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L’après Coronavirus

par Robert Devos
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Le coronavirus est là et bien là. Les occidentaux, pour endiguer l’effondrement de leurs économies nationales, ont décidé des mesures financières très importantes qui vont se traduire par une augmentation substantielle des dettes de l’Etat et des entreprises. En effet, l’arrêt de l’économie du au confinement généralisé, entraine des pertes considérables qu’on peut anticiper à plusieurs points de PIB. Pour la France, deux mois d’arrêt, disons à 50% (il reste quand même pas mal de choses qui marchent : la santé ; l’alimentation, l’électricité, etc.), cela signifie environ 8 points de PIB en moins !!! Avec un PIB à 2.200 M€, c‘est quand même 176M€, ce qui correspond à l’ordre de grandeur des mesures prises par le gouvernement. Donc un déficit cette année des finances publiques de l’ordre de 300M€ et une augmentation correspondante de la dette de l’Etat. Bien entendu cela n’empêchera pas l’Etat de créer des nouveaux impôts pour financer les surcoûts qui ne manqueront pas d’apparaître !!!

Soit. Mais après… Eh bien le monde qui nous entoure aura changé !

Au niveau géopolitique, il y a fort à parier que la Chine en sortira encore grandie. Ayant maîtrisé bien plus efficacement que les autres cette épidémie, elle ne manquera pas d’en tirer parti. Son économie va redémarrer fort quand les autres seront toujours en train de se débattre avec les suites de l’épidémie. De plus, beaucoup de sociétés occidentales affaiblies seront des proies tentantes pour la Chine. Donc le monde va basculer et la Chine sera le nouveau pôle d’attraction : c’était prévisible, mais le Coronavirus va accélérer les choses.

La Chine va être désormais la première puissance économique mondiale. Malgré son PIB qui reste bien inférieur au PIB des USA, malgré les centaines de millions de paysans chinois qui sont toujours la traîne ?? Oui car le PIB de la Chine peut continuer à croître très fortement simplement grâce à l’augmentation de son marché intérieur. Par exemple, la Chine se convertit massivement à la voiture électrique et les dix premières places des ventes de voitures électriques en Chine sont occupées par de nouveaux constructeurs chinois, encore quasiment inconnus en Occident. Et bien entendu, il faut s’attendre à un futur déferlement de voitures chinoises, comme dans les années 70 où les voitures japonaises commencèrent à envahir le monde. Marché intérieur énorme, exportations toujours plus massives, le PIB de la Chine ne peut que continuer à croître très vite. Et les paysans pauvres ? C’est un réservoir de main d’œuvre à bas coût considérable, ce qui devrait permettre à la Chine de continuer à avoir des coûts de production très attractifs.

Pour les Etats Unis, ce basculement historique va être une douche froide. Habitués depuis plus d’un siècle à être la première puissance mondiale à la fois au niveau économique et militaire, n’être que le N°2 sera vécu comme une humiliation, d’autant que la Chine ne manquera pas de le faire sentir, sans doute rudement. Si au niveau militaire les Etas Unis ont encore une longueur d’avance, bien que le budget militaire chinois qui a augmenté d’année en année, représente maintenant le tiers du budget américain, il n’en est plus de même au point de vue économique. Les capacités d’innovation technologiques des Etats Unis restent sans égales, mais la Chine a des compétences impressionnantes. Si Hua Wei est la bête noire de Trump, c’est parce que Hua Wei démontre tous les jours qu’il peut concurrencer efficacement les meilleures sociétés occidentales dans les smartphones ou dans les équipements télécom de pointe. La Chine n’est pas le Japon ou la Corée dont les capacités technologiques et industrielles sont remarquables mais qui n’ont pas montré jusqu’à présent de capacités d’innovation exceptionnelles. La Chine a un potentiel humain qui lui permet d’être dans tous les domaines N°1 ou N°2. Ce basculement va être pour les Etats Unis un peu comme la perte de leurs empires coloniaux pour la France et l’Angleterre. Donc une situation difficile à vivre.

Pour l’Union Européenne, cette épidémie va être un test pour mesurer non seulement la solidité des institutions européennes (qui devront être réformées et renforcées) mais aussi l’attachement des peuples à l’Europe. Heureusement, le Brexit a calmé les ardeurs de ceux qui auraient souhaité emboiter le pas au Royaume Uni. Et les débuts un peu chaotiques de Boris Johnson n’ont sans doute pas donné de nouveaux arguments aux Exiters. Mais, que de chantiers à mener rapidement et efficacement ! D’abord relancer les économies des différents pays sans faire trop de bêtises au niveau financier. En même temps, restaurer la nécessaire coordination des politiques industrielles, fiscales, agricoles. Profiter des changements indispensables pour faire des réformes trop longtemps différées. Rétablir la préférence communautaire, car on voit bien qu’il est nécessaire d’avoir des productions chez soi plutôt qu’à l’autre bout du monde. Enfin, réexaminer les politiques de santé dans les différents pays et essayer de dégager des axes communs. Revoir les accords de circulation en Europe pour éviter des replis identitaires.

Au total, on voit bien qu’après 30 années de mondialisation à marche forcée, le monde de demain sera bien différent. Pour l’Europe, des frontières mieux maitrisées, productions plus locales, télétravail plus généralisé, moins de déplacements. Pour le monde, un autre leader, la Chine, bref, un autre monde…

 

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