mais pas suffisante pour éradiquer les déserts médicaux !
Il faut également que tous les foyers soient équipés d’un équipement de « réception » (ordinateur conçu pour une interaction malade-médecin-hôpital) : cet équipement devra à mon avis être financé tout ou partie par la sécurité sociale (ou les assureurs mutuels si la loi évolue en ce sens) si son usage devient obligatoire. Il y a 29 millions de foyers en France… donc cet investissement pourrait représenter entre 10 et 15 milliards € (300 à 500 € par foyer). Sachant que le budget de la CNAM est de 180 milliards € ce n’est pas impossible, vu la qualité supérieure du service santé attendue. Et cet investissement pourrait être réparti sur plusieurs années en commençant par les zones rurales. En France, 20% des foyers sont considérés comme ruraux (selon Statista), soit donc une dépense en équipement pouvant se limiter à 2 à 3 milliards… mais il y a des déserts médicaux même dans certaines régions urbaines …
Cette condition n’est pas la seule. Une fois l’infrastructure en place, il faut nourrir et opérer le système. Nourrir avec des data, les informations médicales des patients, des chercheurs en sciences médicales, etc. pour créer un vrai système d’IA : pour cela, récupérer l’ensemble des données médicales (sans l’obstruction systématique de la CNAM ou de la CNIL) : il faudra sans doute en faire une obligation légale, tout en préservant la l’anonymat des données.
Ce n’est pas tout !! Il faut aussi une organisation médicale nouvelle avec des centres d’appels auprès de personnel soignant (médecins libéraux et hospitaliers, infirmiers), qui sera lui-même formé à l’utilisation des techniques de l’IA, un réseau de transport pour les malades devant être hospitalisés (en urgence ou pas), prévoir l’utilisation de moyens héliportés, et aussi des moyens spécifiques de soins à domicile avec une revalorisation des actes infirmiers.
Alors oui, on peut arriver à améliorer les soins partout en France. Mais il faudra une vraie volonté politique et l’adhésion du corps médical. Et un budget.
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les fausses promesses pour ceux qui y croient
le gouvernement devait financer la fibre mais c’est la 5 G qui va recevoir le pactole . . .