Les hommes naissent égaux en droit… Et l’égalité avec la fraternité et la liberté sont les concepts préférés des Français.
Mais, les hommes naissent inégaux en fait : en termes de santé, d’intelligence, de milieu socio-culturel, de courage, de volonté à travailler ou non, de dons artistiques ou sportifs, etc.
Le rôle des Etats est de tenter de réduire ces inégalités de départ en donnant à chaque individu une égalité des chances ou « equal opportunity ». Ou égalité de droit. Ce rôle est en partie contesté par Buchanan et Tullock (voir « l’école du Public Choice » H. Lepage, page 5 de ce memo).
On voit d’ailleurs que cette obligation à permettre et encourager l’égalité des chances a été pervertie dans nos sociétés par nos états, pour remplacer l’égalité des chances par l’égalité des résultats, ce qui a mené à l’égalitarisme, la négation de l’effort, et en fin de compte, à la pauvreté. La théorie communiste appliquée en URSS pendant 70 ans l’a démontré. La volonté d’égalitarisme, en France, mène au chômage de masse, à l’augmentation des inégalités et à la décroissance, et nous allons tenter d’apporter des idées et propositions pour corriger ce phénomène.
1/ Changer la perception de l’inégalité ;
2/ Corriger les inégalités cause d’inefficacité par des mesures structurelles, diminuer la « désespérance » et augmenter la richesse ;
3/ Répertorier et supprimer les mesures égalitaristes qui engendrent pauvreté et chômage.
NB : ce présent memo de l’IRDEME et Entrepreneurs pour la France fait partie d’une revue plus complète sur Inégalités et Chômage, faite en collaboration avec Gilles Rigourex
1/ Changer la perception de l’inégalité
Bonne et mauvaise inégalité : Le fait de mentionner que certaines inégalités sont bonnes peut heurter les bonnes âmes, mais certains types d’inégalités économiques ont une grande valeur sociale. (voir « Bad and Good Inequality », Gary Becker).
Il serait par exemple difficile de motiver la vaste majorité des individus à produire des efforts, d’apprendre, de travailler, de prendre des risques, si au bout du compte, tous les individus recevaient les mêmes salaires et revenus, statut, prestige, habitation, loisirs, etc.
De même, l’émergence de richesse créée par des individus exceptionnels comme Bill Gates, Steve Job, Elon Musk ou, en France, Xavier Niel, ou Vincent Bolloré, est créatrice de richesses, d’investissements et d’emplois ne sont pas (ou ne devrait pas être perçue) comme des inégalités à éradiquer !!
Les mauvaises inégalités sont des inégalités qui engendrent des inefficacités, des richesses qui ne sont pas méritées.
Ces mauvaises inégalités sont en général provoquées par des politiques gouvernementales qui favorisent des individus ou des secteurs au détriment d’autres : ce sont des inégalités créées par les politiques : Exemples, en Russie, l’émergence des oligarques ou les aides du gouvernement du Mexique données à Carlos Slim, dont la fortune dépasse 50 milliards de $. En France, ces inégalités créées par les gouvernements sont multiples : un exemple parfait est Canal + où une poignée d’individus a pu faire fortune grâce à des « avantages » en termes de fréquence, de règlementation de diffusion, etc. donnés GRATUITEMENT par le gouvernement français.
Toutes les professions protégées, les avantages et monopoles (privés ou d’état) entrent dans ces « mauvaises inégalités », souvent créées par l’Etat et génératrices de « rentes ». Tous les avantages particuliers qui permettent la création de ces monopoles et professions protégées freinent la croissance et devraient être supprimés ! Mais voyons le pouvoir de lobbying des individus ou organisations qui profitent de ces inégalités (appelées en plus politiquement correct, les avantages acquis) ! (ex. les taxis, les notaires…)
Mais les syndicats (salariés et patronaux) sont aussi créateurs de mauvaises inégalités : les droits « acquis » réservés à quelques-uns, l’exclusion des chômeurs de la formation continue, inégalités entre les régimes divers de fonctionnaires et assimilés, salariés des grandes entreprises et salariés des PME et TPE…, la complexité du code du travail…
2/ Corriger les « mauvaises » inégalités cause d’inefficacité par des mesures structurelles, diminuer la « désespérance » et créer des richesses supplémentaires
Les inégalités de revenus aux USA, et dans la plupart des pays, ont augmenté de manière drastique depuis les années 70, phénomène dû principalement à la globalisation (ici on aime dire la mondialisation) et aux progrès technologiques qui ont augmenté la productivité des populations bien éduquées et talentueuses.
