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Le Japon au secours de la passivité hollandaise

par Bernard Zimmern
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Ce qui sidère le plus les économistes, c’est la passivité économique du gouvernement Hollande.
Malgré les déclarations optimistes du ministère des Finances, il est clair que les impôts vont rapporter moins et que tout tour de vis fiscal entraînera moins de rentrées, pas plus. Car il y a longtemps que nous avons dépassé ce qu’on appelle le maximum de Laffer, du nom de cet économiste qui a montré qu’à un certain niveau, une augmentation du taux des prélèvements fait diminuer les rentrées au lieu de les augmenter.

On peut discuter de ce maximum. Si l’on regarde les travaux de Thomas Piketty, ce taux se situerait en France à près de 80%[[77% ; voir son site Pour une révolution fiscale]]. Mais ses calculs s’appuient sur un modèle qu’il a construit avec son compère Emmanuel Saez [[Emmanuel Saez : « using elasticities to derive optimal income tax rates » publié en 2001 dans la « Review of Economic Studies »]] et qui elle-même s’appuie sur une base statistique faussée car elle ne prend en considération, pour les revenus les plus élevés, que les revenus salariaux alors que ceux-ci deviennent secondaires pour les revenus supérieurs aux 150.000 dollars (pour la période1992-1993 prise comme référence).

Ces mêmes auteurs ont publié des travaux montrant que l’essentiel des revenus dans les hauts revenus, proviennent de placements mobiliers, pas de salaires.
Des travaux, menés à l’instigation de la Banque Centrale Européenne [[European Central Bank. Working paper series. N° 1174 April 2010]] mais non validés par elle, ont fourni des maxima de Laffer pour les pays européens, notamment la France, beaucoup plus plausibles ; ils se situeraient autour de la moitié des revenus. En d’autres termes, le maximum de ce que les États pourraient soutirer comme ressources de leurs citoyens serait autour de la moitié de ces ressources.

En France, en comptant non seulement les prélèvements obligatoires mais aussi des prélèvements que les statistiques officielles désignent comme prélèvements volontaires, par exemple les cartes grises automobiles (personne n’est contraint de conduire) mais aussi les emprunts qui sont un prélèvement sur l’avenir, les prélèvements totaux ont atteint 55%, donc sont bien au maximum, ou même au-delà, de ce que l’État peut prélever.

Il est par ailleurs clair que ce gouvernement ne veut pas faire d’économies sur la dépense publique, et, même, refuse l’austérité en laissant les salaires horaires monter et dépasser ceux de tous les grands pays européens.
Le gouvernement a en effet annoncé le 17 avril qu’il demanderait un nouveau délai à la Commission Européenne pour atteindre l’objectif d’un déficit de 3% du PIB, fixé pour 2013 et qu’il avait déjà abandonné.
L’excuse pour l’abandon de cet objectif ou son éloignement dans le temps : la crainte d’aggraver la crise.

Il est malheureusement à craindre que, comme les précédents, non seulement ce gouvernement ne sache pas comment créer des emplois mais se refuse à prendre les mesures d’économie qui, sans être suffisantes pour relancer à elles seules la croissance, sont cependant une condition pour que la crise ne s’aggrave pas. Comme les autres gouvernements qui l’ont précédé dans le laxisme, il ne le fera que contraint par les marchés, lorsqu’il ne pourra plus emprunter ou emprunter à des taux acceptables.

Et c’est là qu’intervient une explication du miracle de lévitation qui permet à notre gouvernement de continuer une politique très hollandaise consistant à ne rien décider, c’est que le coût du crédit pour le Trésor n’a cessé de baisser et que, comme l’indique le Wall Street Journal du 15 avril, le taux des emprunts français à 10 ans ont atteint un seuil bas de 1,71% alors qu’ils étaient au double fin 2011.

L’explication ? L’injection massive de crédits par la banque du Japon, décidée par le gouvernement Abe. Elle pousse les capitaux japonais à chercher ailleurs des rendements plus intéressants et la France, dont les perspectives négatives n’ont pas encore fait suffisamment surface, bénéficie déjà par avance d’un intérêt grandissant des milieux financiers ce qui a facilité le placement des dernières émissions d’emprunt.

Il s’agit pour le gouvernement Hollande d’un état de grâce. Combien de temps va-t-il durer ? Nous ne saurions le prédire. Mais, tant que les marchés continueront à faire confiance, il n’y a guère de raison, pour un gouvernement, connu pour sa passivité, de changer de politique.
Le seul problème est que quand le marché s’inversera, la chute sera d’autant plus grave que la dette aura augmenté. Mais c’est « magnana ».

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