Le débat du 21 novembre sur LCI entre les trois candidats à la présidence des Républicains a été fort décevant. Eric Ciotti a joué, comme à son habitude, la carte de la fermeté en défendant une droite « qui ne s’excuse plus d’être elle-même » ; Bruneau Retailleau s’est fait le partisan d’une droite « fière de ses valeurs avec une ligne claire sur le régalien et l’économie » ; quant à Aurélien Pradié il n’a rien trouvé de mieux que de vanter son expérience de maire et de pompier. Yves Thréard, dans son éditorial du figaro des 26 et 27 novembre dernier nous dit : « elle (la droite) ressasse, hésite, et doute : il lui manque un projet solide, et surtout quelqu’un pour l’incarner ». Valérie Pécresse a fait un score désastreux à la dernière présidentielle : 4,8 % des voix, et ce n’est pas avec l’un de ces trois candidats que la droite va être à même de se redresser.[[Article paru le 2 décembre 2022, sur Contrepoints, sous le titre « La droite ne se redressera que si elle redresse l’industrie »]]
Pourquoi donc ce débat a-t-il été aussi décevant ? Par ce qu’aucun des sujets importants concernant le redressement de notre pays n’a été abordé : rien sur la manière de procéder pour redresser l’économie du pays, rien sur l’Europe et la sauvegarde de notre autonomie de décision face aux oukases de la Commission de Bruxelles, et rien sur la façon dont nous allons pouvoir faire face, demain, au déversement sur l’ Europe de flux migratoires qui vont nous submerger. Il faut dire que les deux journalistes qui ont interrogé ces trois candidats n’ont pas été, eux non plus, très brillants : c’est eux qui posaient les questions avec un chrono en mains pour faire respecter les temps de parole.
Voyons succinctement ce qu’il eut fallu entendre des candidats à la présidence de ce grand parti.
Pour ce qui est, tout d’abord, du redressement de l’ économie française, dont on sait que, depuis des années, les clignotants sont au rouge : un chômage excessif, bien plus élevé que dans tous les autres pays européens, une balance commerciale déficitaire chaque année depuis vingt ans, des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires qui sont les plus élevés, en proportion du PIB, de tous les pays de l’OCDE, et un endettement extérieur qui ne cesse de croitre, d’année en année. Face à cette situation, nos trois candidats n’ont rien eu à dire, sinon qu’il faut réduire les dépenses publiques, ce qui est le discours habituel des libéraux, un propos de café du commerce formulé par des personnes qui n’ont pas compris quel est le mal dont souffre notre pays : sa très grave désindustrialisation. Notre secteur industriel n’a cessé de fondre depuis la fin des trente glorieuses, ses effectifs passant de 6,5 millions de personnes à 2,7 millions, aujourd’hui, et ce secteur que depuis Jean Fourastié on nomme le « second secteur de l’économie » n’intervient plus que pour 10 % dans la formation du PIB, alors que l’on devrait en être à 18 %, au moins. C’est donc en redressant notre secteur industriel que l’on redressera notre économie : ainsi, il n’y aura plus de chômage, la balance commerciale redeviendra positive, nos dépenses sociales pourront être réduites car le pays devenant beaucoup plus riche elles ne se justifieront plus, et notre économie ayant retrouvé sa vigueur nous n’aurons plus besoin de nous endetter.
Pour ce qui est de nos relations avec Bruxelles et de la construction d’une nouvelle Europe, le problème est de savoir si la France doit se fondre dans une vaste communauté européenne ou bien si elle doit conserver la maitrise de son destin ? C’est une question essentielle, et l’on sait qu’Emmanuel Macron n’a qu’un seul projet : dissoudre la France dans l’ Union Européenne, et confier aux autorités de Bruxelles le destin de notre pays. Il plaide pour une Europe de la défense et la constitution d’une armée européenne : cela suppose qu’il y ait demain, à Bruxelles, une autorité suprême capable de décider de l’emploi de cette force, car on n’en est plus dans ce cas à des décisions à prendre à 27 pays, à l’unanimité. Certes, la France du fait de la faiblesse de son économie ne peut pas se dispenser d’être dans la zone euro, mais doit-elle pour autant abandonner à une autorité étrangère la maitrise de son destin ? Il est curieux que sur une question de cette importance les trois candidats n’aient rien eu à dire.
