Faut-il réduire la dépense publique ? Bien sûr, les dépenses inutiles affleurent de toutes parts. Faut-il réduire les dépenses sociales ? A l’évidence. L’excès de générosité de l’État français, surtout avec l’argent des entreprises, est patent. Faut-il réduire le nombre de fonctionnaires ? Evidemment, il n’y a qu’à comparer nos effectifs avec ceux d’autres pays européens comme le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Ces réductions permettront-elles à l’économie française de repartir ? Certainement pas.
Toute économie, même toute entreprise prospère, ont des zones d’économies possibles, de gabegie, d’échecs qui engloutissent des années d’efforts. Les détecter est plus ou moins facile.
Mais faire croire qu’en appliquant une liste, aussi ciselée soit-elle, de ces économies relancera la croissance, c’est tomber dans la facilité et l’irréalisme économique.
Il est vrai que réduire la dépense publique, cela a marché au Canada. Mais la machine à créer des emplois n’était pas en panne ; alléger la voiture dont le moteur tournait encore lui a permis d’accélérer.
Nous ne sommes malheureusement plus dans cette situation, car notre moteur à créer des emplois est à l’arrêt ; il est même en partie grippé, mort, irrécupérable.
Derrière ce diagnostic désastreux, il y a des chiffres.
L’Allemagne ou le Royaume-Uni produisent des entreprises réelles, avec des emplois réels et qui ne dépendent pas de subsides de l’État pour exister ; au contraire ils en produisent.
En France, cela fait plusieurs dizaines d’années que notre moteur à créer des emplois a été remplacé par un pédalo où l’État fait subsister des emplois à coups de subventions ou de crédits artificiels.
Cela fait des années que les disparitions d’entreprises et des emplois qui les accompagnent, ne sont plus remplacées par des créations sérieuses.
Depuis des années, nous créons 30.000 entreprises par an qui démarrent avec au moins 1 salarié, les Allemands ou les Anglais, sans parler des Américains, bien sûr à population comparable, en produisent le double et le triple en nombre de salariés.
Nous avons masqué notre retard en manipulant de toutes les manières possibles les chiffres du chômage, en rayant les chômeurs des listes sous tous les prétextes, en créant de petits boulots sans avenir. Mais la réalité est en train d’exploser. Le chômage va continuer à croître massivement en 2013 comme l’a annoncé le Président de la République. Et cela ne va pas s’arrêter en 2013.
Tous les « spin docteurs » de l’économie française oublient l’essentiel.
Il faut certes réduire les dépenses publiques et sociales, mais cela ne nous conduit nulle part si nous ne faisons pas repartir la machine à créer de vrais emplois, si nous ne passons pas rapidement de 30.000 entreprises créées avec salariés au double, et de moins de 100.000 salariés ainsi embauchés chaque année à 300.000.
Impossible ? Cette affirmation est ridicule car il suffirait que seulement 5% de ceux qui ont des revenus supérieurs à 700.000 euros par an soient incités à investir dans des créations d’entreprises par des lois fiscales qui aillent exactement dans le sens inverse de ce que la droite comme la gauche ont fait avec l ‘Avantage Madelin, pour que la dynamique s’inverse. Et il n’y a pas de meilleur investissement plus rentable pour l’État, bien supérieur à toutes les formules mises sur la place publique, que l’Avantage Madelin, car s’il était administré comme les Anglais l’ont fait pour l’EIS, c’est en moins de 6 mois que l’investissement de l’État serait remboursé et c’est tout profit les années suivantes.
Mais pour que ces vérités apparaissent, il faudrait qu’il y ait plus d’indépendants dans la société civile qui s’emparent de l’économie et cessent de laisser la place libre aux services publics – qui vivent du chômage,- ou à ceux qui se bornent à répéter le discours public sans réfléchir.
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Le mythe de la réduction de la dépense publique :quid de l’EIS
Cet article serait plus percutant s’il ne qualifiait pas « d’irrécupérable » la situation de la création d’emplois, avant de proposer l’EIS britannique, et surtout, s’il décrivait précisément l’EIS et ses vertus, y compris de filtre, et s’il prenait position sur le « bon » équilibre entre le soutien au BTP (dispositifs fiscaux relatifs au logement) et le soutien aux entreprises, sachant que ce dernier est, en montant, bien inférieur au premier.