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La communication INSEE-gouvernement sur le jour de carence

par Bernard Zimmern
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La publication dans ces colonnes par Jean-Michel Deux d’un article « il faut supprimer l’INSEE » a déclenché des réactions en chaîne qui permettent de se poser quelques questions sur la façon dont notre gouvernement nous informe, et sur l’INSEE.

Un ancien de l’INSEE a en effet protesté contre cet article en disant que les nomenclatures d’entreprises étaient fixées par Eurostat et que l’INSEE ne dépendait plus du ministère des Finances mais de l’Autorité de la statistique publique (sauf le personnel de l’INSEE dont les syndicats ont obtenu de continuer à appartenir au ministère des Finances … ???)

C’est une nouvelle organisation de l’INSEE sur laquelle il sera bon de revenir, mais elle amenait à poser 4 questions dont la quatrième :

« 4. Pourquoi l’enquête emploi de l’INSEE a-t-elle annoncé 3,9% d’absentéisme dans la fonction publique contre 3,6% dans le privé alors que les chiffres publics dans leurs bilans sociaux par ces mêmes administrations indiquent une moyenne de 5,7% pour la fonction publique d’État, 7,2% pour la fonction publique hospitalière et 9,8% pour les collectivités territoriales ? Pour permettre à Marylise Lebranchu de justifier la suppression de la journée de carence dans la fonction publique alors qu’il y a 3 jours de carence dans le secteur privé ?

Il nous est revenu le compte-rendu suivant, qui prétend démontrer totalement l’objectivité et la neutralité de l’INSEE :

Extrait du compte-rendu du bureau du CNIS du 28 mars 2013[[http://www.cnis.fr/files/content/sites/Cnis/files/Fichiers/bureau/2013/compte_rendu/CR_2013_bureau_Cnis_1re_%20reunion.pdf]]:

[…] soulève une question à propos de la journée de carence pour les fonctionnaires. Est-il possible d’avoir des précisions sur des articles de journal contestant des études publiées sur le taux d’absence constaté, notamment au sein de la fonction publique hospitalière ?

………………………………………………….

Jean-Luc TAVERNIER[[X, ENSAE, administrateur INSEE, ayant occupé de nombreux postes à Bercy et INSEE, et dernièrement auprès de René Ricol, commissaire à l’investissement et nommé directeur de l’INSEE par le gouvernement Sarkozy.]] confirme qu’il avait omis d’évoquer l’étude de la DARES, qui a pris un relief
particulier dans la mesure où elle a été publiée en même temps que l’annonce relative au jour de carence. Il s’agit d’une coïncidence et la DARES n’a pas été instrumentalisée de ce point de vue.

Béatrice SEDILLOT[[ENSAE, administrateur INSEE, directrice de la DARES.]] le confirme. Cette publication a ensuite été reprise par les medias mais les deux
calendriers n’ont pas du tout été concertés. Le télescopage avec les annonces relatives au jour de carence est fortuit. L’étude visait à rendre compte, à partir de l’enquête Emploi des absences au travail de salariés, pour raisons de santé, au cours de la semaine de référence. Des comparaisons ont été effectuées, à cette occasion, entre le secteur privé et le secteur public.

Jean-Luc TAVERNIER indique que cette étude a sans doute été exploitée au-delà de son objet, puisqu’elle ne portait pas principalement sur les questions d’absentéisme. Un numéro d’Insee Première assez intéressant avait d’ailleurs été publié par le département Emploi de l’Insee en novembre 2012 sur les congés, en comparant la fonction publique et le secteur privé, mettant en évidence des chiffres assez différents. La publication de la DARES[[http://travail-emploi.gouv.fr/etudes-recherches-statistiques-de,76/etudes-et-recherches,77/publications-dares,98/dares-analyses-dares-indicateurs,102/2013-009-les-absences-au-travail,15889.html]] ne dit pas tout de l’absentéisme en matière de santé, puisqu’elle porte sur la proportion de salariés qui ont été absents au cours de la semaine de référence, en incluant les absences de salariés restés à leur domicile parce que leur enfant était malade, par exemple. Le résultat de l’enquête, présentant de relatives similitudes entre le taux de salariés absents dans le secteur public et dans le secteur privé, ne vaut qu’en n’incluant dans le champ de l’étude que les salariés du secteur privé travaillant en CDI depuis plus d’un an. En outre, le plus grand nombre d’absences dans la fonction publique territoriale n’était peut-être pas tout à fait mis en évidence dans le commentaire. L’information a été largement reprise, certains commentateurs considérant que l’enquête servirait à minimiser le phénomène de l’absentéisme dans la fonction publique. Tel n’est pas le cas mais Jean-Luc TAVERNIER convient qu’il reste des progrès à
faire en matière de connaissance des présences et absences. Ce pourrait être un sujet d’étude pour une prochaine commission.

Un lecteur réagissait alors avec le commentaire suivant :

« …j’étais scandalisé, ayant eu par le passé à regarder de près la question (…) mais entendre tous les ministres du gouvernement déclarer que le taux d’absentéisme de la fonction publique est de 3,7%, c’est intolérable ! Aucune mise au point n’a été faite. Des mois après, Cazeneuve distillait toujours à Bourdin sur BFM TV le même tissu d’âneries…
De l’intox à l’état pur »

Qui croire alors que le dernier article de l’iFRAP sur l’absentéisme dans les départements donnait ; 9,5% dans les départements ayant l’absentéisme minimum et 29% dans l’avant-dernier du classement qui est celui de Saint-Denis ?

 

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