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Le Brexit et Ronald Reagan

par Dominique Mercier
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D’après Daniel Henninger, un éditorialiste du Wall Street Journal, le père spirituel du Brexit pourrait être… Ronald Reagan. Le Brexit traduit en effet une rupture entre le peuple et le gouvernement, ou plus précisément, entre le peuple et ce que le gouvernement est devenu au fil du temps : un état administratif. Nous résumons ici la pensée du journaliste[[Voir : Daniel Henninger, Goverments hits the wall, Wall Street Journal, 1er juillet 2016.]], qui est celle de l’essentiel du monde libéral.

Déjà en 1981 Ronald Reagan déclarait : « Dans la crise actuelle, le gouvernement n’est pas la solution au problème, le gouvernement est le problème ». Ainsi qu’il le précisait dans le même discours, cela renvoie à la question de la responsabilité personnelle : « Nous sommes tentés de croire que la société est devenue trop complexe pour se gérer de manière autonome, que le gouvernement, par une élite, est meilleur que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Mais si personne parmi nous n’est capable de se gouverner lui-même, qui parmi nous a la capacité de gouverner quelqu’un d’autre ? »

La gestion de l’Union européenne semble donner raison à Ronald Reagan. Ainsi que l’analyse Daniel Henninger, dans toute démocratie il y a une sorte de pacte entre le peuple et le gouvernement. Le peuple accepte de payer des impôts et en retour le gouvernement embauche des experts, une « élite », qui s’occupe de gérer au mieux le pays et d’assurer à la fois la prospérité sur le plan économique et l’équité sur le plan social. Mais quand au fil du temps, le peuple constate que le gouvernement n’honore pas sa part du contrat, cela entraine inévitablement le rejet de ce qui est devenu en fait un « état administratif ».

Ainsi que le note un autre article[[Roberts, Britain anf Obama’s ‘Back on the Queue’, Wall Street Journal, 20 juin 2016.]] du Wall Street Journal, ce sont aujourd’hui 60% des lois britanniques qui sont faites à Bruxelles. Or, rappelons-le, selon la procédure de codécision dite « procédure législative ordinaire », les actes législatifs sont adoptés uniquement sur proposition de la Commission, laquelle Commission est exclusivement composée de bureaucrates non élus.

Ces bureaucrates ont été évidemment impuissants à résoudre les problèmes de l’Europe. D’après Daniel Henninger, le traité de Maastricht a été signé dans le but d’éviter les dérives économiques des pays : il les obligeait officiellement à garder une dette nationale en dessous de 60% du PIB, et un déficit annuel en dessous de 3%. Mais cela n’a pas marché. Presque tous les membres ont triché, la croissance a chuté et le chômage des jeunes a atteint des sommets dans plusieurs pays d’Europe. La banque centrale européenne démontre tout autant l’échec des élites, s’étant depuis sept ans révélée incapable de redonner une croissance normale à l’Europe et, comme le dit ce journaliste, « disparaissant maintenant dans un trou noir appelé taux d’intérêt négatifs ».

Cette bureaucratie se targue évidemment de défendre l’intérêt général. On peut cependant en douter quand on connait les salaires de certains fonctionnaires européens. D’après une étude de Die Welt d’il y a quelques années, 11.117 fonctionnaires européens toucheraient un salaire de 12.444 euros par mois[[Source : observatoire des gaspillages : http://www.observatoiredesgaspillages.com/2014/03/hausse-des-salaires-des-fonctionnaires-de-l-ue/]] …

Si un référendum était mené aujourd’hui en Italie, en Espagne, en France ou en Norvège, beaucoup choisiraient, tout comme les Britanniques, de reprendre le pouvoir dérobé par la bureaucratie.

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1 commenter

GT juillet 7, 2016 - 4:22 pm

Brexit
Autant vos articles sur l'entrepreneuriat au UK me paraissaient éclairants , autant vos articles sur le Brexit me paraissent mal informés.

Pourquoi ressortir Reagan qui était au pouvoir avant la chute du mur? Pourquoi pas Clémenceau?
Le Brexit a été beaucoup moins une réaction contre la bureaucratie bruxelloise qu'une réaction xénophobe d'autant plus surprenante dans un pays en croissance ( en bonne part grace aux immigrés ) et avec un faible chomage.

Et c'est aussi le résultat de la campagne " hystérique" anti européenne conduite depuis si longtemps par beaucouo de médias : le Sun en tête.

Beaucoup d'arguments des Brexiters , repris dans l'article cité, sont des slogans populistes qui ne résistent pas á l'analyse:

60% des lois viennent de Bruxelles! Pourquoi pas? Comment faire fonctionner un "marché unique" sans régles communes qui se substituent á un maquis de régles nationales? N'est pas plutot une simplification ?
Le gameux sujet de la courbure des bananes ressorti á satiété par les Brexiters est un exemple: c'est est un sujet de droits de douane pour distinguer entre les petites bananes de la caraibe ( iles souvent ex britanniques en accord d'association avec l'EU) et les bananes d'amerique centrale. Mais qui l'explique?
Quant au role de la Commission qui a en effet le mandat de proposer, quel serait l'alternative dans une Communauté á 28? Propositions apres d'interminables discussions avec les Etats, ne veut pas dire décisions qui sont du ressort du Conseil des Ministres et du Parlement Européen. Les Brexiters n'ont céssé de caricaturer ce mécanisme selon eux "anti démocratique " , sans qu'on apercoive leur proposition alternative. Quant aux Commissaires, la simple lecture de leur Cv montre qu'ils ont pour la plupart une légitimité démocratique plus grande que la plupart de nos ministres. Et la Commission est bien investie par une majorité du Parlement Européen qui peut la renverser.

Le Brexit a réveillé des dérives populistes qui sont , espérons le, les soubresauts d'un monde qui se sent déclassé par la mondialisation et cherche á tout prix á retrouver une identité. Noble recherche mais est ce á l'Europe d'en payer le prix?

Cordialement

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