En 1980, un diplômé de l’enseignement supérieur aux USA ne gagnait que 40% de plus qu’un diplômé du secondaire. En 2000, c’était 70%. Le bon côté, c’est que de plus en plus de jeunes ont été motivés à poursuivre leurs études, mais le mauvais côté, c’est que d’autres jeunes, moins bien préparés, pour des raisons liées au milieu social, manquent de financement… resteront en arrière et verront l’inégalité grandir. Nous y reviendrons.
Il faut cependant noter que l’inégalité des revenus au niveau mondial s’est fortement réduite. (Le revenu par habitant des pays comme la Chine, le Brésil ou l’Inde a augmenté bien plus rapidement que celui des habitants des pays de l’OCDE)
Ce constat fait, quelle conclusion en tirer, et quelles mesures prendre ?
Revisiter les politiques d’éducation et la formation, facteurs de réduction des inégalités et de création de richesse.
• L’importance économique du capital humain, et plus particulièrement de l’éducation est démontrée par de nombreux économistes (Gary Becker, Milton Friedman, Kevin Murphy, etc.) ;
• Les personnes les mieux éduquées et les plus capables tendent à gagner plus : vrai aux USA comme en Europe, en Chine ou même à Cuba ! (voir graph en annexe) ;
• L’investissement en capital humain et plus particulièrement dans l’éducation et la formation, développe la croissance et réduit les « mauvaises inégalités » ;
• Pour réduire les inégalités :
– Réduire les inégalités externes (inégalités de moyens financiers, inégalités familiales et sociales) ;
– Encourager les individus à « forcer leur nature » : incitation au dépassement de soi par la perspective de meilleures conditions de vie, salaires, … : récompenser l’effort pendant la scolarité par des notes et la perspective de pouvoir aller à l’université et ensuite d’obtenir de meilleurs salaires, promotions et augmentations « au mérite » dans la fonction publique ;
– Reconnaissance de l’ensemble des capacités et dons des différences par la société. (combattre l’égalitarisme ambiant).
• Il est naturel et indispensable que les gouvernements soutiennent l’éducation par des allocations financières importantes, mais il faut le faire avec discernement en vue d’atteindre l’objectif : augmentation des richesses et réduction progressive des inégalités ;
• Le rôle des familles est essentiel dans l’éducation mais aussi la reproduction des inégalités : le capital humain ne se développe pas seulement par l’école mais aussi par les parents ;
• Il est aussi démontré qu’un euro dépensé par l’état pour un enfant de famille aisée est beaucoup plus productif qu’un euro dépensé pour un enfant de famille pauvre, à cause de l’effet de levier du support familial et social (Gary Becker et al.) ;
• On constate qu’un enfant de famille aisée, à QI égal, a beaucoup plus de chances de rester dans la tranche élevée des revenus que l’enfant de famille pauvre d’y parvenir.
C’est le phénomène de reproduction des élites qui s’accélère : les Enarques, médecins, ingénieurs de grandes écoles sont majoritairement des enfants de parents ayant la même formation, ou alors d’enseignants ayant la capacité de passer beaucoup de temps à investir dans le capital humain de leurs enfants.
L’objectif du gouvernement ne doit pas être, dans ce cas, uniquement l’efficacité d’un euro dépensé, mais la hausse globale du niveau d’éducation créant à la fois à terme plus de richesse et la réduction des inégalités.
En France, l’enseignement est financé quasi à 100% par l’état (donc l’ensemble des contribuables) et cette « égalité » théorique[[L’égalité n’est que théorique car 1 euro investi chez un enfant « favorisé » produit plus de « capital humain » que chez un enfant de milieu défavorisé. (voir Gary Becker « Human Capital »)]] de tous les enfants, résulte en pratique au maintien et même à l’augmentation des inégalités et de la mise à l’écart d’une partie de la société, d’où une persistance et même une augmentation lente mais constante du chômage.
Il faut donc procéder à une allocation intelligente des financements de l’état pour s’attaquer aux inégalités !!
S’attaquer au dogme de la gratuité pour tous, source d’inégalités futures. L’enseignement ne doit pas être totalement gratuit pour tous. L’état doit compenser les inégalités familiales et sociales en donnant plus pour l’éducation des enfants de familles modestes, et moins aux familles aisées.
S’attaquer au dogme de la non-sélection pour redonner l’incitation à l’effort et réellement sélectionner les élèves sur leur savoir, leur travail, leur compétence, quel que soit leur origine sociale. La revalorisation des diplômes qui en résultera et donc la meilleure éducation de tous profitera à l’ensemble de la société.
