Certains se sont réveillés le matin du 8 mai 2017 avec l’impression d’avoir la gueule de bois. Pourtant, la veille, ils n’avaient ni bu, ni fait la fête : ils avaient simplement regardé le résultat des élections. Comme annoncé par les sondages, Emmanuel Macron sera notre président, et il a gagné avec une confortable majorité. Non seulement Marine Le Pen n’a pas réussi une égalisation, au demeurant difficile, mais elle a perdu environ cinq points par rapport aux estimations annoncées. Quoique cette issue ne soit pas très étonnante, cette élection met en lumière un certain nombre de paradoxes. Drôle de pays que la France.
Drôle de pays que la France : il se montre – en tout cas dans les dernières élections locales – plutôt à droite, mais il élit un président qui dit n’être rien du tout mais est de racine socialiste, c’est-à-dire de gauche. Tout comme celui qu’il remplace et dont la politique est unanimement considérée comme un désastre. Mais il avait, lui, remplacé un homme de droite, dont la politique avait aussi été considérée comme un fiasco.
Drôle de pays que la France : ce pays pleure unanimement sur la déroute du mandat de François Hollande, lequel renonce à se présenter en personne, et il finit par élire ce qui est le plus proche de ce dernier : un conseiller intime et ministre chouchou du président sortant.
Drôle de pays que la France : la candidature d’Emmanuel Macron, homme neuf, a décollé lorsque François Bayrou, dinosaure en politique s’il en est, a annoncé son ralliement.
Drôle de pays que la France : alors qu’Emmanuel Macron a fait de la moralisation de la vie publique un de ses chevaux de bataille, son deuxième grand soutien est Gérard Collomb, maire de Lyon, lequel fait des bénéfices sur la facturation du ramassage des ordures de ses administrés et subventionne l’Olympique lyonnais dans des proportions injustifiables.[[Voir le site canol.fr]]
Drôle de pays que la France : on entend dire que plus de 50% des jeunes ont voté au premier tour pour Jean-Luc Mélenchon ! Et ceci, même après qu’il a annoncé que son idéal républicain est le Venezuela et Cuba, deux pays de pauvreté absolue. Curieux, il semble qu’il ait oublié la Corée du Nord et la Russie, laquelle représente aujourd’hui moins de la moitié du PIB de la France.[[Voir répartition du PIB mondial dans Courrier International.]]
Drôle de pays que la France : en faisant des recherches dans les livres d’histoire et de géographie de nos enfants, il semblerait que la seule allusion à l’entreprise – laquelle semble enfin reconnue comme la vraie source d’emplois et de richesses – soit pour dire qu’elle (l’entreprise) « est un lieu d’exploitation ». Pourtant, en moyenne, quatre enfants sur cinq iront travailler dans des entreprises, grâce auxquelles ils auront « le gîte et le couvert ». L’ignorance crasse des Français en matière de micro-économie est insondable, alors que ses principes commandent leur bien-être matériel et devraient au minimum influencer leur vote.
Drôle de pays que la France : Ségolène Royale énonçait cette semaine de grandes vérités politiques et stratégiques, absolument nécessaires au futur radieux de notre pays, donnant à penser qu’elle a véritablement le sens des priorités. Il aurait été intéressant de comprendre pourquoi il fallait faire passer en urgence samedi, un arrêté concernant la reproduction des dauphins en captivité, juste après ceux concernant la loi El Khomri dont on sait déjà que le nouveau président veut la revoir.
Drôle de pays que la France : de la même manière qu’à la Révolution, où 50% des cahiers de doléances portaient sur les poids et mesures, en 2017, 50% des insatisfactions exprimées sont liées à l’emploi. Mais à part dans le programme de François Fillon, en avez-vous entendu parler sérieusement, c’est-à-dire sous forme de solution globale finançable et non sous forme d’incantation anti-licenciement, semi religieuse, voire idolâtre, ou de distribution générale de monnaie de singe ?
Drôle de pays que la France : s’il y a aujourd’hui un président, ce dernier n’a pas de candidats dans toutes les circonscriptions. Il prétend recruter son armée chez ses adversaires ? Curieuse hypothèse. Aussi le président ferait bien de s’informer sur le fonctionnement des gouvernements de coalition que sont capables de construire des pays voisins comme l’Allemagne, la Belgique, la Hollande, voire l’Espagne. Dans les pays où il y a des coalitions, on observe que les engagements et programmes sont en général tenus.
Drôle de pays que la France… La France marque cependant un cran d’arrêt dans la montée du populisme dans le monde. Espérons que ce ne sera pas au détriment des réformes qu’elle doit faire car alors, demain, elle ne sera plus là pour fêter la victoire. Bon courage Monsieur Macron.
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Lisez ceci ( 31.077 vues ) : http://reseauinternational.net/avons-nous-elu-un-fou/
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