Pour ce qui est ,enfin, des dispositions à prendre pour maitriser les flux migratoires qui ne vont pas manquer de se renforcer, demain, en direction de notre continent, il s’agit d’une part de s’attaquer à la racine du mal, et, de l’autre, de se donner les moyens de surmonter l’obstacle constitué par les refus systématiques des pays africains de récupérer leurs nationaux lorsque nous voulons renvoyer chez eux des migrants que nous ne pouvons pas prendre en charge. La seule solution consiste à lancer un grand plan de coopération avec l’Afrique, un plan fonctionnant au niveau européen, un plan visant à aider les pays africains à se développer économiquement, ce qui est indispensable vu que ces migrations sont l’expression de l’extrême pauvreté dans laquelle se trouvent la plupart de ces pays, et nous procurant des moyens de négociation efficaces pour amener les pays qui font les sourds à rapatrier leurs nationaux. Il s’agirait donc de procéder d’une manière totalement différente dans notre politique de coopération avec les pays africains, en limitant notre aide aux trois objectifs suivants :
– réalisation par nos entreprises des grands travaux d’infrastructures dont ces pays ont besoin: routes, voies ferrées, réseaux d’électricité et de communication, ports, aéroports…..
– alimentation d’un fonds d’indemnisation pour couvrir les investissements contre les risques politiques en Afrique ;
– et, aide à la réinstallation dans leur pays d’origine des migrants faisant l’objet d’une procédure d’expulsion (les OQTF en France, par exemple: obligation de quitter le territoire français).
Actuellement, les aides à l’Afrique sont complètement dispersées, et totalement inefficaces, chaque pays européen menant sa propre politique d’«Aide au développement», la Commission européenne intervenant, elle aussi d’ailleurs, par le FED ( devenu, en 2021 « Europe dans le Monde »). Il faut renoncer à ce type d’aide. Avec cette nouvelle manière d’opérer, les pays européens renonceraient donc à procéder à de l’aide bilatérale, tous les moyens se trouvant concentrés, dorénavant, dans les mains de la Commission ; et l’Europe ne s’occuperait plus que des pays africains, et non plus, comme actuellement, de tous les pays sous-développés du monde.
Il faut souligner que la création d’un système d’assurance des investissements des entreprises dans les pays africains serait un élément essentiel de ce plan : en effet des pays en voie de développement ne peuvent pas se développer sans le concours des investissements étrangers, ce que les économistes nomment des IDE (investissements directs étrangers).Les entreprises étrangères apportent non seulement des capitaux pour créer des usines ou mettre des territoires en valeur, mais aussi les know-how dont ces pays sont dépourvus, et elles forment sur place la main d’œuvre. De surcroit, leur concours est indispensable du fait que ce sont elles qui vont nourrir les exportations, ayant des réseaux de distribution dans les pays développés, là où, précisément, se trouvent les marchés. C’est d’ailleurs de cette manière que s’est développée la Chine : selon une étude de la CNUCED, les capitaux étrangers intervenaient en Chine, en 2007, pour 30,9 % dans la production industrielle du pays, et pour 60,0% dans les exportations. Actuellement, l’Afrique bénéficie très peu des IDE car les entreprises redoutent d’être spoliées, et un système d’assurance contre les risques politiques serait donc à mettre en place, d’urgence, au niveau européen, à l’exemple de la MIGA créée à Washington par la Banque Mondiale. L’Europe interviendrait donc, dans tous ces pays qui sont en retard en matière de développement, pour les doter des grandes infrastructures qui leur font défaut, et elle ouvrirait la voie à ses entreprises pour leur permettre d’agir en Afrique. On en serait à l’objectif OCDE de 0,7 % du RBN de l’Europe, c’est-à-dire environ 100 milliards d’euros par an, et l’on agirait sans plus vouloir intervenir dans les affaires intérieures de ces pays, la seule préoccupation étant d’être efficaces, car il y a urgence.