Le même raisonnement peut s’appliquer à la formation continue qui doit être réservée aux plus fragiles et aux chômeurs, n’en déplaise aux syndicats de salariés et de patrons.
Les inégalités, même bonnes et génératrices investissements et d’emplois, sont très difficiles à accepter dans des sociétés où la mobilité sociale est absente ou fortement freinée.
Or ces « bonnes inégalités » source de dépassement, et de création de richesses et d’investissement, sont nécessaires.
3/ Répertorier et supprimer les mesures égalitaristes qui engendrent pauvreté et chômage
Les mesures concernant l’éducation ont été indiquées ci-dessus. Mais il est bien d’autres réformes à entreprendre au nom d’une égalité bien comprise.
La France est un pays constitué d’une addition de rentes, des taxis aux notaires, des conducteurs de métro aux fonctionnaires en général, qui ont chacun dressé des barrières de protection de leurs « avantages acquis ».
La Commission pour la libération de la croissance française, ou, du nom de son président Jacques Attali, la « Commission Attali », a rendu son rapport final comprenant 316 propositions le 23 janvier 2008. Il contient 20 décisions fondamentales qui répondent à 8 grandes ambitions :
• Préparer la jeunesse à l’économie du savoir et de la prise de risque ;
• Participer pleinement à la croissance mondiale et devenir champion de la nouvelle croissance ;
• Améliorer la compétitivité des entreprises françaises, en particulier des PME ;
• Construire une société de plein-emploi ;
• Supprimer les rentes, réduire les privilèges et favoriser les mobilités ;
• Créer de nouvelles sécurités à la mesure des instabilités croissantes ;
• Instaurer une nouvelle gouvernance au service de la croissance ;
• Ne pas mettre le niveau de vie d’aujourd’hui à la charge des générations futures.
En décembre 2007, Jacques Attali a déclaré que relancer la croissance impose de prendre des mesures impopulaires, et que les réformes recommandées ne doivent pas être séparées : « Dans ce cas, on ne pourra pas se targuer de notre légitimité pour réformer ».
Un membre de la Commission, affirma son opposition au statu quo, et au maintien dans un « système qui a montré son inefficience sauf pour fabriquer de l’inégalité ».
Qui ne serait pas d’accord avec ces grands principes ? Eh bien, finalement tout le monde !! Car tout le monde y a vu un petit ou grand avantage à perdre et donc aucune réforme n’est possible dans un pays où la principale motivation du politique est de se faire réélire.
AUCUNE MESURE N’A VU LE JOUR SUITE A CE RAPPORT, pourtant assez « consensuel »
Par contre, cette commission ne s’attaquait même pas à d’autres problèmes structurels en France, encore sans doute plus tabous.
• Le dérapage de la protection sociale, source d’inégalités et de chômage
– Minima sociaux, et assistanat qui n’incite pas au travail ;
– Conditions et prestations des allocations chômage non incitatif à la recherche d’emploi (dans les pays où la durée d’indemnisation a été réduite, le chômage a baissé et le temps écoulé entre deux emplois s’est fortement réduit) ;
– Le statut bien trop favorable des fonctionnaires.
• Le système d’éducation à revoir : qualité et non quantité ;
• Salaire minimum, source d’inégalités et de chômage (voir démonstration de Milton Friedman).
Autre recommandation
Les effets de seuil génèrent une forte incitation à ne pas progresser !!! Donc supprimer les effets de seuil en lissant les aides pour qu’une augmentation de revenu n’apparaisse jamais comme une perte d’avantages supérieure !!
Ne pas freiner la création de richesse par des mesures absurdes !!
Lectures (et audio…) intéressantes.
Bad and good Inequalities, Gary Becker. Bad and Good Inequalities-Becker – The Becker-Posner Blog (becker-posner-blog.com).
Inequalities and Opportunities ; http://www.chicagobooth.edu/capideas/may07/1.aspx
www.becker-posner-blog.com/…/contrived-inequality.
Human Capital, Gary S. Becker: The University of Chicago Press, third edition
http://ses.ens-lyon.fr/a-les-fondements-de-la-theorie-du-capital-humain-68304.kjsp (article sur les théories de Theodore Schultz, ou comment réduire les inégalités.
