La lecture des statistiques économiques et sociales enregistrées au 1er trimestre 2019 s’avère riche d’enseignement pour nos gouvernants et nos chefs d’entreprise.
La politique de la demande initiée en 2018 et significativement renforcée en fin d’année dernière (cf. +17 Md€) – prime d’activité, bascule des cotisations vers la CSG, suppression de la taxe d’habitation… – se traduit effectivement par une hausse du revenu disponible brut de 1% au 31 mars 2019, première réponse aux revendications sociales de ces derniers mois.
Mais les Français ont d’abord prélevé sur ce pécule une épargne supplémentaire
En effet, pendant la même période, la consommation ne s’accroît que de 0,4%.
Le Français, prudent, semble donc avoir mis de côté une grande partie de ces ressources nouvelles, attitude de précaution, certes compréhensible, mais aussi peut être porteuse d’un futur regain d’achats dans les prochains mois.
Simultanément, les importations explosent !
Encore faudrait-il pour la croissance de notre pays, que ce renouveau de la demande stimule à plein notre capacité productive territoriale. Or, nombre de produits achetés en France, plutôt que d’alimenter notre activité domestique, tire la part des importations vers le haut : 14,5% dans la consommation totale, mais 38,9% dans le textile, 37,2% dans l’automobile, 36,5% dans l’équipement du foyer en matériel électrique et électronique, 24,8% dans les produits pharmaceutiques et d’hygiène…
Une cible manquée
Ainsi, les mesures incitatives à la demande, même rendues nécessaires pour des raisons pragmatiques d’équilibre social et politique, se heurtent à deux freins : l’un conjoncturel, l’attentisme précautionneux du consommateur, l’autre structurel, la faiblesse de notre compétitivité productive.
En parallèle, quels sont les résultats de la politique de l’offre
La politique de l’offre, initiée depuis quelques années, mais véritablement impulsée et lancée depuis 2017, se confirme donc en « mère des batailles » !
Ainsi, la transformation du CICE en baisse des charges sociales, donc du coût du travail, contribue à régénérer les marges ; les évolutions du code du travail, par les assouplissements apportés, commencent à libérer l’énergie des entrepreneurs.
Les premiers résultats paraissent concrétiser la justesse de cette orientation : ainsi, pour le 1er trimestre 2019, dans un contexte de pratique, inertie du PIB. – +0,3% -, la production manufacturière a augmenté de 1,1% et, mieux encore, la part de l’investissement productif dans le PIB est montée à 11%, un ratio plus élevé qu’en Allemagne, une première depuis 25 ans ! (Le Monde daté du 31 mai 2019)
Et l’emploi dans tout cela ?
Dans le prolongement de ce souffle, les statistiques de l’emploi annoncent des frémissements prometteurs : 94.000 postes créés sur les trois premiers mois, 219.000 en un an, portés prioritairement par le secteur privé ! (Les Echos du 15 juin 2019) Certains économistes (S. P. Le Monde du 31 mai 2019) restent confiants dans cette tendance : le taux d’emplois vacants en France aujourd’hui, historiquement élevé à 1,3%, ressort à un niveau supérieur à 0,8%, seuil au-delà duquel le chômage commence à baisser. Cette donnée se traduit, ainsi et surtout, par une prévision de… 3,5 millions de recrutements pour 2019.
Pour paraphraser un ancien Premier ministre, constatons que « la route est longue, la pente est raide, mais nous marchons dans la bonne direction ».
Un axe prioritaire et vertueux à poursuivre et développer sans états d’âme
Puissent les pouvoirs publics poursuivre activement et résolument cette politique de l’offre au service de l’entreprise ; puissent-ils continuer à diminuer les charges fiscales des sociétés et des ménages. En ce sens, le financement de l’augmentation de la demande (gilets jaunes) par la suppression de niches fiscales des entreprises (en fait de nouvelles charges même si elles sont historiquement injustifiées) revient à faire tout et son contraire, c’est-à-dire « tirer des bords carrés » comme on disait dans la marine à voile, i.e. revenir au point de départ.
Libérer la confiance des entrepreneurs par l’allègement des contraintes, stimuler la confiance donnée, soulèvent des énergies insoupçonnées. Les premiers signes commencent à poindre !
Hommes d’entreprise, nous sommes prêts, par le dialogue, à faire partager ces visions au sein de nos organisations et ainsi à accompagner, par la pédagogie, toute réforme au service du dynamisme compétitif de nos capacités productives.
Nous avons besoin d’assurance constante dans cette politique. Puissent nos gouvernants continuer à creuser le sillon ouvert avec succès et faire montre d’une extrême vigilance quant à toute remise en cause éventuelle !