« La France consacre une partie importante de son PIB à son système de santé, mais, c’est le meilleur du monde… la preuve, l’espérance de vie y est supérieure à celle des autres pays ! »
Tordons le cou à cet argument utilisé par nos politiques et nos médias pour justifier le coût de notre système de santé et souligner sa qualité !
Première constatation : il n’y a pas de relation entre le % de PIB consacré à la santé et l’espérance de vie : regardons ces deux graphiques : le premier donne le % du PIB consacré à la santé et le deuxième l’espérance de vie à la naissance.
Un simple coup d’œil nous montre qu’il n’y a pas de corrélation : le Japon, avec une espérance de vie de 83,4 ans (moyenne H/F) consacre 6,8 points de PIB de moins que les USA, qui ont une espérance de vie de 4,6 ans de moins… L’Espagne a une espérance de vie de 83,2 ans, soit près d’un an de plus que la France, alors qu’elle consacre 2,8 points de moins de son PIB à la santé !
Deuxième constatation qui découle des statistiques, la France est relativement bien positionnée, essentiellement grâce aux femmes ! On voit que la différence entre l’espérance de vie des femmes et des hommes est la plus élevée des pays étudiés après la Pologne. Ceci s’explique d’ailleurs en partie par un des points noirs de l’état sanitaire en France qui présente un des taux de décès prématurés (avant 65ans) masculin parmi les plus élevés en Europe : 20% des décès annuels en France sont des décès « prématurés » dont 2/3 d’hommes.
En fait, les études OCDE montrent que l’espérance de vie est due à de nombreux facteurs hors du système de soin.
1. Les comportements à risque : tabagisme, alcoolisme, conduites dangereuses…
2. L’hygiène en général, la qualité de l’eau et de l’air incluse ;
3. L’obésité et les régimes alimentaires ;
4. L’éducation (plus la population est éduquée, plus elle vit longtemps) et les inégalités sociales et économiques : on le constate en France avec des différences d’espérance de vie chez les hommes allant jusqu’à 5 ans entre la population de la région Nord-Pas-de-Calais et celle de l’Ile-de-France
La conclusion de ce constat est donc double : premièrement l’espérance de vie en France est élevée, mais disparate et très « inégalitaire » (hommes / femmes ; différences régionales / décès prématurés élevés) mais en plus, pas meilleure que dans d’autres pays. Deuxièmement, cet indicateur n’est en rien le signe que le système de santé en France est de meilleure qualité que celui de ses voisins.
Il faut rappeler que les deux pays où l’espérance de vie est la plus élevée (Japon et Espagne) ont un coût, en % du PIB, nettement inférieur à celui de la France (10,3% et 8,9 % respectivement contre 11,7% en France), alors que le pays qui dépense le plus (USA, 17,1% du PIB) est l’avant-dernier de la liste ….