Une excellente nouvelle vient de tomber de l’autre côté de la Manche. Le nouveau gouvernement britannique va pousser ses fonctionnaires à se reconvertir plus rapidement dans le secteur privé. Avec plusieurs centaines de milliers d’emplois publics supprimés ou privatisés depuis son arrivée en 2010, David Cameron affirme son intention de réduire le poids de la bureaucratie. Mais il peut le faire car la machine à créer des emplois privés tourne à plein régime.
L’Office for Budget Responsibility britannique estime que l’emploi dans le secteur public va diminuer de 800.000 entre les exercices 2014-2015 et 2018-2019 conformément au projet de loi budgétaire adopté cette année. En 2013, le nombre total de personnes employées dans les services publics était de 5,7 millions, soit 18,8% de la population active, et qu’il va donc chuter vers 15% alors qu’il continue de tourner autour de 25% en France.
Est-ce un désastre pour les services rendus au public ?
Rappelons que ce même chiffre est de 6,7% au Japon qui n’est pas sous-administré, qu’il a été pendant longtemps d’environ 15% au Royaume-Uni, aux USA, qu’il est de 15,1% pour la moyenne OCDE et même inférieur à ce chiffre en Allemagne.
Deux raisons expliquent la position désastreuse de la France :
– le pourcentage très élevé en France des fonctionnaires mis au placard, qui ne servent à rien et le savent mais que personne ne peut faire partir car ils n’auraient aucune alternative dans le secteur privé et qu’on les retrouverait immédiatement dans les chômeurs ou l’économie souterraine ;
– la grande faiblesse de l’emploi marchand, qui est de 19 millions en France contre 24 au Royaume-Uni alors que les populations totales sont comparables. Aurions-nous le même emploi marchand que les Britanniques, notre taux tomberait déjà de 25% à 20%. Et ce rapport de 19 à 24 ne change pas si l’on tient compte des emplois à temps partiel.
Depuis que la réforme de David Cameron a commencé en 2010, au moins 5% de fonctionnaires partent chaque année dans le secteur privé. Ce taux est nettement à la hausse par rapport au taux des départs enregistré avant la réforme, quand il était de 3%, ce qui représente entre 100.000 et 150.000 emplois publics supplémentaires transférés chaque année dans le secteur privé.
Mais ces transferts n’ont été rendus possibles que parce qu’à la différence de la France, la création d’emplois tourne à plein régime : 500.000 emplois créés par an dans des entreprises employeuses (créées avec au moins 1 salarié) contre moins de 100.000 en France.
De ce fait, le stock des emplois non pourvus est presque double qu’en France et cela fait que les salaires dans le privé sont plus élevés à poste comparable que dans le public, d’où un désir pour les fonctionnaires de partir, vision impensable en France.
Il faut rappeler que depuis plusieurs années on observe un phénomène formidable au Royaume-Uni. Derrière chaque emploi supprimé dans le secteur public, il y a au moins trois nouveaux emplois créés dans le secteur privé. Cette machine à créer des emplois marche à plein régime, notamment grâce aux incitations fiscales efficaces, comme le célèbre EIS, et avec les rémunérations dans le secteur privé excédant largement celles du secteur public.
Les suppressions d’emplois publics ont été tellement importantes au début de la période Cameron – 2,9% d’emplois supprimés par an dans la deuxième moitié de 2010 –, qu’une partie des anciens fonctionnaires se sont retrouvés au chômage mais après 2011, pratiquement tous les anciens fonctionnaires ont été rapidement absorbés par le secteur privé.
Il faut noter que la réforme de la bureaucratie britannique n’a pratiquement pas concerné les secteurs de la santé, représentés par National Health Service, et de l’éducation ; les suppressions d’emplois publics y ont été peu importantes. En revanche, une grande partie des suppressions ont eu lieu dans l’administration notamment au niveau de la fonction publique centrale et territoriale.
De l’exemple britannique, il est clair qu’une réduction massive du nombre de fonctionnaires en France ne peut avoir lieu sans un doublement ou un triplement des embauches dans le secteur privé. Nous en sommes loin.
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Les emplois publics
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