Tous les acteurs de la société luttent avec une énergie admirable contre ce fléau de l’épidémie du covid-19 et ses conséquences sanitaires, économiques et sociales. L’état d’urgence se révèle une mesure vécue par tous, physiquement, matériellement et psychologiquement, certes à des degrés divers mais à l’impact durement, sinon violemment ressentie par chacun.
La sortie de cette crise, au-delà des indispensables réponses scientifiques et techniques à apporter, passe avant tout par l’exigence d’une confiance retrouvée par tous : parents, citoyens, acteurs, consommateurs. Il en ira ainsi, et en particulier, de la résilience économique, facteur clé de l’assurance sociale au sens plein du terme dans toute son acception : santé, bien-être matériel et mental. Le redémarrage de la vie active, le retour à l’emploi, dépendront de ce sentiment recouvré par chacun dans la sécurité sanitaire et économique de son propre milieu d’action : son entreprise.
D’abord, prime le besoin fondamental de prévention de santé pour soi, pour sa famille et ses proches : l’organisation du travail dans les usines, les entrepôts, les bureaux… doit impérativement répondre à cette exigence première ; à cet égard, de nombreux exemples remontent : sas et plages d’une demi-heure entre deux équipes permettant le nettoyage préalable des équipements, circuits de circulation du personnel évitant les croisements… A ce prix seulement, les salariés reviennent sur le site de leur entreprise. Cette indispensable requête de sécurité s’applique évidemment aussi aux services privés et publics : les préoccupations exprimées en la matière à propos de la réouverture prochaine des établissements scolaires, témoignent de ce désir.
Ensuite, vient l’impérieuse nécessité de confiance dans la viabilité économique pérenne de son propre champ d’action. Seul ce sentiment primordial de sécurisation entraînera et garantira la vraie reprise de l’investissement, de la consommation, donc du marché et de l’activité. Seule la sérénité de l’entrepreneur et de l’actionnaire d’un côté, l’assurance d’un revenu régulier pour le salarié et le travailleur indépendant de l’autre, enclencheront la vraie reprise. L’exemple des premiers signes de redémarrage de l’économie chinoise confirme cette approche : le redressement des produits de consommation courante ou de luxe apparaît vif, celui des biens d’équipement, plus engageants pour l’acquéreur, semble plus à la peine.
A cet esprit de confiance à retrouver, doit maintenant s’ajouter cette aspiration profonde à la reconnaissance, sous-jacente depuis longtemps, mais aujourd’hui soudainement si reconnue, de certaines catégories socio-professionnelles : soignants, personnels de magasin, transporteurs, livreurs, postiers, éboueurs… en d’autres mots, le « back office ». Considération nouvelle à accorder à ces populations, psychologique certainement, matérielle nécessairement, doit être concrétisée par un changement d’attitude du citoyen, du consommateur, mais surtout par des mesures novatrices d’organisation et de rémunération. Bien conçues, ces évolutions devraient, même partiellement, contribuer par une amélioration de l’image de soi, mais aussi et bien sûr, du pouvoir d’achat, à une croissance de la consommation.
En réalité, le vrai ressort du redressement économique passe donc bien par l’entreprise. Celle-ci peut bénéficier des forts courants porteurs et accélérés de ses marchés : santé, alimentation, circuits courts… mais se trouver aussi confrontée à des obstacles dont la brutalité ne pouvait être qu’inattendue : fermeture de l’hôtellerie et de la restauration, arrêt quasi total du transport aérien… Sa double capacité d’adaptation à la fois à résister à la bourrasque – tsunami ? – et surtout à innover pour trouver le chemin d’une nouvelle croissance, constitue la clé de voûte de sa pérennité.
Conforter, dans ces circonstances exceptionnelles, sinon périlleuses, la confiance de ses partenaires – personnel, clients, investisseurs, fournisseurs, – dans le futur viable et attractif de sa société, tel s’avère l’enjeu crucial du chef d’entreprise. Certes, l’aide bienvenue, mais nécessairement temporaires des Pouvoirs publics, peut pourvoir à l’équilibre et à la sortie de ces passages hasardeux. Mais en fait, c’est bien l’entrepreneur, le dirigeant, par l’adhésion qu’il suscite à sa démarche, par le ralliement à la vision de la « maison » qu’il soulève, qui demeure le vrai garant de la confiance dans le devenir de son projet et de celui de ses parties prenantes, salariés en particulier.
En ces temps troublés, d’incertitudes, de repères perdus, que nous croyions pourtant tellement maîtriser, le chef d’entreprise, comme beaucoup d’entre nous, peut être en proie au doute, subir des pressions intenses. Par son attitude de détermination sereine, par son comportement de transparence, par ses valeurs d’autorité, de leadership authentique, c’est sa personne qui diffusera autour de lui la confiance humaine dans l’objectif qu’il fixe et la capacité rassurante de l’atteindre.
C’est la noblesse de sa responsabilité, c’est la dignité de sa tâche de résilience économique et sociale.