À la date du 3 juillet, on ne sait pas encore quels seront les résultats des élections australiennes mais ce que l’on sait avec certitude, c’est que l’un des grands perdants est le Premier ministre Malcom Turnbull, le leader des libéraux, et l’un des grands gagnants, Bill Shorten, le leader des travaillistes. Un résultat électoral peu prévisible il y a seulement six mois où Bill Shorten, président de l’union des syndicats australiens, AWU, voyait plusieurs des syndicats sous sa coupe accusés de corruption par une commission royale.
Comment expliquer ce revirement ? Une des remarques favorites des commentateurs est que Malcolm Turnbull n’a pas su suffisamment expliquer son plan économique et social alors que de nombreuses régions d’Australie sont encore très affectées par le chômage ; l’économie australienne est en effet très dépendante de l’économie chinoise par l’exportation de minerais et a souffert de son recul.
Il est certain que les leaders libéraux n’ont pas de remède miracle en période de récession et c’est bien le cas pour Malcolm Turnbull, malgré un plan innovation comprenant des mesures judicieuses comme l’introduction en Australie d’une incitation fiscale à financer les créations d’entreprises modelée sur l’EIS Britannique.
Mais il semble que l’arme fatale relayée par presque tous les médias ait été que Malcolm Turnbull était trop riche pour comprendre les difficultés des classes populaires.
Il est exact que parti de rien, abandonné même par sa mère, Malcolm Turnbull a su se construire une fortune qui approche les 200 millions de dollars australiens.
Une des propositions de Bill Shorten serait d’introduire dans une Australie déjà fort taxée un impôt sur la fortune tourné contre les riches.
Au cœur de l’élection australienne se rejoue semble-t-il l’un des grands débats de notre temps : faut-il condamner les riches d’être riches en les taxant ou faut-il encourager les pauvres à devenir riches et créer des emplois ?
L’OCDE et le FMI ont clairement opté avec leurs modèles économétriques pour la première solution mais il s’agit d’une des plus grandes escroqueries scientifiques modernes car leurs modèles ne prennent pas en compte l’effet de l’immigration, devenue l’une des principales variables comme l’Europe est en train de s’en apercevoir.
Le problème des nations avancées est-il de punir les riches et de faire de cette punition un thème central de la politique ? Ou est-il de créer des emplois et que s’enrichissent ceux qui les créent ?
Ce sont les termes du débat qu’il faudrait rendre centraux dans les élections qui, comme l’élection australienne, vont continuer à modeler les sociétés occidentales dans les mois et années à venir.