Youtube : Why soaking the rich won’t work, speech by Milton Friedman (4 minutes)
Youtube : the myth of free lunch, speech by Milton Friedman (7 minutes)
http://chezrevel.net/critique-de-demain-le-capitalisme/ : critique de JF Revel (parue dans l’Express du 27 février 1978, de l’ouvrage de Henri Lepage « Demain le Capitalisme »
http://www.quebecoislibre.org/030816-3.htmentretien (très intéressant) avec Henri Lepage sur « Demain le Capitalisme », 16 août 2003
http://www.catallaxia.org/wiki/Henri_Lepage:L%27%C3%A9cole_du_Public_Choice : extrait de « l’école du Public Choice » de Buchanan et Tullock, par Henri Lepage
extrait : « Et c’est là que nous retrouvons les théories du « Public Choice ».
« Que disent ces nouveaux économistes ? Essentiellement ceci : « C’est très bien de mettre en lumière les imperfections de nos systèmes de marché. C’est très bien d’approfondir les recherches sur la logique de l’intervention collective, et de perfectionner les outils dont dispose la puissance publique. Mais encore faut il être sûr que l’Etat fait bel et bien le meilleur usage possible des instruments qu’il a à sa disposition.
Or, qu’est ce qui nous le garantit ? Qu’est ce qui garantit d’abord que les décisions qu’il prend sont bien celles qui correspondent effectivement le mieux possible à la structure des préférences de la collectivité ? Qu’est ce qui garantit ensuite que, même si les décisions sont les bonnes, celles qui correspondent le mieux possible à l’intérêt collectif, les résultats de l’action de l’Etat seront effectivement conformes aux intentions du législateur ? L’Etat n’est pas une construction divine, dotée du don d’ubiquité et d’infaillibilité. C’est une organisation humaine, où les décisions sont prises par des êtres humains comme les autres, ni meilleurs, ni plus mauvais, eux aussi susceptibles de se tromper, et dont l’action est elle même conditionnée par des règles et des structures qui sont des « fabrications » humaines et qui ne sont pas nécessairement plus infaillibles que celles de n’importe quelle autre organisation (p176) sociale quelle qu’elle soit. Tant que le rôle de l’Etat dans l’économie restait relativement limité, de telles questions n’avaient qu’un intérêt marginal. En revanche, elles deviennent essentielles dès lors que l’intervention de l’Etat prend une place déterminante dans le fonctionnement des économies modernes. Or, ce que nous constatons, c’est que sur ces sujets là la théorie économique moderne est pratiquement muette. Les économistes se comportent comme s’ils faisaient deux poids, deux mesures selon que ce qu’ils analysent ressort de l’économie privée ou de l’économie publique.
D’un côté, il y a des individus menés par leur intérêt égoïste et étroitement individuel, les « agents économiques », consommateurs, chefs d’entreprise… dont il convient de corriger les motivations par un encadrement collectif incarnant l’intérêt général ; de l’autre, l’Etat, super-machine divine, reflet des intérêts de la collectivité, animé par des fonctionnaires qui n’ont pour motivation, que l’affirmation et le respect de l’intérêt public. C’est de cette fiction qu’il faut sortir. Non pas pour remettre en cause le principe de l’intervention de l’Etat, mais pour faire prendre conscience à nos contemporains que si le marché est un mécanisme d’allocation des ressources hautement imparfait, l’Etat lui non plus n’est pas exempt d’imperfections. Ce que nous voulons, c’est appliquer à l’Etat et à tous les rouages de l’économie publique exactement les mêmes techniques qui ont été utilisées depuis vingt cinq ans pour recenser les défauts et les défaillances de l’économie de marché. Non pas pour retomber dans une vision manichéenne des choses qui consisterait, comme on l’a fait et continue encore de le faire pour le marché, à dénoncer le « vicieux » Etat face au « vertueux » Marché, mais simplement pour réintroduire un peu de bon sens et ne choisir l’Etat que lorsqu’il est prouvé ou évident que la solution du marché est réellement plus [p. 177] coûteuse que la solution de l’intervention publique. »
(Citation de H Lepage : « L’Etat n’est pas, comme on a trop tendance à le voir, une construction divine, dotée du don d’ubiquité et d’infaillibilité… Il faut démystifier la notion d’intérêt général qui n’est bien souvent qu’un alibi cachant un phénomène d' »exploitation » du reste de la société par une caste privilégiée de fonctionnaires et bureaucrates. »
Demain le capitalisme, (livre de Poche, collection Pluriel) Henni Lepage
ANNEXES
1 commenter
mesure d’égalité républicaine
Les vagues d’épidémie ont emporté 700.000 emplois en France en 2020 (INSEE)
chez les fonctionnaires aucuns (zéro) et payés bien sûr intégralement !
– pour faire l’équilibre il faut se séparer avec tristesse et regrets émus de 700.000 d’entre eux, non ?