Un sondage OpinionWay pour le Cevipof, en date du 10 janvier2022, indiquait que 32% des Français se considèrent « de droite » : encore faudrait-il, pour que le parti LR soit en mesure de les mobiliser, qu’il puisse se doter d’ un programme d’action bien structuré traitant des trois questions fondamentales qui conditionnent l’avenir du pays : le redressement économique de notre économie, la façon de construire l’ Europe de demain, et les mesures à prendre pour éviter que nous soyons submergés par des flux migratoires incontrôlables.
3 commentaires
Pourquoi la démographie des entreprises est en berne, d’où décadence…
L’IRDEME s’est intéressée, dès sa fondation, à la démographie des entreprises. Une entreprise, c’est avant tout des hommes ! J’ai connu des entreprises qui avaient du poids et des effectifs qui ont du baisser de 3000, par exemple, à moins de 300. Lorsque celle à laquelle je pense a fermé, ses 286 licenciés n’ont pas du tout pesé ! La « sur – financiarisation » de l’économie a amené ce type de raisonnement : pour qu’une entreprise soit achetable, il faut qu’elle ait beaucoup d’actif réel, beaucoup de chiffre d’affaires, peu d’effectif avec, en plus, une pyramide des ages favorisant le non renouvellement d’un salarié sur trois. Le ratio CA / Salarié mini doit être de 300 kiloeuros par salarié, en hausse continuelle, sachant que les Grands Donneurs d’Ordre peuvent vous demander des baisse de couts jusqu’à 15 % par an conjugués à des hausses de volumes de 3 % maximum. Voila LA RAISON ! Pendant ce temps – là, des institutions créées dans les années 70/80 comme BTF (Bernard Tapie Finance) nous disaient déjà « qu’on s’en fout de produire, l’important, maintenant, c’est de vendre… vendre même aux gens ce dont ils n’ont pas besoin ! ». Ils multiplient donc ce produit délocalisé à 100% made in China par 10 ou par 20 et, eux, ils sont considérés par les médias comme des gens qui …réussissent ???! On a quand même manqué de peu de l’avoir comme président en 1995 ! Ah …Jacques Glassmann, qu’as tu fait ? sinon… dire la vérité ! Dernièrement, la presse nous apprenait que l’entreprise la plus profitable de ma région ARA (Auvergne Rhône Alpes) était celle de… la soeur d’un footballeur, qui vendait des affiches publicitaires pour sa « star de frère ». Très bien, mais après, ne nous dites pas que « plus personne ne veut aller travailler dans l’industrie ».
La droite ne se redressera pas si elle ne sait pas redresser la France
par un moyen ou un autre il faut établir la liste des fonctionnaires qui ne sont pas nécessaires en particulier directement à l’économie de notre pays et s’arrêter aux environs d’un million d’entre eux afin de préparer leur départ de la fonction publique avec le moins de remous possibles (étalé sur 10 ans), non ?
– nota bene
un million de fonctionnaires coûte 4 x 10 puissance 12 €uros (4 000 000 000 000) pour l’ensemble de sa carrière (y compris retraite et pension de réversion pour conjoint)
– voir le coût établi par Didier Migaud, socialiste, ancien président de la cour des comptes de 2010 à 2020 (3,6 millions d’€ en moyenne pour chacun d’entre eux, revalorisés en 2023 à 4 millions) ceci à la demande expresse de Monsieur François Hollande, président de la république à l’époque.
Les départs en retraite n’étant pas compensés par plus d’un quart d’embauches en sus.
Pour redresser la France !
dernière remarque, nous avons tous un ou plusieurs membres de notre famille ou amis et même relations qui sont membres de cette noble institution.